lundi 14 juillet 2025

 



                                                            Je fais un rêve (*)


       Je lisais il y a peu dans Les Échos, un article sur Bill Gates, le créateur de Microsoft.

Sa fortune est estimée par le magazine Forbes à près de 120 milliards de dollars.

Avec l'aide de quelques amis milliardaires, pas Trump on s'en doute, il a investi à travers la fondation qu'il a créée plus de 100 milliards de dollars dans  la santé, l'éducation et l'aide au développement, essentiellement en Asie et en Afrique. 

Il avait dit à propos des coupes dans l'aide humanitaire opérées par Musk lors de son bref passage au gouvernement du distingué Canard:

"L'image de l'homme le plus riche du monde tuant les enfants les plus pauvres du monde n'est pas belle à voir"

Son projet: rajouter 200 millards d'ici 2045.

Evidemment  tout le monde n'est pas Gates et tout le monde ne peut pas se désengager de son entreprise sans la fragiliser.  Microsoft a atteint une dimension si considérable que son créateur a pu tranquillement sortir de son capital  et vendre ses actions à des fonds et à des investisseurs privés. Il détient aujourd'hui moins de 2% du capital du géant qu'il a créé et consacre donc sa fortune à sa fondation.


La nuit qui a suivi, "j'ai fait un rêve". 

Face à la situation dramatique dans laquelle nous allons vite nous trouver si rien de sérieux n'est entrepris:

- j'ai rêvé que les gens qui ont quelques sous, j'en suis, comprenaient que les français n'accepteraient jamais les efforts qu'on leur demanderait si les plus chanceux d'entre eux - leur chance fut-elle méritée-  n'y prenaient pas leur part.

- j'ai rêvé que cela étant, ils acceptaient d'être mis à contribution, le temps des réformes, pour soulager des finances publiques en feu, facilitant ainsi une politique courageuse sous température modérée.

- j'ai rêvé qu'en contrepartie, le gouvernement s'était engagé dans un programme pluriannuel sérieux de remises en ordre des comptes publics et qu'il le respectait.

- j'ai rêvé que ceux que leur statut protège acceptaient leur remise en cause au moins partielle, comme les régimes spéciaux  par exemple. 

- j'ai rêvé que le patronat voulait bien prendre en compte sérieusement la pénibilité dans le calcul des années de cotisation nécessaire pour le départ en retraite.

- j'ai rêvé que les syndicats pensaient davantage à l'intérêt de la France qu'à la prospérité de leurs boutiques respectives.

- j'ai rêvé que les partis politiques, eux aussi, pensaient davantage à l'intérêt de la France qu'à la prospérité de leurs boutiques respectives . 

- j'ai rêvé que nous avions un Premier ministre  compétent et respecté.

- j'ai rêvé qu'un fois les réformes faites, et la France rétablie les français se regardaient ébahis et se disaient: 

"Au fond si chacun de nous y met du sien, tout cela n'est pas si compliqué."


"J'ai fait un rêve", vous dis-je.

Mais après tout...

Passez un bel été.

A bientôt.


 (*) I have a dream Discours du pasteur Martin Luther-King le 28 août 1963




lundi 7 juillet 2025

 


                                La Dame et le Jeune Prince

                  Libre adaptation de La Lice et sa compagne

                     Fable de Monsieur Jean de La Fontaine


Dame Rachida un froid matin d'hiver

Fit visite au Jeune Prince et offrit un marché.

"Donnez-moi une place et je vous servirai.

Nombre de mes gens qui m'aiment et qui m'admirent

Viendront dans votre camp et pour les asservir

Je leur ferai goûter la joie de l'adultère.

Tromper cher Président est la naissance de l'art.

Flattez les ambitions de ces tristes canards

Ils iront à genoux en prenant un air fier.

Mais il me faut, Monsieur, une contrepartie, 

Dit la Dame au Jeune Prince; elle savait marchander.

Donnez-moi  la culture et la mairie de Paris."

"La culture, que diantre ! D'où vous vient cette idée ?

Pensez-vous que Malraux en serait satisfait ?"

"Mais bien sûr mon Prince,

Il serait fort heureux.

Et puis... de vous j'en pince. 

Il faut que la culture vers le peuple se répande

Et du peuple je viens. Cela n'est pas douteux.

Dispenser mes bienfaits voila qui me transcende."

"Ah Madame qu'entends-je ? Tout ceci me convient.

Passons donc le marché mais qu'il soit bien compris 

Qu'à propos de Paris, nous ne nous sommes rien dit.

Vous voudrez bien en outre oublier vos outrances,

Vous tenir à carreau et ne plus faire d'argent

En vendant cher, dit-on, vos dons pour l'influence"

" C'est promis mon grand Prince, je vous fais allégeance".

Rentrée en sa demeure elle s'étouffa de rire:

"Le jeune sot que voilà qui pense me raccourcir,

Je serai comme avant et gare à qui me contre".

Or un jour on apprit, qu'étant élue d'Europe,

Elle se serait vendue et reçut une enveloppe.

Un échotier un soir lui posa une question,

Sur ce sujet brûlant, de façon incisive.

La Dame le menaça de ses foudres les plus vives.

"Croyez moi, lui dit-elle, je retiens votre nom."

Cela fit du tintoin, les masses s'offusquèrent,

La presse s'éleva contre la va-t-en guerre,

Monsieur Bayrou prit peur,

Il y eu maint railleurs.

Le Jeune Prince furieux, la rappela à l'ordre.

"Allez donc vous fair voir" dit l'élégante dame,

"Les accords que je donne valent pour ce qu'ils mordent,

Que voulez-vous mon Prince, je suis pire qu'une lame

Il fallait réfléchir; je suis guère fréquentable.

Vous le saviez fort bien.

Mais une fois encore avez fait le malin."

Le jeune Prince avait lu. Il se souvint d'une fable,

Un vers précisément, pointu comme une arrête:


"Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette".




 




  












lundi 30 juin 2025

 



                                    Cher Eskandar, (*)


Je t'écris de Paris.

Le voyage fut long comme tu l'imagines, mais ma vieille Peugeot a rempli son office pendant les dix jours que m'a pris le voyage. 

Sortir d'Iran fut périlleux. Mais enfin cela a pu se faire, avec l'aide de Dieu qui nous a pourtant bien oubliés.

" En quelque religion qu'on vive, dès qu'on en suppose une, il faut bien que l'on suppose aussi que Dieu aime les hommes puisqu'il établit une religion pour les rendre heureux" avait écrit depuis Paris le Seigneur Usbek mon ancêtre vénéré dans une de ses nombreuses lettres .

Qu'a-t-on fait pour qu'il nous aime si peu ?

J'ai donc fui les bombes d'Israël et les prisons de l'Ayatollah numéro 2,  laissant un fils que l'on a pendu dans sa cellule parce qu'il protestait; je n'ai jamais pu récupérer son corps, comme s'il n'avait jamais existé.  Ma femme est morte de chagrin.  

J'aurais dû faire comme toi. Partir il y a longtemps. Elham et Feriel seraient toujours à mes côtés. Honte à moi.

Je veux d'abord t'écrire ceci car je sais tes interrogations légitimes, toi, qui vis en Turquie:

 Non, je ne suis pas allé à Neauphle-le-Château d'où sont partis nos malheurs.  Le souvenir de ceux que j'aimais m'en a empêché. J'aurais craché devant le porte du 23 route de Chevreuse où l'Ayatollah numéro 1 séjourna avant de s'envoler pour Téhéran dans un avion que la France avait mis à sa disposition.

C'est un trait des français et de ses chefs très particulièrement, que de vouloir se distinguer et de faire la leçon.

 Il y a chez eux une sorte de snobisme de démonstration caché sous des raisonnements sophistiqués en apparence, mais superficiels en réalité.  Nous en a vu le prix.

Manuchehr le généreux me loge. Son diplôme de pédiatrie lui a permis de trouver un emploi il y a douze ans maintenant et d'être naturalisé français. Tu aurais été heureux de le connaître.

Avant de me poser à Paris,  j'ai visité ce pays magnifique doté de terres généreuses , bordé par des mers et des montagnes, produisant du blé, du maïs, des fruits en abondance et des vins somptueux; les meilleurs du monde. 

Les universités sont nombreuses et les écoles aussi qui forment à tout ce que l'homme peut souhaiter apprendre.

Ils ont des banques puissantes et des usines modernes.

Quant à la médecine, mon ami, c'est une des meilleures qui soient, Manuchehr me l'a affirmé.

Les femmes enfin, Eskandar, sont aussi belles que les nôtres mais vont tête nue, les jambes découvertes et la poitrine au vent.

La France est le pays pour être heureux je t'assure. 

Et pourtant !  

Il n'y a plus d'argent dans les caisses, la dette est considérable et les français sont tristes.

Plus tristes que nous cher Eskandar.

Un de leurs plus grands écrivains, Albert Camus, a écrit:

" Tant de richesses et si peu de gaité".

Comprends-tu cela ? 

C'est je crois qu'ils n'ont guère d'espoir alors que nous en avons. Nous sommes malheureux des souffrances que l'on nous inflige mais nous ne sommes heureux de l'espérance du jour où elles cesseront.

Eux n'espèrent plus grand chose. Ils n'ont plus confiance dans leurs princes qui au lieu de bien gouverner se chamaillent pour des riens et achètent leurs soutiens par des facilités misérables. Imagine par exemple  que monsieur Retailleau, le président d'un parti devenu minuscule qui s'appelle Les Républicains, vient de nommer sept vice-présidents ! 

Un ami de Manuchehr m'a dit le sourire triste, "Sans doute chacun  d'eux travaillera-t-il un jour par semaine", et citant Rica le jeune compagnon de voyage de mon ancêtre vénéré:

"Ne sentirons nous jamais que le ridicule des autres ?".

Puis, accablé, il ajouta: 

- N'imaginez pas, Monsieur,  pouvoir vous installer ici , tout éminent physicien que vous êtes. Le vent est au rejet.



(*) Tristement inspiré des Lettres persanes de Monsieur Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu.





samedi 21 juin 2025

                                         

                        

                                La mort d'un géant.


Alfred Brendel est mort. Il avait 94 ans. 

Il fut un des pianistes les plus impressionnants du XXème et du début du XXIème siècle.

En 2008 nous étions au festival de piano de La Roque d'Anthéron et n'avions pu nous rendre au récital que, dans ce cadre, il avait donné au Grand Théâtre d'Aix-en-Provence. 

Nous nous étions consolés en nous disant que ce serait pour une prochaine fois, ici ou ailleurs. 

Mais il n'y en eut pas car Brendel avait décidé d'arrêter sa carrière à la fin de cette année là.

Tout jeune j'écoutais dans ma chambre d'étudiant ses enregistrements de concertos de Mozart chez VOX. Depuis, il ne m'a plus quitté.

Il a livré une discographie considérable: Bach, Haydn, Mozart (3 intégrales de ses 27 concertos), Beethoven (3 intégrales de ses 32 sonates), (4 intégrales de ses cinq concertos), Schubert son préféré peut-être, Liszt etc etc. Que des merveilles enregistrées pour l'essentiel pour le label Philips.

Pianiste, peintre, poète, philosophe, homme de bien de surcroît, modeste et généreux. 

Il avait dit à propos de l'interprétation, que le musicien n'est pas là pour expliquer au compositeur comment il aurait du écrire sa partition, mais pour la respecter. 

Je ne vais pas jouer au critique musical, j'en suis bien incapable (il m'arrive d'ailleurs de penser "grâce à Dieu", tant il peut y avoir de suffisance dans ce métier là)

Non , je vais poser ma plume et m'effacer devant lui pour vous permettre de le voir et l'entendre  dans le Troisième concerto de Beethoven donné en 2005 au festival de Lucerne, accompagné par l'immense Claudio Abbado dirigeant l'Orchestre du festival de Lucerne.

Ecoutez l'entrée du piano dans le largo qui suit le premier mouvement.

Laissez vous porter par le génie de ce géant sur le front duquel  Dieu, s'il existe, a certainement posé son doigt.  

Vous oublierez Trump, Poutine, Netanyahou, Khamenei, Xi et le reste. 

Cela vous confortera j'espère dans l'idée qu'en dépit d'eux, il y a quelque chose de beau ici bas qui nous transcende.

Mettez votre casque si vous en avez un, et dans tous les cas laissez vous porter pendant ces 36 minutes qui sont à la fois peu de choses dans la vie d'un homme et pourtant tellement essentielles.


Cliquez sur le lien ci-dessous. 

ALFRED BRENDEL - Beethoven Piano Concerto 3 ...YouTube·GreatPerformers1·3 mars 2023YouTube


Quelques publicités apparaitront, désolé on n'y peut rien ... que vous pourrez au bout de quelques secondes faire disparaître en cliquant sur Ignorer.


lundi 16 juin 2025

 



                                     Ah, on a beau dire!


                   Monsieur le Président,

La semaine passée, j'avais la tête ailleurs. Le 9 juin je n'ai pas célébré l'anniversaire de votre extraordinaire décision de dissoudre l'Assemblée nationale. 

A dire vrai mieux ce fut, car j'ai encore la gueule de bois.

Quand j'y pense me revient ce qu'écrivait Adrien Bellanger dans Les derniers jours du parti socialiste à propos de quelqu'un qui aurait pu être vous:

"Son drame et son génie c'est d'aimer tellement les coups de billard à trois bandes qu'il finit par préférer les bandes au coup" 

Depuis lors donc:

- Un premier ministre monsieur Attal gérant les affaires courantes jusqu'en septembre 2024. Trois mois. Pendant ce temps, que s'est-il passé ? Rien. S'agissant des affaires courantes c'est dans l'ordre des choses me direz-vous.

- Lui succéda un autre premier ministre, monsieur Barnier. Homme de convictions, expérimenté et compétent. Un peu trop raide peut-être. Il a tenu trois mois. Pendant ce temps, que s'est-il passé ? Rien.

- Puis vous avez nommé autre premier ministre, peu compétent celui-là malgré la longueur de sa pratique politique et la constance de son ambition. Voilà un homme qui donne à penser que sa préoccupation essentielle est de durer. Il est là depuis six mois. Depuis lors que s'est-il passé ? Rien.

Un an déjà ?

Non, un an seulement

Il en reste encore deux avant la prochaine élection présidentielle. Que va-t-il se passer  d'ici là ? Rien je le crains.

Les cavaliers s'apprêtent à rentrer dans les stalles. Ils échauffent leur monture, évaluent l'intérêt qu'ils auraient à faire sauter le gouvernement. Le reste, de toutes les façons leur importe peu puisque le temps qui vient est un temps court alors que le pays a besoin d'un temps long. En foi de quoi ils "politiçianisent".

Il est possible donc que monsieur Bayrou tienne jusque là, à moins que... 

À moins que quoi ? On ne sait pas. À défaut d'être souhaitable, tout est possible, même le pire, c'est à dire les extrêmes.. 

Il y a urgence pourtant.

Les États-Unis sont gouvernés par une administration folle sous l'autorité d'un mégalomane paranoïaque: 

Après les droits de douane,  Donald Trump a soumis au vote du Congrès un projet de budget délirant le "One Big Beautiful Bill Act" qui va impacter sérieusement l'économie mondiale et celle des pays endettés plus sérieusement encore. 

Si ce projet est voté, on y est presque, le déficit américain atteindra en 2026 près de 8% du PIB et  la dette augmentera de 2.400 milliards de dollars pour atteindre 130% du PIB.

Ce projet comprend au surplus un article 899 appelé "Revenge Tax" qui vise à instaurer une retenue à la source sur les revenus de capitaux des entreprises appartenant à des pays ayant une politique fiscale déloyale. Est déloyale par exemple la décision de la France de taxer les GAFA qui réalisent ici des profits colossaux et organisent la remontée des bénéfices pour ne pas payer d'impôts. 

Pour faire court, la plupart des économistes prévoient que les décisions de Trump plomberont  la conjoncture mondiale. La croissance sera molle pour à peu près tous les pays à commencer par les USA et pour beaucoup le service de la dette augmentera. 

S'agissant de  la France lourdement déficitaire et endettée, le poids de la dette, c'est à dire la charge d'intérêts, dépassera plus largement encore que maintenant les budgets de la défense et de l'éducation. 

Il y a tant à faire cependant, et tant à investir pour l'avenir. Au moins 100 millards d'euros par an, pour couvrir la transition écologique et le réarmement. Ajoutons la santé etc etc.

Et nous perdons notre temps.

Il y a quelques jours j'envoyais à mon vieil ami Luc une photo de la mer prise de la navette qui conduit de Dinard à Saint-Malo. 

Cultivé, facétieux et doté d'une incroyable mémoire il me renvoya cet aphorisme de la grande philosophe Léocadie Fenouillard  qui, regardant la mer s'exclama: 

" Ah, on a beau dire ! L'immensité c'est le commencement de l'infini" .

Voyez-vous Monsieur le Président, j'ai envie d'écrire  ce soir , Léocadie me le pardonnera:

"L'immensité des problème non résolus, c'est le commencement de l'infini des malheurs".


.


lundi 9 juin 2025

 




                                         Qui aurait pu nous condamner ?


C'était il y a deux ans, le 6 juin 2023.

Après d'horribles souffrances causées par un cancer dévastateur,  juste avant qu'elle soit transférée en soins palliatifs,  Anne-Charlotte a décidé de partir.

C'était notre fille.

C'était la soeur de notre fils.

C'était une jeune-femme merveilleuse.

Si, il n'y avait pas eu de possibilité de soins palliatifs,  et si elle ne s'était pas éteinte d'elle-même en ce début d'un après-midi de juin,

Dites-moi:

Si à force de douleur, à force de cris, malgré la morphine, elle nous avait demandé de l'aider à mourir.

Qui aurait pu l'en blâmer ?

Et si nous l'y avions aidée, qui aurait pu nous condamner ?

Et si nous avions refusé ? 

Si nous l'avions laissée dans ses cris, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus faire autrement que partir plus tard, beaucoup plus tard peut-être, après tant d'insupportables souffrances. 

Dites-moi,

Qui aurait pu nous féliciter ?

Je veux juste demander à celles et ceux qui sont péremptoires:

Avez-vous déja perdu un enfant ?



 



lundi 2 juin 2025

 


                                                    Cet homme est dangereux


Orgon était troublé.

Entré dans son bureau, il tira le cordon et Dorine apparu.

- Que puis-je pour vous Monsieur ?

- Allez chez Delamain et achetez La Meute, ce livre dont vous m'avez parlé. L'affaire est d'importance. Je suis fort inquiété par ce que vous m'avez dit.

- Vous avez raison Monsieur,  j'y cours.

Dorine se pressa rue Saint-Honoré . Il ne restait plus que quelques livres, car La Meute avait beaucoup de succès. Elle en saisit un , passa à la caisse où monsieur Delamain siégeait. Orgon étant en compte, elle ne le paya point.

Arrivée à demeure elle entra chez Monsieur et lui remit le livre.

Orgon demanda qu'on ne le dérangeât point et dans La Meute se plongea.

Le lendemain il écrivit à Cléante la lettre que voici. 

"Monsieur mon Beau-frère,

Je viens de lire un livre qui connait un grand succès. A dire vrai,  j'en sors fort inquiet.

Il raconte l'histoire d'un parti qui se nomme LFI et de son chef Monsieur Mélenchon.

La conclusion que j'en tire, et que je vais brièvement vous expliquer céant est la suivante: LFI est une secte et Monsieur Mélenchon son gourou qui prétend nous gouverner.

Cet homme tient tout à la fois de Joseph Staline et de Donald Trump.

De l'un il adopte les pires méthodes, de l'autre il a le caractère.

Commençons par Joseph Staline.

Le principe du Gourou est simple:  il n'y a qu'un cerveau c'est le sien et quiconque veut monter ou penser par lui-même doit être "goulaguisé".

Il  faut épurer et épurer encore, condamner et ignorer jusqu'à ses plus anciens et plus fidèles compagnons, les faire injurier par une bande de jeunes dévots incultes. Gare à celles et ceux qui y trouvent à redire, fut-ce d'un murmure.

Il suffit d'une armée de sicaires, or il en a plusieurs. Elles sont commandées par Sophia Chikirou sa très jeune compagne dans le rôle de Béria, par le taciturne Manuel Bompard le coordonateur de la secte dans celui de Malenkov, ou encore de Paul Vannier dans celui de Boulganine. Il en est d'autres qui pour rester en cour se portent volontaires. 

Le procédé est ancien , Staline le maitrisait à la perfection. Mao aussi: "On tue les compagnons de route pour faire monter des jeunes dévoués sans mémoire". Et on répète l'exercice à l'envi.

On organise sur la toile des boucles d'injures. On dénonce des supposés traitres. Il faut en effet entretenir la peur et renforcer le culte du Gourou duquel tout procède.

"Les militants sont les bras et les jambes. Je suis la tête. Je n'ai besoin de personne pour penser " a dit le Gourou. Ce ne sont pas de militants qu'il veut à son service , monsieur mon Beau-frère,  ce sont des fidèles.  

Ainsi, par exemple, va-t-on chercher celle ou celui que le Gourou invite à sa table et on prévient "Attention c'est ta chance" . Le fidèle est invité par Dieu.

Gare à lui s'il commet un impair.  On est rayé de la liste des candidats à une élection pour moins que cela.  Dix ans de militantisme réduits à néant. 

On tire la chasse et de quelle manière, violente, vulgaire, puante même.

Tenez, Cher Cléante, une courte liste des fruits de l'épuration:

Charlotte Girard, la veuve de son frère d'arme, la conscience en sorte dont il ne veut pas qu'elle témoigne: goulaguisée.

Jérôme Guedj qui n'est plus dans la secte mais demeure son "fils en politique"  et qui désapprouve ses envolées antisémites:  goulaguisé.

Alexis Corbière et Raquel Garrido qui le servaient depuis 20 ans et de ce fait avaient cru pouvoir réfléchir et parler: goulaguisés.

Clémentine Autain, qui a du caractère:  goulaguisée.

François Ruffin, qui ose penser: goulaguisé.

Au  député Davi qui avait dit un désaccord le Gourou a lancé:

"Tu n'effaceras pas le sens de ton travail de tireur dans le dos. Ne te trouve jamais au même endroit que moi".

Vous le savez, Cher Cléante, je n'ai pas les idées de tous ces épurés; je les trouve dangereuses pour la France, mais ce n'est pas ici le sujet. Je me demande tout de même pourquoi tous ces gens qui ne sont pas des sots n'ont pas pris la poudre d'escampette. Ils étaient des disciples  me direz-vous  peut-être. C'est une explication, ce n'est pas une excuse.

Il ne reste au fond que des gens sanctionnés pour avoir pensé 

La sanction peut-être formulée avec délicatesse. Jugez-en.  Tenez, de madame Chikirou. 

Après qu'elle avait fait paraître une information fausse sur un étudiant blessé dans une manifestation , des militants  inconscients lui ont demandé de publier dans les gazettes un communiqué d'excuses. Sa réponse vous ébahira:

"Cette bande de tafioles de merde n'ont qu'à se la mettre ...." .

Je vous épargne la suite à côté de laquelle ce que je viens de citer n'est que tendre bluette.

Voyez-vous mon ami au delà de la vulgarité,  en plus d'être devenu antisémites par calcul afin d'attirer les jeunes des banlieues , ils sont aussi devenus homophobes.

Du temps de Staline on traitait les épurés de hyènes lubriques

Avec madame Chikirou on a changé de vocabulaire. 

Le Gourou ne dit rien; cela doit lui convenir. 

Au moins me disais-je,  doivent-ils être intègres. 

Or il ne semble pas.

Les comptes de campagne du Gourou sont sous enquête. 

Madame Chikirou  aurait quant à elle gagné beaucoup d'argent en facturant au prix fort ce qu'elle payait au prix faible, sachant qu'à la fin c'est l'État qui paierait. En foi de quoi, la dame est mise en examen pour "escroquerie aggravée" et "abus de biens sociaux". 

Parlons de Donald Trump, maintenant.

Deux citations encore et je vous laisse en paix:

De Pierre-François Grond qui le connaît bien:

"Plus on le voit, plus on voit qu'il a une incapacité à accepter autre chose que la soumission individuelle".

Et du Gourou lui-même:

"Je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas".

Donald vous dis-je !

Un proche du Gourou cité par les auteurs de La Meute leur dit amusé:

"Le problème de Mélenchon c'est qu'il est fou."


Fou je ne sais pas, mais dangereux c'est certain.

Terriblement dangereux.


Monsieur mon Beau-frère, faites-moi visite un jour. 

Nous nous entretiendrons de la sagesse et de l'honnêteté car vous êtes un sage et un parfait honnête homme. 

Vous me ferez grand bien.