dimanche 8 septembre 2024

 


                             Michel affronte l'Everest

                  Edouard tente l'undercut

                                                                   

                                                        

 Rassurez-vous, Monsieur le Premier ministre,  je ne vais pas ajouter des commentaires aux commentaires, jouer à mon âge les politistes en herbe, mais tout de même, pour le vulgaire, vous êtes étonnamment sorti du chapeau.

Il faut dire que votre parcours est impressionnant. Le plus important, le plus complet, le plus technique, sauf erreur, depuis 1958, au moins. 

- Conseiller général à 22 ans.

- Député à 28 ans

- Président du Conseil général de la Savoie à 31 ans

-  Co-organisateur, avec Jean-Claude Killy des jeux olympiques d'hiver d'Albertvile  en 1992

Puis:

- Ministre de l'environnement

- Ministre des affaires européennes

- Commissaire européen aux politiques régionales

- Ministre des affaires étrangères

- Ministre de l'agriculture et de la pêche

- Vice-président de la Commission européenne chargé du marché intérieur et des services ( poste éminemment technique qui vous a conduit à mettre en oeuvre la régulation du système bancaire après la crise de 2008) 

- Négociateur en chef au nom de l'Europe chargé du Brexit, puis des relations post Brexit  avec la Grande Bretagne; tout aussi technique et tout aussi compliqué.

Enfin, vous voilà Premier ministre.  A 73 ans, tout arrive.

Même vos opposants louent votre force de travail et vos qualités de négociateur.

Bien entendu, on soulève la question de votre légitimité, membre d'un parti arrivé en 4 ème position aux législatives. Mais tranquillisez-vous, vous ou un autre, c'eut été pareil. 

D'ailleurs le sujet n'est pas là, il est dans l'élaboration de nécessaires compromis. Vous n'êtes pas le plus mal placé me semble-t-il.

Pour la suite on verra. 

Emmanuel Macron s'est mis dans une situation où il dépend de son adversaire.  Donc désormais vous aussi.


Le président me fait penser à ce mot de Chateaubriand 

sur Charles X :

"Il a dit qu'il ne reculerait pas d'un pied, quelques minutes après il allait reculer d'un royaume"


Bon courage monsieur le Premier ministre.



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Rancoeur:

.J'ai regardé et écouté les discours prononcés par Gabriel Attal et Michel Barnier lors de la passation de pouvoir dans la cour de l'Hotel de Matignon.

La rancoeur de l'ancien premier ministre, sa colère froide même, était saisissante: voilà un jeune homme qui adulait un homme un peu moins jeune et qui, d'un coup, le déteste; il grandira et saura tuer. N'en doutez pas.


Edouard Philippe (*) a accordé une importante interview au Point.

Rancoeur, colère à l'endroit du même. 

Annonce aussi qu'il sera candidat  en 2027 - ou avant si, d'aventure,  Emmanuel Macron venait à démissionner. 

Il tente l'undercut. 

En formule 1, l'undercut consiste à anticiper un arrêt au stand pour changer ses pneus avant l'adversaire qui vous précède,  l'obligeant ainsi à adapter sa stratégie en fonction de la vôtre... espérant que, si cela se passe bien, quand l'adversaire se décidera vous serez passé  devant, définitivement  .

Il dit dans cet interview "ce que je proposerai sera massif. Les français décideront."

Nous verrons le moment venu.

Dans tous les cas, quelle que soit la situation, l'Assemblée ne peut pas être dissoute avant le 7 juillet 2025. 

Pendant ce temps le Président laisse pousser ses pattes; elles arrivent au bas des oreilles. Bientôt des favoris? Les autres sont partis, il est vrai.

Peu importe.

"Son incurable incapacité de mordre à la réalité, lui donnait l'illusion d'être un esprit rare"

Dieu La Rochelle: Gilles


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Je viens de lire Cabane d'Abel Quentin aux Éditions de l'Observatoire. Roman noir et foisonnant. Il prend pour appui le rapport Meadows de 1972 sur les limites de la croissance et la finitude de la terre. Il le nourrit de 4 personnages inventés, aux destins opposés.

 J'avais adoré Le voyant d'Étampes, du même, publié en 2021. 

Cabane est, à mon goût,  un peu trop documenté et abondant comme si l'auteur voulait nous montrer combien il avait travaillé, et comment, maintenant,  il savait beaucoup de choses. C'est un bon roman, il faut le lire. C'eût pu être un grand roman. Il a manqué la sélection sur la première liste du Goncourt. Il ne me surprendrait pas que les lycéens le rattrapent.

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(*) Edouard Philippe a écrit  "Des hommes qui lisent", publié en 2017, chez Lattès. C'est  un bien beau livre, fort bien écrit; le récit d'un homme qui raconte comment il s'est construit humainement, familialement et politiquement par ses lectures. 

Beaucoup d'érudition, aucune démonstration.  De la profondeur.

Et si jamais...

 

lundi 2 septembre 2024

 


                                                                Des trucs en plus

                                         Des trucs en moins  


A vrai dire, je désespérais. Vous aussi sans aucun doute. Il nous a fallu attendre le 30 août, jour de la Saint-Fiacre pour que Ségolène arrive dans sa charrette, tirée par une vieille jument fourbue nommée  "Pittoyablitude".  

Offrant son corps à la France, la dame veut bien être première-ministre ou ministre ou ce qu'on voudra, peu importe, pourvu qu'on la tire de son ennui et qu'elle retrouve le chemin des plateaux .

 Cette dame a de gros trucs en moins: le sens du ridicule, de la dignité et du respect des autres notamment. 

Pitoyable. 

Allons, passons,  elle ne mérite pas davantage.

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 Agnès Buzyn a publié en septembre 2023 chez Flammarion un livre, utile et éclairant intitulé "Journal (janvier-juin2020)".

C'est plus qu'un journal. L'ancienne ministre de la santé et des solidarités retrace quelquefois heure par heure, la montée de l'épidémie du COVID, ses échanges,  écrits le plus souvent, avec les autorités, les plus hautes comme les plus anonymement dévouées. Elle reproduit ses échanges  essentiels avec le président de la République (PR), avec le premier ministre d'alors Edouard Philippe (PM) qui l'ont sans doute autorisé. 


Chronique de 500 pages , captivantes et bien écrites d'où il résulte notamment qu'Agnès Buzyn:

- a compris tout de suite - je dis bien tout de suite-  qu'on allait vers une grave crise mondiale.

- qu'elle a alerté immédiatement.

- qu'elle a précisé que l'on était devant un virus inconnu et qu'il allait falloir faire preuve de détermination, de prudence et mettre immédiatement en oeuvre une politique de prévention des risques.

- que contrairement à ce qui a été dit et écrit, la question des masques n'a pas été ignorée. Mais en 2013, elle n'était pas en poste,  la doctrine avait changé (dégonflement du stock centralisé et transfert de la compétence de commande aux établissements de santé). Qu'au surplus, les masques étaient importés de la province chinoise de Wuhan d'où était partie la pandémie. Commandes impossibles.

-   qu'à part quelques exceptions - dont le "PR" et le "PM"- elle s'est heurtée à un mur de scepticisme, d'ânerie et de prétention et aussi d'injures.

- qu'il y a eu dans cette affaire des personnages exceptionnels  dont Jérôme Salomon, le directeur général de la santé de l'époque ou son directeur de cabinet Raymond Le Moign aujourd'hui directeur général de L'Hospice civil de Lyon notamment  et qu'il en est d'autres qui furent détestables: ils sont nommés citations à l'appui.

- qu'elle a supplié en vain - par écrit-  l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de décréter l'urgence sanitaire. Jusqu'à ce que ses dirigeants comprennent enfin; c'était bien tard.

- qu'elle a supplié en vain - par écrit- l'Europe de se coordonner. Jusqu'à ce qu'elle comprenne enfin; c'était bien tard.

- que les "complotistes" proches de milieux d'extrême droite ont dénoncé "la juive"... dont le père, pourtant,  était un rescapé des camps. Ils le regrettaient sans doute. Pas de père, pas de fille.

- que la presse et parmi elle, certains journalistes fort réputés pour leur sérieux, appartenant aux organes écrits, audio, ou télévisuels de tous bords l'ont crucifiée vivante (citations à l'appui) ou soutenu Eric Raoult, le charlatan de Marseille ,  qui vantait les effets de l'hydroxychloroquine alors même que les autorités sanitaires et les chercheurs internationaux les plus qualifiés avaient démontré son inefficacité. Ségolène Royal brillante comme d'habitude avait à la radio et sur twitter devenu X, condamné Agnès Buzyn et soutenu ce "pauvre professeur Raoult". (Elle a depuis courageusement effacé ses messages).

- que beaucoup des parlementaires, ne prenaient pas la menace au sérieux ou n'y comprenaient rien et notamment ce principe pourtant simple: on ne peut pas prendre de mesures préventives pour se prémunir d'un virus qu'on ne connaît pas.  Charitable, elle ne dit pas le nom du député auquel elle a dû expliquer cette lapalissade. En vain probablement.

Etc. etc.

Agnès Buzyn cite abondamment Camus, "La peste" , ouvrage fondamental que j'avais relu pendant la pandémie

"Personne n'avait encore accepté réellement la maladie. La plupart étaient surtout sensibles à ce qui dérangeait leurs habitudes ou atteignait leurs intérêts... Leur première réaction,  par exemple,  fut d'incriminer l'administration."


"Mais il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort"

 

Ce qu'on lit dans ce "journal"  est grandement expliqué, daté, précis, argumenté. Agnès Buzyn  reste modeste pourtant. Si elle est excédée par ceux qui ignorent et affirment, elle, scientifique de renom, dit aussi ses doutes et ses craintes. 

Au fond c'est une femme blessée qui le sera davantage à partir de son entrée en campagne pour les municipales à Paris.

Car voilà, elle se laisse convaincre par le Président,  remplaçant au pied-levé Benjamin Grivaux pris dans une histoire de cornecul.

Je me suis demandé, à l'époque, ce qui avait pu la conduire à ce choix et j'étais sévère. Je n'acceptais pas qu'elle quitte son ministère dans un moment pareil. Elle souhaitait d'ailleurs le garder.

J'ai lu l'explication: le Président  l'avait convaincue que c'était son devoir, il avait tort, et que Paris n'étant pas Carpiquet le Coucou, on ne pouvait être en même temps maire de Paris et ministre, il avait raison.

Elle écrit qu'il est difficile de résister au Président.

Dommage. L'intérêt était qu'elle restât.

Peu d'équipe, peu de temps, pas faite pour cela, les rumeurs, les saloperies sur cette "ministre responsable qui avait des morts sur la conscience".   En un mois et demi, elle avait démissionné le 16 février! 

 Dati et Hidalgo Villani, sordides, chacun à leur manière.

On sait la suite: 13%.

Les mémoires d'hommes ou de femmes politiques ne m'enthousiasment guère. Ce sont souvent des plaidoyers pro domo sans grand intérêt. J'ai lu, là,  un "journal" passionnant, justement écrit par une femme injustement blessée. 

Madame Buzyn a quelque chose en plus: l'intelligence, le courage et la dignité.

 Elle a quitté la politique.  Qui pourrait le lui reprocher?


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Pendant que Ségolène s'amuse...

Fumée noire, toujours. 

Le mur budgétaire approche : mi-septembre, dans 12 jours, le projet de budget doit être remis au Conseil d'État et au Haut conseil des finances publiques, après avoir été présenté en conseil des ministres pour enfin être transmis au parlement le 1er octobre.


Funeste dissolution!

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Vu deux films:

Le roman de Jim , des frères Larrieu : mélo réussi servi par un excellent  Karim Leklou (découvert dans Hypocrate) et une pétulante Sara Giraudeau. Le petit Eol Personne  - 7 ans- ira loin si les petits cochons ne le mangent pas


Un p'tit truc en plus d'Artus: très belle réussite sur le handicap, la joie et le dévouement. Plus de dix millions de spectateurs en France.

Ces "handicapés" splendides insufflent en nous le goût simple du bonheur, de l'essentiel et de la générosité.

Ils ont un Un p'tit truc en plus...et nous sortons du cinéma avec un gros coup au coeur.