lundi 13 octobre 2025

 


                                                         


                                 Pour faire un civet, il faut un lièvre.


    "Pour faire un civet, il faut un lièvre. Pour croire, il faut un Dieu."  a écrit Camus dans Les possédés.

Pour avoir confiance en son président, il faut un président.

 Nous n'avons plus à l'Élysée que l'ombre d'un pouvoir qui n'a plus d'autre pouvoir que celui d'assombrir son ombre.

La semaine passée je vous avais écrit: " je n'écris pas sur la nouvelle crise politique, c'est pour la prochaine fois".

La prochaine fois c'est aujourd'hui. Nous avons un gouvernement duquel sont écartés ceux qui postulent pour 2027, le garde des Sceaux ayant déclaré se mettre en congé de l'action partisane; comprenons "pour le moment". 

Un gouvernement de mission donc.

Le jeune Premier ministre qui le 8 octobre sur France 2 m'a plutôt impressionné, est peut-être enfermé dans un combat ingagnable. À tout le moins il aura servi son honneur. Car il en faut du courage pour s'engager dans une telle galère sous l'autorité d'un homme déconsidéré.

Lui, qui était hier encore ministre de la défense, connaît bien les périls qui nous guettent. Il sait qu'outre la santé, l'éducation, la justice, notamment, la France doit investir  dans son armement. Il essaie donc, ce jeune Premier ministre, espérant que peut-être, les responsables politiques pensant davantage au Pays qu'à eux-mêmes, nous aurons un budget.

Il est jeune; son courage est louable. On espère qu'il réussira. Espérer n'est pas pécher.

Car voyez-vous, j'ai beau regarder, je ne vois que des hommes et des femmes qui se querellent, ne cherchent pas d'autre solution que la démission du Président - qui y met du sien il est vrai- , ou la dissolution de l'Assemblée. C'est à dire l'inconnu.

Tous, aujourd'hui, me confirment dans le sentiment malheureux qu'ils ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Non, pas des enjeux mais de l'Enjeu. 

Les français effarés par le spectacle qu'on leur offre se disent:"Le soir il y a quelque chose dans l'assiette, mais pas d'espoir". (Primo Levi: Trois chevaux").

Alors, comme souvent dans l'histoire, après avoir longtemps résisté, ils vont finir par céder.

Dans Le noeud gordien écrit après 1968 et publié en 1974 après sa mort, Georges Pompidou écrivait " Le fascisme n'est pas improbable, il est même plus près de nous que le totalitarisme soviétique" . Par parenthèse on se dit: "quel esprit supérieur!".  Eh bien nous y sommes.

Autour de nous les vestes brunes progressent, héritières assumées ou non des fascistes passés; il faut être prudent, au début, le temps d'assoir son pouvoir :  l'Italie, la Hongrie, la Croatie, la République Tchèque de Vaclav Havel. La Pologne de Lech Valeza peut-être demain.

Avec, ou en même temps, ou à côté du parti "mélenchonesque", le RN va donc déposer une motion de censure. Il sent son heure venir.

Pendant ce temps, les petits chevaux courent dans tous les sens, les issues du cirque sont fermées et les extrêmes attendent que la porte s'ouvre. 

Si cela continue, les français vont finir par l'ouvrir.

Alors pour conclure aujourd'hui, le Président Pompidou une dernière fois:

" Nul ne peut imaginer de gouverner la France sans procéder à une sorte d'examen de conscience politique, ni à se définir clairement à soi-même...une conception et je dirais une morale d'action".

La recherche d'une incarnation en quelque sorte, dans laquelle le peuple se reconnaitrait.


Comme disait le Général, vaste programme.





lundi 6 octobre 2025

 


                            Il n'y a pas de quoi se réjouir (suite)



Je n'écris pas sur la nouvelle crise politique, ça sera pour la prochaine fois. A peine a-t-il constitué son gouvernement, que le Premier ministre démissionne.

La suite, eh bien nous verrons. Le seule chose que je peux écrire ce soir , c'est que tout cela est gravement affligeant.   

Quand les petits chevaux sont dans le cirque et que le maître de manège est absent, - y en a-t-il d'ailleurs toujours un ?- , c'est le foutoir. En attendant les taux montent et montent encore.  

En attendant  quoi ? Nous aimerions bien le savoir.

J'ai donc choisi de  répondre à celles et ceux d'entre-vous qui m'ont écrit à la suite de mon article de la semaine passée. 

Je résume ce qu'ils ont fort justement exprimé à propos de la corruption ou de la morale en publique:

"Et Chirac à la mairie de Paris ?" 

Vous n'avez pas tort.

 Tenez, je me rappelle un soir - les faits sont prescrits depuis belle lurette, c'était bien avant 1995- je sortais d'un dîner à la Maison du Danemark sur les Champs Élysées. Alors que j'allais poser le pied sur le trottoir , un des convives me dit goguenard,  " Attention Monsieur, marchez avec précaution ces pavés ont couté fort cher". C'était un homme informé.

Et François Mitterrand ?

Qui a, entre autres turpitudes, fait loger somptueusement, à nos frais, sa maîtresse et leur fille commune ? Et à propos duquel on disait qu'il avait deux avocats, Badinter pour le droit et Dumas pour le tordu. Le premier va entrer au Panthéon, le second est déjà dans l'oubli.

Et tant d'autres, à des niveaux moindres, qui ont tant fauté.

Tous, s'en sont tiré, sans passer par la prison. Alors pourquoi Nicolas Sarkozy ?

La corruption n'est pas nouvelle, et son avenir semble assuré, facilitée qu'elle est par l'utilisation massive des bitcoins, monnaie virtuelle et occulte que rien ne règlemente ni ne contrôle et dont les narcotrafiquants, notamment, sont friands. 

Comme disait Félix Houphouët-Boigny qui s'y connaissait: "pour qu'il y ait des corrompus, il faut des corrupteurs". 

L'homme public est courtisé bien davantage que l'homme privé. Il arrive que quelques-uns succombent. J'en ai fréquentés beaucoup, ils ne sont pas si nombreux. 

Si donc, Nicolas Sarkozy a cédé dans le but de financer sa campagne présidentielle de 2007 cela n'est pas nouveau. À ce titre je comprendrais que l'on puisse estimer qu'en comparaison de quelques uns de ses prédécesseurs, il n' a pas été traité équitablement.

Encore qu'il n'est pas interdit de souhaiter que la morale progresse. 


Question plus importante: 

N'est-on pas en train d'institutionnaliser un justice politique qui se mêle de juger les affaires de l'État. 

Appartient-il à un tribunal de juger un homme d'État qui négocie avec un autocrate, voire un tyran ? 

Pour moi la réponse est évidemment non. Car à ce compte là, on ne devrait parler ni à Poutine, ni à XI,  ni à Netanyahu et sait-on jamais demain... suivez mon regard qui se tourne vers le couchant. La liste est longue. 

De Gaulle avait écrit dans Le Fil de l'Épée : "La perfection évangélique ne conduit pas à l'empire" . Tout est dit.

Le juge n'a évidemment ni la qualité, ni la légitimité pour ce faire. 

Reste que:

En 2006 Nicolas Sarkozy n'était pas président de la République mais futur candidat à l'élection présidentielle. Il n'a pas envoyé son directeur de cabinet puis son sous-ministre aux collectivités locales pour représenter la France dans une négociation essentielle pour elle.  Mais bien pour rencontrer un criminel, Abdallah Senoussi, condamné à perpétuité par le pays au gouvernement duquel il siégeait afin de voir ce qu'on pouvait faire pour lui être "utile" et que, ceci fait, de l'argent a bien circulé.

Et cela, j'en suis désolé, ce n'est pas acceptable.

J'ajoute que si les 3 accusés n'avaient pas adopté un mode de défense  qui s'apparentait à un  "doigt d'honneur" adressé au Tribunal, les choses auraient peut-être tourné autrement.

Voyez-vous je pense à ce que Lanjuinais avait dit dans une harangue à l'Assemblée Nationale en 1793: "La première violation des principes fait toujours marcher de violation en violation".

Eh bien il arrive qu'on se fasse prendre puis condamner.







lundi 29 septembre 2025

 



                                    Il n'y a pas de quoi se réjouir.



Monsieur Zucman m'avait convaincu de vous écrire au sujet du projet de taxe qu'il a inventée et de vous dire le peu de bien que j'en pense. Le Premier ministre a enterré le projet. 

C'est un sujet important; partie remise peut-être.

La crise politique m'a conduit à relire le Noeud gordien ouvrage posthume du Président Pompidou et vous dire que je ne suis pas d'accord avec Le Clézio qui a écrit dans Chanson bretonne: "La nostalgie n'est pas un sentiment honorable". Car tout de même on volait plus haut en ce temps là, tellement plus haut. 

Partie remise.

Car je suis triste  de voir un ancien président de la République condamné, et non seulement condamné car cela il en a l'habitude,  mais condamné à la prison ferme.

Pas de bracelet électronique, non les barreaux. Comme un petit trafiquant,  comme un voleur à la tire, un gamin vendeur de haschich au pied d'une tour de banlieue ou un fraudeur à la taxe carbone.

Il en est certainement qui, rigolards, diront que monsieur Sarkozy, avocat,  est passé du barreau de Paris aux barreaux de la Santé.  Il n'y a pas pourtant de quoi rire.

Je ne le plains pas monsieur Sarkozy, enfin si, car les malheurs des autres ne me réjouissent pas. 

J'ai lu les 380 pages du jugement. Si je veux écrire sur ce verdict,  c'est bien le moins. 

J'en sors avec la conviction que l'on ne peut pas appliquer à ce procès et au verdict qui a été rendu cette phrase de John Le Carré dans Retour de services: "Parfois on se fait prendre pour des crimes que l'on n'a pas commis".

Contrairement à ce que je peux lire de la part d'esprits prétendument supérieurs,  le tribunal n'a été ni politique, ni haineux.

 Nicolas Sarkozy a été relaxé de trois des chefs d'accusation qui étaient portés contre lui: corruption, recel de détournement de fonds publics, et financement illégal de campagne électorale. Le tribunal ayant considéré que les éléments de preuve n'étaient pas constitués. 

Faut-il rappeler qu'en Correctionnelle contrairement aux Assises, l'intime conviction ne suffit pas; il faut des preuves. Bien qu'ayant douté des rocambolesques histoires qu'on lui a racontées le tribunal a jugé que les preuves lui manquaient.

Il n'a donc retenu que l'Association de malfaiteurs dont l'objectif était de préparer une corruption au plus haut sommet de l'État, avec le concours d'un pays étranger et, c'est moi qui l'ajoute, criminel contre la France.

En 2005, deux ans avant la présidentielle de 2007, il y eut des visites en Libye.

Claude Guéant directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, le 30 septembre. Il y rencontre Abdallah Senoussi, numéro deux du régime, beau-frère du dictateur et instigateur de l'attentat du DC 10 d'UTA ayant fait en 1989, 170 morts dont 54 français. Senoussi faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international après avoir été condamné par la France à la réclusion à perpétuité. Claude Guéant a dit au tribunal avoir été piégé. 

Ce n'est pas tout, le directeur de cabinet du ministre de l'intérieur rencontre le responsable d'un attentat ayant tué 170 personnes dont 54 Français et à son retour, il n'en parle pas à son patron qui doit faire le voyage quelques jours plus tard.

 Le 6 octobre Nicolas Sarkozy s'envole pour Tripoli et rencontre le "guide". C'était prévu.

Mais ce n'est pas fini. Le 21 décembre sous le prétexte évidemment fallacieux de mettre au point entre les deux pays un partenariat touchant aux collectivités locales - lesquelles n'existent pas en Libye- , Brice Hortefeux le meilleur ami de Nicolas Sarkozy -"son frère"- et son ministre délégué aux collectivités locales, s'envole pour la Libye où il rencontre ...Abdallah Senoussi, numéro deux du régime beau-frère du dictateur et instigateur de l'attentat du DC 10 d'UTA  ayant fait en 1989 170 morts dont 54 français. 

Comme Claude Guéant, il dit avoir été piégé et comme Claude Guéant, il dit n'en avoir pas parlé à son ami et patron.


Voyez-vous, pour moi le Tribunal ne pouvait que se dire "ces trois là se paient notre tête".

Et de se demander, c'est un minimum tout de même, tout cela dans quel but? Les débats ont en effet accrédité l'idée qu'il y avait eu quelque chose: tellement d'intermédiaires dont certains véreux dans quel but sinon essayer d'arranger la situation juridique de Senoussi en contrepartie de contrats et, ou d'avantages.  

Tenez par exemple. Monsieur Takieddine, paix à son âme,  intermédiaire douteux, réfugié au Liban,  participait à ces voyages. Et chose incroyable, peu de temps après 6,5 millions d'euros tombaient sur son compte.  Puis se sont envolés... on ne sait pas où, on ne peut pas prouver. 

Tenez par exemple. Monsieur Guéant a vendu pour 500.000 € deux tableaux d'un petit maître flamand dont il n' a jamais pu prouver qu'il en avait été propriétaire et qui, en tout état de cause, valaient au mieux 10 fois moins cher. Je vous fais grâce des inénarrables circuits que l'argent venant de Malaisie a empruntés pour arriver jusqu'à son compte bancaire en France.

Voulez-vous que je vous dise, encore, à côté des prévenus, au tribunal, il y avait des parties civiles, les proches de ceux dont la vie avait été fauchée par Abdallah Senoussi; elles avaient elles-aussi le sentiment qu'on se payait leur tête.

Reste l'exécution provisoire. Je n'aime pas l'exécution provisoire. Si la procédure d'appel existe ce n'est pas pour rien.

Nicolas Sarkozy et les autres condamnés ne sont pas des assassins de veilles dames, ni des violeurs de petites filles, susceptibles de recommencer demain. 

Mais à cela j'opposerai deux arguments:

Imaginons dans le bazar ambiant: Nicolas Sarkozy se présente à la présidentielle et l'emporte. Tout est terminé.

Plus sérieusement: ceux qui hurlent, Madame Le Pen notamment qui attend de savoir, sont les même, Nicolas Sarkozy compris, qui trouvent normal qu'on mette en taule sans délais les petits dealers ou les voleurs de bicyclettes.

C'est l'honneur d'une démocratie que des considérer qu'en la matière, pour citer Neuhoff dans Les Hanches de Laetitia "Balayeur ou Président de la République, c'est la même chose".


C'est une bien triste affaire qui, avec le reste, participe à l'abaissement de la France.

Décidément, il n'y a pas de quoi se réjouir.






lundi 22 septembre 2025

 


                              Il y a peu, je déjeunais 

                avec deux jeunes chefs d'entreprise.


Ils avaient travaillé brillamment auprès de moi. L'âge faisant, j'étais parti me reposer. 

Peu après, ils ont créé leur entreprise, chacun de leur coté. Ils y réussissent tout aussi brillamment. J'étais heureux de les revoir.

Tous deux étaient préoccupés par l'état du pays et la morosité des français. 

Davantage, me dit le plus jeune "on les sent au bord de la révolte et pourtant..."

Je terminais sa phrase  ".... individuellement ils disent qu'ils sont plutôt heureux. C'est cela ?"

"Oui, monsieur,  c'est cela."

 "C'est ce que disent les enquêtes." dit son compère et ami, qui ajouta " c'est bien préoccupant"


Alors je leur ai posé cette question:

" Si dans vos entreprises, les salariés ont le sentiment que vous les ignorez, qu'au fond, pour vous, ils ne comptent que comme un élément de votre prospérité, que pensez-vous qu'ils diront si on leur pose collectivement la question du bonheur ? 

Eh bien ils diront qu'ils ne se sentent pas bien. 

Et si par malheur, votre entreprise venait à connaitre des moments difficiles, Dieu vous en préserve,  et que vous leur demandiez des efforts alors ils risqueraient de vous envoyer balader. 

Ils auraient tort, mais c'est possiblement ce qu'ils feraient.

Voyez-vous, c'est ce que je crains pour la France."

Depuis quelques temps, une polémique enfle sur les aides accordées par l'État aux entreprises. Cela a commencé avec les auditions d'une commission d'enquête au Sénat et s'accentue aujourd'hui avec le parution d'un livre Le Grand détournement  que deux journalistes de L'Obs, Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre consacrent au sujet.

Je venais d'acheter le livre. Sortant du déjeuner, je m'y suis plongé.

 Même si l'on ne partage pas toutes les analyses de ces deux auteurs qui ont beaucoup travaillé, c'est mon cas, je veux tout simplement vous exposer quelques données;  les chiffres sont tellement hallucinants que les bras m'en sont tombé.  

Nos gouvernements successifs et nos administrations successives, celle de Bercy très particulièrement, ne connaissent vraiment ni le nombre de dispositifs, ni le montant des aides accordées aux entreprises. On se dit, effrayés, que ce doit être la même chose pour d'autres dispositifs d'aides au profit d'autres bénéficiaires.

Bonne pâte, vous imaginez que les chiffres ne doivent pas être si considérables. Eh bien asseyez vous.

Après avoir épluché et recoupé  les travaux ou rapports de la Cour des comptes, de France Stratégie - l'ancien Commissariat au plan-, de l'Institut des politiques publique,  de l'OCDE, notamment,  nos deux enquêteurs nous révèlent les chiffres.

Le total des aides sous toutes leurs formes (aides budgétaires, aides fiscales et financières, exonérations de cotisations sociales, régimes fiscaux particuliers, auxquels s'ajoutent les aides des collectivités locales) s'est élevé en 2023 à 271,5 milliards d'euros.

Il existe 2100 dispositifs.

271,5 milliards c'est près de 9,5% du Produit Intérieur Brut.  

Et on ne sait pas le mesurer.

En ne sait pas tracer les aides 

Et on ne sait pas en contrôler l'emploi.

On est en France, je vous l'assure, et cela fait des lustres que c'est ainsi.

Il ne m'appartient pas de juger  de l'opportunité de ces aides, quoi qu'il y a de quoi "causer". Le format de Croque-notes ne le permet pas. 

Mais enfin !

Pendant des décennies les gouvernements et la représentation nationale de droite, de gauche et du centre ont empilé les dispositifs, sans sérieusement les réviser,  les réévaluer et quand c'était nécessaires les supprimer. 

Au moment où l'on débat des retraites, des indemnités de chômage, de l'équité fiscale , du pouvoir d'achat, l'occasion est trop belle pour les populistes. Ils s'en donnent d'ailleurs à coeur joie.

Forcément, les français se disent "ces gens  qui nous gouvernent  depuis tant de temps ne sont pas sérieux".

 Je crains qu'ils n'aient pas complètement tort , hélas.

Comment voulez-vous que dans ces conditions le peuple soit heureux ? 

Perdu, désappointé, il se tourne vers ceux qui n'ont pas de solution mais disposent de porte-voix puissants. 

C'est ainsi que "Les ultra-politiques sont passé dans les moeurs"

Barbey d'Aurevilly "Une vieille maitresse".

À propos de Charles X quittant la France pour l'Angleterre après avoir abdiqué, Chateaubriand avait écrit dans Mémoires d'outre tombe:

"La monarchie s'en allait, et l'on se mettait à la fenêtre pour la voir passer".

Formons le voeu que dans ces temps cruciaux il y ait assez d'hommes et de femmes qui, ayant enfin le sens de l'État et du bonheur du peuple, sauront se rassembler, faire les compromis nécessaires afin que, bientôt, nous n'ayons pas à voir passer sous nos fenêtres, la démocratie française qui s'en va.

Formons le voeu...







lundi 15 septembre 2025

 


                                 Rentre en toi-même François (*)


 Rentre en toi-même, François, et cesse de te plaindre,

Toi qui fus tant verni, servi, récompensé, 

Pour un bilan si maigre. C'est nous qui devons geindre.

Regarde donc, François, la France que tu nous laisses.

Un parlement en crise, un budget en détresse.

Ta vie est terminée. Rome ne veut plus te voir.

Retourne en ton Béarn, cultive ton jardin.

Entretien ton cheval et ta forme aussi,

Ta carrière politique a trouvé son sapin.

Jupiter est heureux, car il t'a trop subi.


Son avenir pourtant sera fait de décombres.

L'histoire retiendra qu'un souverain enfant,

Qui a si peu vécu et n'a jamais souffert,

Ne tolère que son ombre,

Écarte les esprits forts, s'entoure de courtisans,

Admire dans sa glace ses favoris qui poussent,

Aveugle à son peuple chez qui monte la colère, 

Regarde les extrêmes, attendant leur rescousse.


La guerre est à nos portes, tu en as bien conscience. 

Sur ce terrain là, tes paroles ont grand sens.

Mais le monde, Jupiter, est dans les mains de monstres,

Pour qui tout est permis, qui tuent quiconque est contre.

La terreur est leur mère.

Poutine ne cédera pas et déjà nous menace. 

La Chine étend son ombre, 

L'Amérique conduite par un sot vaniteux,

Au lieu de nous aider nous pille et nous angoisse.


Le temps n'est pas aux faibles, c'est pourquoi je t'en veux.

La parole de la France, maintenant compte si peu.

Ses caisses sont bien vides, tout le monde le sait. 

Pourquoi veux-tu qu'on craigne un pays abaissé ?


Voilà donc Lecornu. 

On le dit très habile,

Modeste et fort civil.

D'aucuns parmi les tiens le portent jusqu'aux nues.

 

Faute de vraiment y croire, essayons d'espérer.


 



(*) Adaptation très libre et très osée de la scène 1 de l'acte IV de Cinna

Pièce de Monsieur Pierre de Corneille










 


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lundi 8 septembre 2025

 


                            Il pleuvait ce jour là sur Paris.



Il pleuvait ce jour là sur Paris.

Un homme en costume sombre avançait, les mains jointes sur son ventre rebondi.  Boutonnant sa veste, il avait des allures de chanoine. Derrière lui, un huissier en habit, parapluie à la main, le protégeait de la bruine.

François Bayrou était au sec. L'huissier était sous l'eau.

M'est revenu alors ce qu'avait écrit Victor Hugo dans Choses vues:

"Au moment où le gouverneur proclamait l'égalité de la race blanche, de la race mulâtre et de la race noire, il n'y avait sur l'estrade que trois hommes: un blanc le gouverneur, un mulâtre qui lui tenait le parasol et un noir qui lui tenait son chapeau".

Toute la différence tellement signifiante  et coupable entre la parole et les actes.

Il y a peu, monsieur Bayrou a demandé aux français, et singulièrement aux moins munis, de faire des efforts. Lui, fait porter son parapluie.

Peu importe qu'il ne soit pas le premier et qu'avant lui on se comportât aussi mal.

Les temps devraient être à l'exemplarité, faute de quoi les gens vont se détourner davantage encore de ceux qui nous gouvernent ou aspirent à le faire dans un cadre démocratique et apaisé. On sait, hélas, au profit de qui. 

J'ai été sidéré par ce qu'a dit François Bayrou à propos de ceux qui sont nés entre 1945 et 1960 - que l'on appelle les "boomers"-  et qui se résume à ceci:

"Vous êtes responsables, pas moi."

Je me demande d'ailleurs comment on peut ne pas être sidéré par ce triste personnage.  

Alors quoi maintenant ? 

Je l'ai écouté, le Premier ministre, prononcer son discours à l'Assemblée cet après-midi. 

Diagnostic sans surprise, évocation des menaces, appel au sentiment national ...litanie abondante mais banale de sujets qu'un élève studieux de Sciences Po aurait sans doute abordés dans une copie à un examen. Bon élève, il eut toutefois été moins long.

Monsieur Bayrou part.

Ce qui compte maintenant c'est la suite.


Dans "J'irais nager dans plus de rivières" Philippe Labro rapportait ces propos de Georges Pompidou: "À l'heure du destin il n'y a pas de place pour la combinaison". 

 L'heure du destin approche, je le crains, celui funeste que les extrêmes attendent.  Cela va continuer de combiner pourtant, je le crains aussi.


Nous en parlerons la semaine prochaine, sans doute.


Ah j'allais oublier: comme la crainte, les taux montent.











lundi 1 septembre 2025

 



                                            Refus d'obstacle



"Comme tous les hommes d'une vanité maladive, il était fragile."

Voilà ce qu'écrivait Jean-Christian Petitfils à propos de Necker dans son imposante biographie de Louis XVI.

C'est ce que j'ai envie d'écrire à propos de François Bayrou.

Car quels qu'arguments qu'il utilise pour justifier sa décision de solliciter la confiance de l'Assemblée Nationale, ces arguments ne sont que des prétextes.

Oui la dette est énorme, oui il faut faire des économies, oui il faut assouplir la durée du travail,  etc. etc , oui l'heure est grave. Mais ce n'est pas parce qu'on adopte un ton gaullien qu'on est de Gaulle. 

C'est justement parce que la situation est grave qu'il ne faut pas ajouter une nouvelle crise politique à la crise économique, et peut-être, ce qui serait pire, à une crise financière demain.

La vérité est que monsieur Bayrou a peur d'affronter le débat sur le budget au parlement.  Il a peur de perdre, alors il refuse l'obstacle.

Avant de partir en vacances je vous avais écrit dans un mail:

Certains parmi vous m’ont demandé de suspendre mes vacances, déjà !,  et d’écrire quelque chose sur les annonces relatives au budget pour 2026, faites par François Bayrou.
Je ne peux pas, c’est trop tôt.
Le Premier ministre nous montré le cadre.
Nous n’avons pas le tableau.
Il faut attendre ce qu’il adviendra en octobre, après la palabre.
Ce que je peux juste vous dire c’est que pour moi le cadre est de travers.

Pendant le mois d'août, le Premier ministre a annoncé quelques décisions sur le gel des pensions, du barème de l'impôt sur le revenu, le durcissement des indemnités de chômage, notamment. 

 Ou encore cette idée farfelue de supprimer deux jours fériés au motif qu'il faut travailler davantage. Projet que le patronat critique vertement : coûteux pour les entreprises - plus de 4 milliards-  et injuste pour les salariés qui travailleraient sans être payés, juge le président du MEDEF. C'est peut-être ce qui a conduit monsieur Bayrou à suggérer de finalement n'en supprimer qu'un. 

On est confondu.

Le cadre est de travers donc,  car l'effort penchant d'un seul côté, cela ne peut pas fonctionner . Vous savez mes convictions, je les ai écrites. 

Et puis il n'y a pas eu de palabre. Or c'est important la palabre dans ce pays de France. La palabre c'est le débat et la recherche d'un consensus.

Au fond, on est consterné par tant de légèreté et suis-je tenté d'écrire, par tant d'incompétence.

Nous voilà donc à huit jours de la chute probable du gouvernement.  

Les annonces des oppositions sont claires: elles ne s'abstiendront pas. Monsieur Bayrou va solliciter la confiance de ses opposants, et  ses opposants voteront la défiance.  Pitoyable lapalissade.

Alors,  la France devra se trouver un nouveau gouvernement, le 4ème, en 14 mois.

Des ministères changeront de patron, une fois encore.

À moins que le Président dissolve à nouveau.  Ils paraît que non. 

Et pendant ce temps, alors que tant de menaces pèsent sur notre économie, le coût de notre dette abyssale  va continuer de monter. Les entreprises, perdues, allant à l'aveugle, stopperont leurs projets, remettront à plus tard leurs investissements et leurs embauches et les français, au lieu de consommer, essaieront pour ceux qui le peuvent, d'augmenter leur bas de laine.

Qui pourrait le leur reprocher ?


Il en est, aux extrêmes, que tout cela réjouit.


 Je reviens d'un monde mille fois martyrisé et mille fois menacé, encore aujourd'hui.

Je reviens d'un monde de dignité.

Je reviens d'un monde de courage

Je reviens d'un monde où les peuples se rappellent leur histoire.

Je reviens d'un monde où les gouvernements m'ont paru responsables.

Je reviens des Pays baltes qui avancent malgré Poutine à leurs portes.


Alors aujourd'hui, j'ai honte.


"On peut tromper la vie longtemps, mais elle finit toujours par faire de nous ce pour quoi nous sommes faits. Tout vieillard est un aveu, allez, et si tant de vieillesses sont vides, c'est que tant d'hommes l'étaient et le cachaient"

Malraux:  La Condition humaine

Vous allez, sans doute,  avoir assez de temps, monsieur le Premier ministre, pour méditer cela.