lundi 22 juillet 2024

 


                                            Au revoir, et à bientôt. 


A l'heure où j'écris cet article, rien n'est résolu hors la composition des instances de l'Assemblée nationale.

Vous savez la détestation que j'ai pour le RN ( je ne parviens pas à écrire Rassemblement national, grand mouvement de résistance contre le nazisme). 

Il se trouve que la situation est la suivante:

Le RN ayant voté pour des candidates LFI  devenues 1ère et 2ème vice-présidentes de l'Assemblée nationale ( excusez du peu pour un parti qui n'est que le 3ème groupe de la diteAssemblée), espérant sans doute un renvoi d'ascenseur,  madame Le Pen s'est retrouvée gros-Jean comme devant sans aucun de ses élus dans aucune des instances dirigeantes de l'Assemblée nationale. 

Dans la précédente législature le parti extrémiste avait 80 députés et deux vice-présidents. Dans l'actuelle, avec ses tristes alliés il en compte 143 et n'a rien obtenu. 

C'est le premier groupe à l'Assemblée devant

- Ensemble: 99

- LFI: 72

- PS: 66 

- Écologistes: 38

- Etc.

Ne soyons pas dupes des manœuvres, Madame Le Pen n'étant point sotte, elle a possiblement espéré être exclue pour mieux se "victimiser". 

Il fallait pourtant l'en empêcher.

Ce qui reste, c'est un message bien triste envoyé aux 9,3 millions de français qui ont voté  (à tort sans aucun doute, mais là n'est pas le sujet aujourd'hui)  pour le parti de Marine Le Pen.

 Ce message c'est: "Vous n'êtes rien, vous n'avez droit à rien." 

Ne vous faites pas de souci, elle en jouera. 2027 est si proche.

Voilà ! Tout ce que le Général de Gaulle avait voulu éviter à la France, l'indigence l'a fait.

Brillante dissolution, décidément.


Ceci posé, pour ce qui est du gouvernement, il faudra attendre.

Le mieux est sans doute que rien ne soit fait avant la fin des JO ; il y a trop de sujets lourds pour que des novices prennent en main les dossiers. 

Mais quel triste spectacle donné à gauche, qui se dispute et n'est d'accord sur rien. Il faut que:

- LFI ait le poste de Premier ministre

- que LFI n'ait pas le poste de Premier ministre

- que Madame Chririkou qui est une personne charmante, raison pour laquelle monsieur Mélenchon en a fait sa plus proche collaboratrice, retire l'injure ("punaise de lit")  qu'elle a proféré à l'encontre de François Hollande;  ce qu'elle ne semble pas vouloir faire et dont son ami est content.

- que la fiscalité nouvelle ne soit pas confiscatoire

- que la fiscalité nouvelle soit confiscatoire

- que LFI n'ait aucun ministère régalien

- que LFI ait au moins deux ministères régaliens

Des gens donc continuent non pas de disputer mais de se disputer. 

Au point que madame Tondelier, secrétaire nationale des écologistes a dit publiquement sa honte. 

Au point que monsieur François Rufin  dise "quand vous lisez le tweet de Sophia Chirikou et mesurez sa brutalité, vous comprenez pourquoi je me sens mieux en dehors de La France Insoumise qu'à l'intérieur".


De ce côté là donc, rien à espérer. Et c'est heureux.

 La politique économique de relance du NFP est celle des marchands de rêves. Or, comme l'a écrit Emmanuel de Waresquiel dans Sept jours:  "Quand la politique passe du côté des rêves, en général tôt ou tard le sang coule".


Et de l'autre  bord ?

Si d'aventure, la reconduction de Madame Braun-Pivet à la présidence de L'Assemblée nationale était un signe alors...

Reste que comme je l'ai écrit le 24 juin, "pour faire quoi? " .

Nicolas Baverez, disciple de Raymond Aron,  a décrit dans une interview à l'EXPRESS,  une situation apocalyptique de la France qui descendrait vers les abîmes depuis 40 ans et qui serait aujourd'hui déconsidérée dans le monde par le manque de courage de sa classe dirigeante en général et politique en particulier, par la situation de ses finances publiques et, - surtout depuis 2017 (j'ajouterais entre 2007 et 2012 aussi ), par une  arrogance que ses concurrents, partenaires en Europe ou non, lui feront payer. 

Nicolas Baverez est un de nos Cassandre les plus clairvoyants. Le rôle de Cassandre n'est pas de donner dans la nuance, mais avouons qu'il n'a pas tout à fait tort. 

 Il termine toutefois sur un pâle éclair d'optimisme: arguant du fait qu'après la mondialisation,  le siècle présent s'oriente désormais vers la souveraineté des nations et que la culture de la France, imprégnée du fait que son histoire s'est faite autour de l'État puisse mettre en oeuvre " un partenariat entre l'État, les entreprise et la société civile" afin que "ayant raté le XXI ème siècle de la mondialisation, elle réussisse le XXIème siècle de la souveraineté". 

Puisse notre Cassandre national se transformer en Égérie afin que nous soyons heureusement "délivrés" non pas de l'enfant à naître, mais de nos maux.

Ce serait heureux.  Je crains qu'hélas nous n'en soyons pas là.

En France, il y les français,  et les français veulent une incarnation;  je ne la vois pas.


Nous en sommes donc  à un stade primaire: il nous faut un gouvernement.

Alors je vais être osé, pardonnez-moi:

Ce gouvernement ne réussira pas sans adopter enfin, une pratique essentielle qui est celle pour tout gouvernement responsable de définir une stratégie budgétaire claire,  crédible, courageuse et équitable. 

- Claire: cela veut dire,  tracer un objectif de remise en ordre des comptes publics avec des plans B et C. Il n'est pas un chef d'entreprise sérieux qui ne prévoie pas ce qu'il fera si les choses ne se passe pas comme il le projette. Or il ya toujours des imprévus. Les imprévus et les crises rythment nos vies, or on  a l'impression- doux euphémisme-  qu'en France les gouvernements sont à chaque fois surpris et qu'ils ne savent faire autre chose qu'ouvrir les robinets, ajoutant à la crise la perspective de l'enfoncement.

- Crédible, c'est à dire fondée sur des hypothèses de croissance prudentes; ce n'est malheureusement pas souvent le cas.

- Courageuse, car partant de là où nous sommes, il faudra faire des efforts considérables.

- Équitable: le gouvernement, quel qu'il soit, ne réussira pas si, ce qu'il décide, habillé de passion doctrinale, met en oeuvre des politiques que les gens trouvent injustes. 

Je vais peut-être surprendre certaines et certains d'entre vous, mais avoir en 2017 supprimé l'ISF en le remplaçant par l'IFI , tellement moins douloureux -alors qu'en même temps on baissait de 5 € l'Aide Personnalisée au Logement qui profite aux plus démunis et aux étudiants est une grave erreur politique. 

C'est la manifestation très claire que en haut, on est "hors-sol". 

Il fallait sans doute modifier le barème de l'ISF et corriger son assiette pour favoriser l'investissement des capitaux privés dans l'activité économique , mais pas le supprimer. 

Il y a des milliers d'euros qui ne privent de rien et des euros qui permettent simplement de prendre un maigre repas. 

Ne pas le comprendre c'est envoyer les gens chez  monsieur Mélenchon ou chez madame Le Pen.

Faire de la bonne politique économique, en France surtout,  c'est faire la politique de la rigueur équitable.

J'y reviendrai un jour, probablement.

En attendant, lisez " À pied d'oeuvre" de Fanck Courtès. Il y a des choses qu'un pays civilisé ne devrait par permettre. 

Pour conclure je laisse la parole au grand Victor:

"La misère est la plus implacable ennemie des lois"  Discours à l'Assemblée 9 juillet 1849. 


                                       XXXX

J'ai lu dans Le Monde de vendredi un portrait élogieux  de Michel Cadot, grand serviteur de l'État, actuel délégué interministériel aux JO, au parcours exemplaire. Homme intègre ayant le sens de l'État, respecté de tous et de tous côtés d'où il reçoit des hommages unanimes, il sait établir des consensus et s'il le faut trancher, 

Sa mission va bientôt se terminer, son parcours est exceptionnel. À 70 ans, il compte pouvoir enfin s'occuper des siens.

Dommage! Je l'aurais bien vu diriger le gouvernement de la France.


                                         XXXX


Emmanuel Macron m'a donné bien du travail. Je n'ai plus vingt ans, il   faut me reposer.

Je vais donc partir quelques temps visiter les villes hanséatiques allemandes, avec quelques livres.

Me changer les idées, en quelque sorte. 

Alors,

Au revoir, et à bientôt.
















lundi 15 juillet 2024

                                                 


                                     


                    Et si nous parlions d'autre chose.


Il faut vivre, tout de même. On ne va pas laisser nos journées et nos soirées, nos nuits quelques fois,  accaparées , ravagées peut-être, par les errements du temps présent, fussent-ils ce qu'ils sont.

Arrive un moment où, la funeste dissolution,  Bardella et Mélenchon, et quelques autres aussi, eh bien je vais vous dire:  il y en a soupé!

Alors parlons d'autre chose. 

Tenez, samedi matin, allant faire quelques courses en voiture dans le bourg voisin du mien, en Bretagne, je mets France Musique. 

Schumann, les Scènes d'enfants. Au moment où j'écoute, passent les deux dernières des treize pièces:  "L'enfant s'endort", puis "Le poète parle"

Je suis certain que c'est Martha Argerich qui joue. 

Oh ne croyez pas que j'aie une telle oreille qui me permette de reconnaître tout ce que j'ai entendu dans le passé. Non, certes non.   Mais il est des émotions cependant qui, une fois provoquées, vous marquent à vie. Chez les midinettes aussi, à la vérité j'en suis une, et c'est heureux. Les Scènes d'enfants par l'immense argentine sont de celles-là.

Aurélie Moreau, fait l'annonce, je ne m'étais pas trompé.

Cette émotion, c'est quand même autre chose ! C'est mieux que... 

Ah non ! J'avais dit qu'on parlait d'autre chose.


Il y a quelques jours, un ami plus que cher, un jeune frère à vrai dire, que la providence a mis sur mon vieux chemin,  m'appelle et me dit:

" Je lis Dumas, Le comte de Monte-Cristo". C'est tellement beau, tellement bien écrit. Tiens, dans sa cellule du Chateau d'If, tu es avec Faria, je te jure!  Tu es avec lui, c'est extraordinaire! Lis-le."

Suivant comme souvent ses conseils, je relis Le comte de Monte-Cristo. Non, à la vérité,  je le lis. A quel âge ai-je lu ce chef d'oeuvre?  À 15 ans je crois; il y a près de soixante ans donc.

Il est des livres que l'on a lus un peu tôt. S'agissant de moi, c'est certain. Trop tôt ? Non, car il faut s'éveiller.  Reste qu'il faut avoir aussi la sagesse et pour dire vrai , l'humilité de les reprendre - cela m'arrive-.   Quand on pense que, peut-être, on est à l'âge de mieux comprendre, tout simplement parce qu'on a vécu et que l'on est couturé.

Monte-Cristo, donc, Dieu qu'il a raison mon ami.

J'avais aimé l'épopée. J'en découvre le style, la tournure assassine ou amicale ou aimante.  L'amour, l'amitié, la vengeance recrue qui guide Edmond Dantès. Et tant et tant, de ce qu'est un homme qui a follement aimé, et a vécu, et a souffert de l'ambitieuse  méchanceté, de la jalousie dont les hommes sont capables quand il s'agit de leur propre profit.   

Et quelle extraordinaire profondeur ! 

En si peu de mots.

Au fond on peut aimer Dumas comme on aime Proust. De même qu'on peut aimer Mozart comme on aime Chopin. 

En revanche on ne peut pas...  Ah non ! J'avais dit qu'on parlait d'autre chose.

On citerait tout ou peu s'en faut; alors voilà, juste pour vous distraire des temps présents:

"Danglars était un des ces hommes de calcul qui naissent avec une plume derrière l'oreille et un encrier à la place du coeur". 

Peut-être  Danglars aurait-il aujourd'hui dirigé un fonds activiste ?


"La mémoire des rois est courte" 

 Sans doute aujourd'hui aurait-il écrit la mémoire des présid... Ah non ! J'avais dit...


"Si bon que l'on soit, on cesse de voir les gens qui vous attristent".

  Il faut être gai avec ses amis, point n'est besoin de leur dire nos malheurs. Ils voient ce qu'il y a derrière nos rires.

L'amitié vraie est  rare, elle se moque des classes sociales et des conditions;  c'est tant mieux. Mont-Cristo est aussi un livre magnifique sur l'amitié.


"Il était à la fois monté au grade de caissier et descendu au rang de domestique". 

Certains hommes politiques devenus ministres  devraient bien méditer cela.


" En politique, il n'y a pas d'hommes mais des idées; pas de sentiments mais des intérêts, en politique on ne tue pas un homme: on supprime un obstacle, voilà tout".

La valse des premiers ministres...

Et voilà que je recommence ! 

                                                    XXXX

Il est pourtant facile de parler d'autre chose. Il faut sans doute me concentrer davantage.

 Il est bien est malaisé, en revanche, de ne pas y penser.

Alors tenez ! 

Pendant que ça discutaille et pour terminer avec un peu d'azur. 

Morrel à Edmond Dantès et à nous peut-être:

" L'incertitude, c'est encore l'espérance".


                                              



 




lundi 8 juillet 2024

 


                                                   

                                  Et maintenant ?


Nous voilà donc arrivés. 

Les français avaient le choix entre le chaos et la pagaille. Suivant les conseils de Michnik et Kurski,  ils ont été malins et choisi la pagaille.

 Le moindre mal en quelque sorte, à propos duquel Annah Arendt écrivait: "ceux qui optent pour le moindre mal oublient très vite qu'ils ont choisi le mal."

Monsieur Macron nous a placé devant cette sinistre alternative. Il fallait bien faire avec. Les français l'ont fait et bien fait: leur message est clair: près de 70% d'entre eux ne veulent pas du Rassemblement National.

Que veulent-ils ? C' est une autre affaire de sorte que l'on aura la pagaille, comme c'était prévisible pour tout esprit sérieux. 

Seulement voilà, nous avons  un  président particulier: " Comme tous les intellectuels il était futile".  (Céline: Le Voyage au bout de la nuit.)

S'agissant des intellectuels c'est sévère, s'agissant d'Emmanuel Macron qui est un intellectuel, j'aurais écrit "léger".

Alors, maintenant,  les tractations commencent. Les ducs pensent à devenir princes, les princes à devenir le roi. 

Qu'en sortira-t-il ? Peut-être une coalition d'opinions divergentes comme je l'ai écrit dans mon article du 20 juin:

"Tout cela pour quelles perpectives?

Il n'y en a qu'une qui, pour moi, serait consolante, c'est qu'au terme du second tour:

-  ce qui reste du parti présidentiel et de ses alliés du Modem et d'Horizon, 

- ce qui reste des Républicains 

- ce qui reste de la gauche républicaine qui reviendra probablement avec davantage de députés.

...aient au moins 289 élus et décident de faire cause commune.

Mais, m'objecterais-je, à supposer que tu ne rêves pas,  une alliance entre des partis dont les programmes sont opposés ne conduit à rien hors la pagaille."

Ou,  comme l'a justement dit Edouard Philippe le soir du deuxième tour, serait réduite à gérer les affaires courantes, ce qui revient à peu près au même. 

Trois années de perdues dans une époque où les défis sont immenses, c'est l'éternité plus un jour.

"Les larmes sont des filles faciles" a écrit Romain Gary, alors ne pleurons pas et travaillons à préparer l'avenir.

lundi 1 juillet 2024

 


                                  Que voulez-vous que je vous dise ?

                                            Ayez peur !

Monsieur Macron a lancé sa grenade.

Atteignant les partis, il a atteint les français.  En démocratie ceci va avec cela. 

Il ne le savait pas, sans doute. C'est bien triste.

Je ne vais pas commenter sur les commentaires, mais laisser la parole à deux polonais éminents - Adam Michnik (figure de Solidarnosc)  et Jaroslaw Kurski qui, dans Le Monde daté de samedi, ont publié un billet intitulé:

De Pologne, nous voyons à quelles cauchemardesques dangers La France se trouve aujourd'hui confrontée.

Voici quelques extraits: 

"Il y a six mois la Pologne est sortie de la période la plus sombre depuis la chute du communisme".. "destruction de la démocratie, piétinement de l'État de droit, mise sous tutelle des médias"

"La population semblait lassée du gouvernement libéral. Elle disait "Ceux-ci ont déjà gouverné, donnons une chance aux autres. Qu'est-ce qu'on risque ?"

"Peu avant les élections parlementaires, nous avons publié  un éditorial en octobre 2015 . Nous avons écrit pour dire que l'enjeu c'était la démocratie... On s'est moqué de nous, on nous a traités d'hystériques"

Très vite pourtant, "Les hommes du parti au pouvoir qui n'étaient plus encadrés par aucune borne, ont pris possession, jour après jour, de l'État. Ils ont pris le tribunal constitutionnel, le procureur général, les organismes chargés de nommer les juges, les services spéciaux, les écoutes illégales."

"Nous rappelons tout cela pour vous mettre en garde: les populistes annoncent une politique, et en mènent ensuite une autre... Ils ont leur feuille de route de destruction de l'État de droit et ils s'y tiennent, étape après étape."

Et de conclure:

"Nous avons un proverbe "Le polonais devient malin après avoir subi les dégâts." 

Notre appel à vous, Français : "Soyez malins avant de subir les dégâts"


Voilà, tout est là.

La situation n'est pas encore totalement compromise.

Que voulez-vous que je vous dise d'autre que:

"Ayez peur !"  

Et,  avec Michnik et  Kurski "soyons malins !"

Peut-être alors, parviendrons-nous à éviter le pire.