lundi 15 septembre 2025

 


                                 Rentre en toi-même François (*)


 Rentre en toi-même, François, et cesse de te plaindre,

Toi qui fus tant verni, servi, récompensé, 

Pour un bilan si maigre. C'est nous qui devons geindre.

Regarde donc, François, la France que tu nous laisses.

Un parlement en crise, un budget en détresse.

Ta vie est terminée. Rome ne veut plus te voir.

Retourne en ton Béarn, cultive ton jardin.

Entretien ton cheval et ta forme aussi,

Ta carrière politique a trouvé son sapin.

Jupiter est heureux, car il t'a trop subi.


Son avenir pourtant sera fait de décombres.

L'histoire retiendra qu'un souverain enfant,

Qui a si peu vécu et n'a jamais souffert,

Ne tolère que son ombre,

Écarte les esprits forts, s'entoure de courtisans,

Admire dans sa glace ses favoris qui poussent,

Aveugle à son peuple chez qui monte la colère, 

Regarde les extrêmes, attendant leur rescousse.


La guerre est à nos portes, tu en as bien conscience. 

Sur ce terrain là, tes paroles ont grand sens.

Mais le monde, Jupiter, est dans les mains de monstres,

Pour qui tout est permis, qui tuent quiconque est contre.

La terreur est leur mère.

Poutine ne cédera pas et déjà nous menace. 

La Chine étend son ombre, 

L'Amérique conduite par un sot vaniteux,

Au lieu de nous aider nous pille et nous angoisse.


Le temps n'est pas aux faibles, c'est pourquoi je t'en veux.

La parole de la France, maintenant compte si peu.

Ses caisses sont bien vides, tout le monde le sait. 

Pourquoi veux-tu qu'on craigne un pays abaissé ?


Voilà donc Lecornu. 

On le dit très habile,

Modeste et fort civil.

D'aucuns parmi les tiens le portent jusqu'aux nues.

 

Faute de vraiment y croire, essayons d'espérer.


 



(*) Adaptation très libre et très osée de la scène 1 de l'acte IV de Cinna

Pièce de Monsieur Pierre de Corneille










 


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lundi 8 septembre 2025

 


                            Il pleuvait ce jour là sur Paris.



Il pleuvait ce jour là sur Paris.

Un homme en costume sombre avançait, les mains jointes sur son ventre rebondi.  Boutonnant sa veste, il avait des allures de chanoine. Derrière lui, un huissier en habit, parapluie à la main, le protégeait de la bruine.

François Bayrou était au sec. L'huissier était sous l'eau.

M'est revenu alors ce qu'avait écrit Victor Hugo dans Choses vues:

"Au moment où le gouverneur proclamait l'égalité de la race blanche, de la race mulâtre et de la race noire, il n'y avait sur l'estrade que trois hommes: un blanc le gouverneur, un mulâtre qui lui tenait le parasol et un noir qui lui tenait son chapeau".

Toute la différence tellement signifiante  et coupable entre la parole et les actes.

Il y a peu, monsieur Bayrou a demandé aux français, et singulièrement aux moins munis, de faire des efforts. Lui, fait porter son parapluie.

Peu importe qu'il ne soit pas le premier et qu'avant lui on se comportât aussi mal.

Les temps devraient être à l'exemplarité, faute de quoi les gens vont se détourner davantage encore de ceux qui nous gouvernent ou aspirent à le faire dans un cadre démocratique et apaisé. On sait, hélas, au profit de qui. 

J'ai été sidéré par ce qu'a dit François Bayrou à propos de ceux qui sont nés entre 1945 et 1960 - que l'on appelle les "boomers"-  et qui se résume à ceci:

"Vous êtes responsables, pas moi."

Je me demande d'ailleurs comment on peut ne pas être sidéré par ce triste personnage.  

Alors quoi maintenant ? 

Je l'ai écouté, le Premier ministre, prononcer son discours à l'Assemblée cet après-midi. 

Diagnostic sans surprise, évocation des menaces, appel au sentiment national ...litanie abondante mais banale de sujets qu'un élève studieux de Sciences Po aurait sans doute abordés dans une copie à un examen. Bon élève, il eut toutefois été moins long.

Monsieur Bayrou part.

Ce qui compte maintenant c'est la suite.


Dans "J'irais nager dans plus de rivières" Philippe Labro rapportait ces propos de Georges Pompidou: "À l'heure du destin il n'y a pas de place pour la combinaison". 

 L'heure du destin approche, je le crains, celui funeste que les extrêmes attendent.  Cela va continuer de combiner pourtant, je le crains aussi.


Nous en parlerons la semaine prochaine, sans doute.


Ah j'allais oublier: comme la crainte, les taux montent.











lundi 1 septembre 2025

 



                                            Refus d'obstacle



"Comme tous les hommes d'une vanité maladive, il était fragile."

Voilà ce qu'écrivait Jean-Christian Petitfils à propos de Necker dans son imposante biographie de Louis XVI.

C'est ce que j'ai envie d'écrire à propos de François Bayrou.

Car quels qu'arguments qu'il utilise pour justifier sa décision de solliciter la confiance de l'Assemblée Nationale, ces arguments ne sont que des prétextes.

Oui la dette est énorme, oui il faut faire des économies, oui il faut assouplir la durée du travail,  etc. etc , oui l'heure est grave. Mais ce n'est pas parce qu'on adopte un ton gaullien qu'on est de Gaulle. 

C'est justement parce que la situation est grave qu'il ne faut pas ajouter une nouvelle crise politique à la crise économique, et peut-être, ce qui serait pire, à une crise financière demain.

La vérité est que monsieur Bayrou a peur d'affronter le débat sur le budget au parlement.  Il a peur de perdre, alors il refuse l'obstacle.

Avant de partir en vacances je vous avais écrit dans un mail:

Certains parmi vous m’ont demandé de suspendre mes vacances, déjà !,  et d’écrire quelque chose sur les annonces relatives au budget pour 2026, faites par François Bayrou.
Je ne peux pas, c’est trop tôt.
Le Premier ministre nous montré le cadre.
Nous n’avons pas le tableau.
Il faut attendre ce qu’il adviendra en octobre, après la palabre.
Ce que je peux juste vous dire c’est que pour moi le cadre est de travers.

Pendant le mois d'août, le Premier ministre a annoncé quelques décisions sur le gel des pensions, du barème de l'impôt sur le revenu, le durcissement des indemnités de chômage, notamment. 

 Ou encore cette idée farfelue de supprimer deux jours fériés au motif qu'il faut travailler davantage. Projet que le patronat critique vertement : coûteux pour les entreprises - plus de 4 milliards-  et injuste pour les salariés qui travailleraient sans être payés, juge le président du MEDEF. C'est peut-être ce qui a conduit monsieur Bayrou à suggérer de finalement n'en supprimer qu'un. 

On est confondu.

Le cadre est de travers donc,  car l'effort penchant d'un seul côté, cela ne peut pas fonctionner . Vous savez mes convictions, je les ai écrites. 

Et puis il n'y a pas eu de palabre. Or c'est important la palabre dans ce pays de France. La palabre c'est le débat et la recherche d'un consensus.

Au fond, on est consterné par tant de légèreté et suis-je tenté d'écrire, par tant d'incompétence.

Nous voilà donc à huit jours de la chute probable du gouvernement.  

Les annonces des oppositions sont claires: elles ne s'abstiendront pas. Monsieur Bayrou va solliciter la confiance de ses opposants, et  ses opposants voteront la défiance.  Pitoyable lapalissade.

Alors,  la France devra se trouver un nouveau gouvernement, le 4ème, en 14 mois.

Des ministères changeront de patron, une fois encore.

À moins que le Président dissolve à nouveau.  Ils paraît que non. 

Et pendant ce temps, alors que tant de menaces pèsent sur notre économie, le coût de notre dette abyssale  va continuer de monter. Les entreprises, perdues, allant à l'aveugle, stopperont leurs projets, remettront à plus tard leurs investissements et leurs embauches et les français, au lieu de consommer, essaieront pour ceux qui le peuvent, d'augmenter leur bas de laine.

Qui pourrait le leur reprocher ?


Il en est, aux extrêmes, que tout cela réjouit.


 Je reviens d'un monde mille fois martyrisé et mille fois menacé, encore aujourd'hui.

Je reviens d'un monde de dignité.

Je reviens d'un monde de courage

Je reviens d'un monde où les peuples se rappellent leur histoire.

Je reviens d'un monde où les gouvernements m'ont paru responsables.

Je reviens des Pays baltes qui avancent malgré Poutine à leurs portes.


Alors aujourd'hui, j'ai honte.


"On peut tromper la vie longtemps, mais elle finit toujours par faire de nous ce pour quoi nous sommes faits. Tout vieillard est un aveu, allez, et si tant de vieillesses sont vides, c'est que tant d'hommes l'étaient et le cachaient"

Malraux:  La Condition humaine

Vous allez, sans doute,  avoir assez de temps, monsieur le Premier ministre, pour méditer cela. 






lundi 14 juillet 2025

 



                                                            Je fais un rêve (*)


       Je lisais il y a peu dans Les Échos, un article sur Bill Gates, le créateur de Microsoft.

Sa fortune est estimée par le magazine Forbes à près de 120 milliards de dollars.

Avec l'aide de quelques amis milliardaires, pas Trump on s'en doute, il a investi à travers la fondation qu'il a créée plus de 100 milliards de dollars dans  la santé, l'éducation et l'aide au développement, essentiellement en Asie et en Afrique. 

Il avait dit à propos des coupes dans l'aide humanitaire opérées par Musk lors de son bref passage au gouvernement du distingué Canard:

"L'image de l'homme le plus riche du monde tuant les enfants les plus pauvres du monde n'est pas belle à voir"

Son projet: rajouter 200 millards d'ici 2045.

Evidemment  tout le monde n'est pas Gates et tout le monde ne peut pas se désengager de son entreprise sans la fragiliser.  Microsoft a atteint une dimension si considérable que son créateur a pu tranquillement sortir de son capital  et vendre ses actions à des fonds et à des investisseurs privés. Il détient aujourd'hui moins de 2% du capital du géant qu'il a créé et consacre donc sa fortune à sa fondation.


La nuit qui a suivi, "j'ai fait un rêve". 

Face à la situation dramatique dans laquelle nous allons vite nous trouver si rien de sérieux n'est entrepris:

- j'ai rêvé que les gens qui ont quelques sous, j'en suis, comprenaient que les français n'accepteraient jamais les efforts qu'on leur demanderait si les plus chanceux d'entre eux - leur chance fut-elle méritée-  n'y prenaient pas leur part.

- j'ai rêvé que cela étant, ils acceptaient d'être mis à contribution, le temps des réformes, pour soulager des finances publiques en feu, facilitant ainsi une politique courageuse sous température modérée.

- j'ai rêvé qu'en contrepartie, le gouvernement s'était engagé dans un programme pluriannuel sérieux de remises en ordre des comptes publics et qu'il le respectait.

- j'ai rêvé que ceux que leur statut protège acceptaient leur remise en cause au moins partielle, comme les régimes spéciaux  par exemple. 

- j'ai rêvé que le patronat voulait bien prendre en compte sérieusement la pénibilité dans le calcul des années de cotisation nécessaire pour le départ en retraite.

- j'ai rêvé que les syndicats pensaient davantage à l'intérêt de la France qu'à la prospérité de leurs boutiques respectives.

- j'ai rêvé que les partis politiques, eux aussi, pensaient davantage à l'intérêt de la France qu'à la prospérité de leurs boutiques respectives . 

- j'ai rêvé que nous avions un Premier ministre  compétent et respecté.

- j'ai rêvé qu'un fois les réformes faites, et la France rétablie les français se regardaient ébahis et se disaient: 

"Au fond si chacun de nous y met du sien, tout cela n'est pas si compliqué."


"J'ai fait un rêve", vous dis-je.

Mais après tout...

Passez un bel été.

A bientôt.


 (*) I have a dream Discours du pasteur Martin Luther-King le 28 août 1963




lundi 7 juillet 2025

 


                                La Dame et le Jeune Prince

                  Libre adaptation de La Lice et sa compagne

                     Fable de Monsieur Jean de La Fontaine


Dame Rachida un froid matin d'hiver

Fit visite au Jeune Prince et offrit un marché.

"Donnez-moi une place et je vous servirai.

Nombre de mes gens qui m'aiment et qui m'admirent

Viendront dans votre camp et pour les asservir

Je leur ferai goûter la joie de l'adultère.

Tromper cher Président est la naissance de l'art.

Flattez les ambitions de ces tristes canards

Ils iront à genoux en prenant un air fier.

Mais il me faut, Monsieur, une contrepartie, 

Dit la Dame au Jeune Prince; elle savait marchander.

Donnez-moi  la culture et la mairie de Paris."

"La culture, que diantre ! D'où vous vient cette idée ?

Pensez-vous que Malraux en serait satisfait ?"

"Mais bien sûr mon Prince,

Il serait fort heureux.

Et puis... de vous j'en pince. 

Il faut que la culture vers le peuple se répande

Et du peuple je viens. Cela n'est pas douteux.

Dispenser mes bienfaits voila qui me transcende."

"Ah Madame qu'entends-je ? Tout ceci me convient.

Passons donc le marché mais qu'il soit bien compris 

Qu'à propos de Paris, nous ne nous sommes rien dit.

Vous voudrez bien en outre oublier vos outrances,

Vous tenir à carreau et ne plus faire d'argent

En vendant cher, dit-on, vos dons pour l'influence"

" C'est promis mon grand Prince, je vous fais allégeance".

Rentrée en sa demeure elle s'étouffa de rire:

"Le jeune sot que voilà qui pense me raccourcir,

Je serai comme avant et gare à qui me contre".

Or un jour on apprit, qu'étant élue d'Europe,

Elle se serait vendue et reçut une enveloppe.

Un échotier un soir lui posa une question,

Sur ce sujet brûlant, de façon incisive.

La Dame le menaça de ses foudres les plus vives.

"Croyez moi, lui dit-elle, je retiens votre nom."

Cela fit du tintoin, les masses s'offusquèrent,

La presse s'éleva contre la va-t-en guerre,

Monsieur Bayrou prit peur,

Il y eu maint railleurs.

Le Jeune Prince furieux, la rappela à l'ordre.

"Allez donc vous fair voir" dit l'élégante dame,

"Les accords que je donne valent pour ce qu'ils mordent,

Que voulez-vous mon Prince, je suis pire qu'une lame

Il fallait réfléchir; je suis guère fréquentable.

Vous le saviez fort bien.

Mais une fois encore avez fait le malin."

Le jeune Prince avait lu. Il se souvint d'une fable,

Un vers précisément, pointu comme une arrête:


"Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette".




 




  












lundi 30 juin 2025

 



                                    Cher Eskandar, (*)


Je t'écris de Paris.

Le voyage fut long comme tu l'imagines, mais ma vieille Peugeot a rempli son office pendant les dix jours que m'a pris le voyage. 

Sortir d'Iran fut périlleux. Mais enfin cela a pu se faire, avec l'aide de Dieu qui nous a pourtant bien oubliés.

" En quelque religion qu'on vive, dès qu'on en suppose une, il faut bien que l'on suppose aussi que Dieu aime les hommes puisqu'il établit une religion pour les rendre heureux" avait écrit depuis Paris le Seigneur Usbek mon ancêtre vénéré dans une de ses nombreuses lettres .

Qu'a-t-on fait pour qu'il nous aime si peu ?

J'ai donc fui les bombes d'Israël et les prisons de l'Ayatollah numéro 2,  laissant un fils que l'on a pendu dans sa cellule parce qu'il protestait; je n'ai jamais pu récupérer son corps, comme s'il n'avait jamais existé.  Ma femme est morte de chagrin.  

J'aurais dû faire comme toi. Partir il y a longtemps. Elham et Feriel seraient toujours à mes côtés. Honte à moi.

Je veux d'abord t'écrire ceci car je sais tes interrogations légitimes, toi, qui vis en Turquie:

 Non, je ne suis pas allé à Neauphle-le-Château d'où sont partis nos malheurs.  Le souvenir de ceux que j'aimais m'en a empêché. J'aurais craché devant le porte du 23 route de Chevreuse où l'Ayatollah numéro 1 séjourna avant de s'envoler pour Téhéran dans un avion que la France avait mis à sa disposition.

C'est un trait des français et de ses chefs très particulièrement, que de vouloir se distinguer et de faire la leçon.

 Il y a chez eux une sorte de snobisme de démonstration caché sous des raisonnements sophistiqués en apparence, mais superficiels en réalité.  Nous en a vu le prix.

Manuchehr le généreux me loge. Son diplôme de pédiatrie lui a permis de trouver un emploi il y a douze ans maintenant et d'être naturalisé français. Tu aurais été heureux de le connaître.

Avant de me poser à Paris,  j'ai visité ce pays magnifique doté de terres généreuses , bordé par des mers et des montagnes, produisant du blé, du maïs, des fruits en abondance et des vins somptueux; les meilleurs du monde. 

Les universités sont nombreuses et les écoles aussi qui forment à tout ce que l'homme peut souhaiter apprendre.

Ils ont des banques puissantes et des usines modernes.

Quant à la médecine, mon ami, c'est une des meilleures qui soient, Manuchehr me l'a affirmé.

Les femmes enfin, Eskandar, sont aussi belles que les nôtres mais vont tête nue, les jambes découvertes et la poitrine au vent.

La France est le pays pour être heureux je t'assure. 

Et pourtant !  

Il n'y a plus d'argent dans les caisses, la dette est considérable et les français sont tristes.

Plus tristes que nous cher Eskandar.

Un de leurs plus grands écrivains, Albert Camus, a écrit:

" Tant de richesses et si peu de gaité".

Comprends-tu cela ? 

C'est je crois qu'ils n'ont guère d'espoir alors que nous en avons. Nous sommes malheureux des souffrances que l'on nous inflige mais nous ne sommes heureux de l'espérance du jour où elles cesseront.

Eux n'espèrent plus grand chose. Ils n'ont plus confiance dans leurs princes qui au lieu de bien gouverner se chamaillent pour des riens et achètent leurs soutiens par des facilités misérables. Imagine par exemple  que monsieur Retailleau, le président d'un parti devenu minuscule qui s'appelle Les Républicains, vient de nommer sept vice-présidents ! 

Un ami de Manuchehr m'a dit le sourire triste, "Sans doute chacun  d'eux travaillera-t-il un jour par semaine", et citant Rica le jeune compagnon de voyage de mon ancêtre vénéré:

"Ne sentirons nous jamais que le ridicule des autres ?".

Puis, accablé, il ajouta: 

- N'imaginez pas, Monsieur,  pouvoir vous installer ici , tout éminent physicien que vous êtes. Le vent est au rejet.



(*) Tristement inspiré des Lettres persanes de Monsieur Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu.





samedi 21 juin 2025

                                         

                        

                                La mort d'un géant.


Alfred Brendel est mort. Il avait 94 ans. 

Il fut un des pianistes les plus impressionnants du XXème et du début du XXIème siècle.

En 2008 nous étions au festival de piano de La Roque d'Anthéron et n'avions pu nous rendre au récital que, dans ce cadre, il avait donné au Grand Théâtre d'Aix-en-Provence. 

Nous nous étions consolés en nous disant que ce serait pour une prochaine fois, ici ou ailleurs. 

Mais il n'y en eut pas car Brendel avait décidé d'arrêter sa carrière à la fin de cette année là.

Tout jeune j'écoutais dans ma chambre d'étudiant ses enregistrements de concertos de Mozart chez VOX. Depuis, il ne m'a plus quitté.

Il a livré une discographie considérable: Bach, Haydn, Mozart (3 intégrales de ses 27 concertos), Beethoven (3 intégrales de ses 32 sonates), (4 intégrales de ses cinq concertos), Schubert son préféré peut-être, Liszt etc etc. Que des merveilles enregistrées pour l'essentiel pour le label Philips.

Pianiste, peintre, poète, philosophe, homme de bien de surcroît, modeste et généreux. 

Il avait dit à propos de l'interprétation, que le musicien n'est pas là pour expliquer au compositeur comment il aurait du écrire sa partition, mais pour la respecter. 

Je ne vais pas jouer au critique musical, j'en suis bien incapable (il m'arrive d'ailleurs de penser "grâce à Dieu", tant il peut y avoir de suffisance dans ce métier là)

Non , je vais poser ma plume et m'effacer devant lui pour vous permettre de le voir et l'entendre  dans le Troisième concerto de Beethoven donné en 2005 au festival de Lucerne, accompagné par l'immense Claudio Abbado dirigeant l'Orchestre du festival de Lucerne.

Ecoutez l'entrée du piano dans le largo qui suit le premier mouvement.

Laissez vous porter par le génie de ce géant sur le front duquel  Dieu, s'il existe, a certainement posé son doigt.  

Vous oublierez Trump, Poutine, Netanyahou, Khamenei, Xi et le reste. 

Cela vous confortera j'espère dans l'idée qu'en dépit d'eux, il y a quelque chose de beau ici bas qui nous transcende.

Mettez votre casque si vous en avez un, et dans tous les cas laissez vous porter pendant ces 36 minutes qui sont à la fois peu de choses dans la vie d'un homme et pourtant tellement essentielles.


Cliquez sur le lien ci-dessous. 

ALFRED BRENDEL - Beethoven Piano Concerto 3 ...YouTube·GreatPerformers1·3 mars 2023YouTube


Quelques publicités apparaitront, désolé on n'y peut rien ... que vous pourrez au bout de quelques secondes faire disparaître en cliquant sur Ignorer.