lundi 14 octobre 2024

 



                                          Vous avez quatre heures.

Il y a quelques jours alors qu'il pleuvait sans discontinuer sur la France, un ami plus que cher, m'a adressé ceci:

                    " La pluie assèche-t-elle nos âmes"

                            Vous avez quatre heures.


Alors je m'y suis mis.

Le 24 février 2022 un orage de Russes tombait sur l'Ukraine. Depuis, chaque jour, il pleut des bombes et des morts sur ce pays innocent à l'histoire tragique. L'hiver arrive, les bombes et les roquettes accompagneront la neige. 

Le 7 octobre 2023 un orage de barbares a massacré près de 1200 israéliens dont plus de 800 civils et fait 250 otages. Depuis, Israel riposte au-delà de la riposte, tuant selon l'UNICEF plus de 40.000 civils dont près de 15.000 enfants. Les missiles pleuvent, de part et d'autre, le sol est inondé de cadavres. 

Au Venezuela, en Tunisie, et dans tant et tant de pays, des dictateurs aux petits pieds, des généraux véreux, s'enrichissent et capturent la démocratie. Il pleut sur leurs prisons, inondées de prisonniers politiques.

Où que l'on regarde, les extrêmes progressent pour, pays après pays, atteindre le pouvoir. Pleut alors discrètement d'abord, plus franchement ensuite, la censure de la justice, de l'information, des lettres et des arts.  Et nous de nous dire, pourvu que Trump n'y parvienne pas. Car les Etats-Unis, tout de même, ce n'est pas la Venezuela.

"Il est des fauteuils qui définissent ceux qui sont assis dessus" (Proust: Sodome et Gomorrhe)

On se consolerait presque de la situation de la France, où après tant de légèreté, l'indispensable rigueur fera pleuvoir des larmes.


Alors, les coeurs de ceux qui restent ou qui survivent, ou qui s'estiment simplement abandonnés ou méprisés s'assèchent et s'assèchent encore puis se durcissent. 

A la fin si cela dure, les âmes qui s'y nourrissent, desséchées elles-mêmes finiront par périr.


Foutu dérèglement climatique !










lundi 7 octobre 2024

 

                                  


                                  Les Salauds !


Alors qu'allant vers Paris je m'apprêtais à entrer sur l'autoroute de l'ouest, j'ai vu, collée sur un bloc de chantier en béton une affiche sur laquelle était dessinée le visage d'une jeune fille, les joues pleines, coiffée d'une queue de cheval et pourtant un t-shirt rayé. Sur ses épaules, de fines bretelles. 

En dessous:

                                    Philippine 19 ans                                

                                        TUÉE PAR

                                UN MIGRANT

En petits caractères

                                                    MAROCAIN SOUS OQTF

                                                DÉJA CONDAMNÉ POUR VIOL


Les caractères,  la composition de l'affiche ont été pensés et réalisés pour que l'on ne voie que le dessin et  "TUÉE PAR UN MIGRANT"

Cette affiche a été pensée et réalisée pour créer l'amalgame c'est à dire pour que "le passant qui passe" se dise "l'immigré est un violeur".

 Les arabes, les noirs  - excusez-moi eux disent les nègres-,  ceux qu'on ne sait pas nommer comme ça, à première vue,  des afghans qui ont fui les talibans, ou des syriens qui fuient Assad par exemple; tous ceux-là ?  Des violeurs!

L'éboueur noir qui erre l'après-midi dans son quartier après avoir assuré son service de 5 heures du matin à l'heure du déjeuner: un violeur!

L'ouvrier noir qui tôt le matin, quelle que soit la température , creuse les tranchées dans Paris et se repose après en marchant lui aussi dans son quartier: un violeur!

Le sri-lankais qui fait la plonge jusqu'à la fermeture du restaurant puis rentre tard, la nuit, dans son foyer: un violeur!

Alors   je voudrais bien savoir qui est le salaud qui a eu cette idée ignominieuse.

Je voudrais bien savoir qui est le salaud qui a fait le dessin.

je voudrais bien savoir qui est le salaud qui a écrit le texte.

Je voudrais bien savoir qui est le salaud qui l'a composé.

Je voudrais bien savoir qui est le salaud qui l'a imprimé.

Je voudrais bien savoir qui sont les salauds qui en cachette,  la nuit, sont allés coller ces affiches tellement semblables à celles qui dans un passé pas si lointain en dénonçaient d'autres.  

Je voudrais bien savoir qui sont les charognes qui pour servir leur détestable besogne ont accaparé la souffrance d'une mère, d'un père et de ce qui leur reste d'enfants, tous admirables de dignité, et qui souffrent dans le silence. 

Monsieur le ministre de l'intérieur, à la suite de ce drame vous avez déclaré être "favorable à faire évoluer l'arsenal juridique pour protéger les français."

Faire évoluer l'arsenal juridique, peut-être est-ce nécessaire. 

Ajouter "pour protéger les français" c'est commencer d'écrire le scénario de l'affiche détestable.

Vous vous revendiquez du catholicisme.

 Alors relisez les Évangiles. Je les ai lus, plusieurs fois. Nous n'avons pas compris la même chose, manifestement. 

Si vous n'êtes pas assez intelligent pour concilier la foi que vous revendiquez et votre fonction, alors laissez la place.



lundi 30 septembre 2024

 



                                                    C'est pour nous faire rire



Sortant d'une semaine agitée, loin de Paris, sans grande connexion internet, revenu, je fais court. 


Comme on pouvait le craindre, ça commence.

Chacun y va de sa petite partition.

Monsieur Retailleau, réagissant au crime commis par un violeur  marocain,- il y en a aussi au Maroc- ,  faisant l'objet d'une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) dit  vouloir mener une politique de sécurité  à la droite des Républicains qui n'est pas forcément d'ailleurs à la gauche du front national. 

Evidemment cela réagit du côté de ceux qui chez les "macronistes" ne se sont pas engagés pour cela. Le garde des sceaux est d'ailleurs moins péremptoire.

Monsieur Barnier annonce qu'outre les efforts demandés aux français, il va falloir augmenter certains impôts, tiens donc. Et ça rouspète chez ceux qui, dans l'espèce de coalition actuelle, y sont opposés. A l'intérieur du gouvernement, tout le monde ne sera pas d'accord.

C'est pourquoi sans doute, en prévision de la cacophonie,  le Premier ministre a nommé une ministre déléguée auprès de lui, chargée de la coordination gouvernementale. Étonnante innovation dans un monde étonnant, il est vrai.

Je profite de ce couplet sur la fiscalité, pour répondre à certains d'entre vous  qui directement, le plus souvent,  m'ont dit ou écrit ne pas partager le contenu de mon article. 

Je veux d'abord les remercier pour l'intérêt qu'ils portent à Croque-notes. Cela me touche et m'honore. 

Je vais reproduire ici un extrait de la réponse que j'ai faite à l'un d'entre eux, homme de grand talent, qui m'avait écrit la liste des actions à conduire si l'on voulait redresser le pays. Cette liste  comprenait notamment la fin des fêtes carillonnées chômées:

"Je partage beaucoup de vos idées, pas toutes,  ...et me rappelle notamment avoir un jour dit à un délégué CGT qui m'agaçait « Vous bouffez du curé tous les matins au petit-déjeuner mais adorez les fêtes carillonnées que vous chômez avec enthousiasme »...
Il reste que ces réformes ne peuvent, de mon point de vue, être mises en oeuvre que par un président et un gouvernement légitimes, bénéficiant de la durée et d’une majorité solide. 
.....
Reste que d’ici là il faut faire baisser la température, car la cocotte est au bord de l'explosion. 

C’est ce que je propose.

Très cordialement,

Cet homme éminent m'a paru approuver.

Précisons que depuis mon article d'il y a simplement huit jours, l'estimation du déficit budgétaire pour 2024 a été portée de 5,6 à 6% du PIB. La bagatelle de plus de 11 milliards.


Pendant ce temps, madame Macron assiste au défilé de rentrée chez Dior.

L'apprenant, je  pense à cette adresse que l'on devine rageuse  de Tocqueville en 1848, dans son discours à l'Assemblée à propos de la classe ouvrière:

"Ne voyez-vous pas que leurs passions, de politiques sont devenues sociales!"

Madame Macron s'en moque.  À moins que, comme à propos de son mari, on peut avec Drieu La Rochelle dans Gilles dire  "son incurable incapacité à mordre à la réalité, lui donnait l'illusion d'être un esprit rare". 

                                               XXXXX

Mais ne désespérez pas amis lecteurs.

Car grâce à Dieu, Ségolène est là pour nous ouvrir les yeux et comme dit le cantique "pour nous sauver"

Comme on lui demandait sur Franceinfo pourquoi, à son avis, Michel Barnier ne l'avait pas  appelée sa réponse fut "parce que je suis une femme, c'est évident".

Les 19 ministres, ministres déléguées et secrétaires d'État  femmes du gouvernement Barnier  sont donc "transgenres". Sans Ségolène, nous ne l'aurions pas su.  Quelle femme!

Alors que je me demandais pourquoi la dame était si souvent invitée à délivrer sur les ondes sa pensée lumineuse, m'est venue cette réponse: 

"C'est pour nous faire rire".

Nous en avons bien besoin, il est vrai.

                                                   




mardi 24 septembre 2024

 


                                    Croyez-vous que cela m'amuse?


Eh bien nous y voilà, nous avons un gouvernement, et cela ne va pas être simple, tant la gouvernance du pays est dégradée. Monsieur Macron a inventé le concept d'Instabilité ministérielle sous la Vème république.

Jugez donc, depuis 2022:

Le ministère de la santé - "grande cause nationale"-connaît son 6ème titulaire; durée arithmétique moyenne en poste: 4 mois et demie.

Celui de l'éducation nationale "grande cause nationale" son 5ème; durée 5 mois et demie.

Celui du logement "grande cause nationale" 4ème; durée 6 mois 3/4

Celui des comptes publics"grande cause nationale" son 3ème; durée 9 mois

Que des ministères en charge de la vie des français.

Comment voulez-vous que la France aille bien!

Et vous voilà donc, Monsieur le Premier ministre avec une équipe de novices, pour l'essentiel, devant un mur de problèmes. 


 La situation économique de la France est préoccupante: croissance faible , environnement proche incertain,  avec:

 - une Allemagne, notre principal partenaire, en panne, gouvernée (gouvernée ?) par un chancelier buté et chafouin, 

- une Europe divisée sur l'essentiel peu disposée à s'unir pour mener une politique de financements communs des grands enjeux industriels et climatiques auxquels elle est confrontée.

-  une Europe peu disposée, aussi,  à faire des cadeaux à un président arrogant.

 La situation budgétaire est catastrophique avec un déficit public de 5,6% du PIB en 2024 et possiblement supérieur à 6% en 2025.

Enfin une dette publique représentant plus de  110% du PIB.


Face à cela , la France est confrontée à des enjeux considérables:

- 100 milliards à investir dans les 10 années à venir pour financer la transition écologique.

- Face aux menaces à nos portes, la nécessaire poursuite de l'investissement dans notre défense

- Un système de santé public en grande tension.

- Les 2/3 des EPHAD au bord de la cessation de paiement.

- Le secteur du logement en crise, avec une construction en berne et des français qui,  compte tenu du niveau des prix et malgré leur baisse, fort relative au demeurant, ont de plus en plus de mal à acquérir un logement.

- Des PME en difficulté, avec un nombre de défaillances d'entreprises en progression de plus de 30% en 2023 et restant à un niveau élevé en 2024..

- L'éducation en difficulté dans les banlieues, les zones périphériques, les villages et la bourgs..

Etc. etc.

Ajouterais-je aussi,  que la France avec  66 millions d'habitants et un PIB de 2.800 milliards compte 35.000 communes quand l'Allemagne 84 millions d'habitants  et un PIB de 4.120 milliards n'en compte "que" 11.000. 

Pour la France, cela fait des routes , des écoles, des bureaux de poste et des facteurs,  des réseaux pour le tout-à-l'égout, le gaz et l'électricité,  des besoins de maisons de santé, de maternité,  etc. etc..., tout cela en plus

L'Everest, vous écrivais-je la semaine passée. Oui, avec sur le dos un sac chargé de lourdes pierres

Alors que faire ?

 Surtout pas d'augmentation des impôts entends-je, c'est une ligne rouge.

A 48% du PIB, la  France a le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé des pays comparables de l'OCDE.

C'est vrai et ce n'est pas glorieux.

Mais, pour dire vrai, dans l'absolu, cela ne veut pas dire grand chose, quant à la ligne rouge c'est une posture idiote.

Cela ne veut pas dire grand chose car il faut comparer les données à structures comparables, à organisations territoriales comparables ,à systèmes de protection sociale comparable et regarder ce qu'il reste dans la poche des citoyens une fois qu'ils ont payé et cotisé que ce soit dans un système public ou privé. Or on n'a pas encore entendu que je sache,  les français demander qu'on raye 10.000 villages de la carte et qu'on remette en cause la sécurité sociale pour tous.

C'est une posture idiote car nous sommes à un moment où il faudra bien que la raison et l'équité remplace les slogans.

La quasi-totalité des économistes pense que diminuer le déficit budgétaire actuel, en n'agissant que sur les dépenses, entraînera une récession. J'ajoute qu'elle sera accompagnée des graves troubles sociaux dont rêvent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

 Le gouverneur de la Banque de France qui n'est pas,  loin s'en faut, un défenseur des prélèvements fiscaux, vient de déclarer que la France doit améliorer ses comptes publics de 20 milliards chaque année pendant 5 ans. Il préconise 1/3 par l'impôt - soit près de 7 milliards, et 2/3, soit 13 milliards par la diminution des dépenses.

Ceci,  "toutes choses égales par ailleurs", c'est à dire sans crise. Or il y aura des crises, je le crains.

Ne comptez pas sur moi pour jouer les économistes de bazar, il y en a assez, mais en revanche, comptez sur moi pour dire que je dois contribuer à l'effort.

Ne croyez pas que cela m'amuse, mais enfin: 

Instaurer  de nouveau, pendant un temps, une fiscalité de solidarité intelligente sur le capital financier, ce n'est tout de même pas confisquer. 

C'est demander à ceux qui ont un patrimoine significatif  - pas les riches de ce pauvre François Hollande qui affirmait en 2011 qu'on était riche quand on gagnait 4000 € par mois-.  Mettons la base d'imposition à l'IFI réévaluée pour inclure sous une forme et des pourcentages à déterminer tout ou partie des actifs financiers, exonérés depuis 2017.

 Cette contribution au redressement national sera  demandée aux fonctionnaires, aux agences de l'Etat, aux association subventionnées, aux salariés et aux entreprises. 

Elle sera demandée à celles et ceux qui bénéficient des aides aux logement, des aides au maintien à domicile, aux étudiants possiblement aussi. A tant d'autres encore. 

Et l'on voudrait, en vertu d'une posture purement politicienne, que dans cette effort de la nation, ceux qui ont, n'y participent pas ? 

Il faut évidemment, faire cela intelligemment.

La contribution n'est pas la spoliation et je ne suis pas favorable à la taxation des seuls ultra-riches. C'est quoi d'ailleurs un ultra-riche, ça se définit à partir de combien et relativement à qui ? Je n'y suis pas favorable même si je déteste et méprise l'étalage de  indécent de richesse dont certains font montre,  car le faire c'est désigner. Les désignations, on sait comment ça se termine.

La contribution ne doit pas aboutir non plus à l'affaiblissement des actionnaires familiaux qui provoquerait immanquablement la vente de leurs entreprises à des fonds qui n'ont pas d'âme et ne demandent que cela.

J'avais écrit le 22 juillet le mal que je pensais de la suppression de l'ISF; il est temps de revoir et corriger les choses.

Oh je le sais bien. Certains penserons, à juste titre,  qu'une telle politique nécessite la durée et que le gouvernement n'en a pas, qu'il lui faut aussi s'appuyer sur une légitimité indiscutable et que le gouvernement en a guère.

Ce que je souhaite, ne pénalisera ni la consommation, ni la croissance, ni l'investissement. En d'autres termes, si cela marche tant mieux et  si cela ne marche pas, eh bien les ayants auront un petit peu moins. 

Mais on aura tenté quelque chose et peut-être renforcé le nécessaire sentiment de solidarité nationale.

Alors oui, ça ne m'amuse pas, mais j'espère bien qu'on me fera mettre la main à la poche.

                                                
















lundi 16 septembre 2024

 



                       Je ne sais comment vous dire.

    


Je ne sais comment vous dire le sentiment d'émerveillement et de terreur mêlés ressenti à la lecture du livre exceptionnel, le deuxième, de Gaël Faye.

Après Petit Pays en 2016 - roman autobiographie d'un enfant métis qui voit monter et vit les périls puis le génocide au Rwanda-  ce jeune homme si talentueux, vient de publier chez Grasset, Jacaranda.

C'est l'histoire d'un garçon, Milan, fils d'un français admirateur de Kundera et d'une rwandaise, Valencia, qui a quitté son pays il y a vingt-cinq ans.  Il raconte et se raconte, depuis sa prime enfance jusqu'à l'âge adulte. 


Allers-retours de Versailles à Kigali.

Ses parents adoptent un enfant venu de là-bas, avec un trou dans la tête, après les massacres. Il en fait son frère, lui qui n'en a pas.

Puis il y va dans ce pays, avec sa mère. " Pour la première fois j'éprouvais soudain le trouble de mes origines"  et découvre que cet enfant adopté qui était reparti n'était pas un enfant adopté et n'était pas le frère qu'il s'était fait.

Alors là-bas, dans ce pays lointain, dans le pays de sa mère  Valencia qui se tait, d'Eusébie cette amie d'enfance perdue depuis vingt-cinq ans, qui se tait elle aussi,  de ce frère qui ne l'était pas, de cette enfant qui retrouve l'âme des siens sur la plus haute branche du jacaranda devant sa maison,  il y a une histoire.

L'histoire de l'innommable, de la douleur qui se transmet sans se dire. Et l'impossible oubli, et sa nécessité pourtant. 

"La nuit, ils buvaient jusqu'à la folie, ... pour écoper leur tristesse et faire taire les souvenirs qui perturbaient leurs consciences. La conscience des bourreaux, la conscience des victimes. La conscience d'un peuple inguérissable."  

Et malgré tout, la beauté possible des âmes et la possibilité du pardon. 

Lisant la description par Eusébie des massacres auxquels elle avait échappé me revenait L'espèce humaine, livre fondamental que Robert Antelme  avait écrit sur son expérience dans les camps. Horreur différente. Même horreur.

Lisant le narrateur racontant la mort de sa mère , lui tenant la main sur son lit d'hôpital et récitant à sa demande le "Je vous salue Marie" auquel il ne croyait plus, ému, et pensant à un passé proche, les larmes me sont venues.

Et pendant ce temps, on continue de canarder, de bombarder, de "missiler".

Et pendant ce temps Trump, Mélenchon, Le Pen et tant d'autres, poussent à la haine et au rejet au seul motif  de leur obscène obsession du pouvoir.


Lisez Gaël Faye et continuez de croire que l'espèce humaine est  capable de faire le bien. Aussi . Malgré eux.

Et puis,  espérez avec moi que ce livre magnifique sera primé.


                                               XXXXX

Ce sera tout pour aujourd'hui. Le reste ma foi... 





dimanche 8 septembre 2024

 


                             Michel affronte l'Everest

                  Edouard tente l'undercut

                                                                   

                                                        

 Rassurez-vous, Monsieur le Premier ministre,  je ne vais pas ajouter des commentaires aux commentaires, jouer à mon âge les politistes en herbe, mais tout de même, pour le vulgaire, vous êtes étonnamment sorti du chapeau.

Il faut dire que votre parcours est impressionnant. Le plus important, le plus complet, le plus technique, sauf erreur, depuis 1958, au moins. 

- Conseiller général à 22 ans.

- Député à 28 ans

- Président du Conseil général de la Savoie à 31 ans

-  Co-organisateur, avec Jean-Claude Killy des jeux olympiques d'hiver d'Albertvile  en 1992

Puis:

- Ministre de l'environnement

- Ministre des affaires européennes

- Commissaire européen aux politiques régionales

- Ministre des affaires étrangères

- Ministre de l'agriculture et de la pêche

- Vice-président de la Commission européenne chargé du marché intérieur et des services ( poste éminemment technique qui vous a conduit à mettre en oeuvre la régulation du système bancaire après la crise de 2008) 

- Négociateur en chef au nom de l'Europe chargé du Brexit, puis des relations post Brexit  avec la Grande Bretagne; tout aussi technique et tout aussi compliqué.

Enfin, vous voilà Premier ministre.  A 73 ans, tout arrive.

Même vos opposants louent votre force de travail et vos qualités de négociateur.

Bien entendu, on soulève la question de votre légitimité, membre d'un parti arrivé en 4 ème position aux législatives. Mais tranquillisez-vous, vous ou un autre, c'eut été pareil. 

D'ailleurs le sujet n'est pas là, il est dans l'élaboration de nécessaires compromis. Vous n'êtes pas le plus mal placé me semble-t-il.

Pour la suite on verra. 

Emmanuel Macron s'est mis dans une situation où il dépend de son adversaire.  Donc désormais vous aussi.


Le président me fait penser à ce mot de Chateaubriand 

sur Charles X :

"Il a dit qu'il ne reculerait pas d'un pied, quelques minutes après il allait reculer d'un royaume"


Bon courage monsieur le Premier ministre.



                                        XXXXX

Rancoeur:

.J'ai regardé et écouté les discours prononcés par Gabriel Attal et Michel Barnier lors de la passation de pouvoir dans la cour de l'Hotel de Matignon.

La rancoeur de l'ancien premier ministre, sa colère froide même, était saisissante: voilà un jeune homme qui adulait un homme un peu moins jeune et qui, d'un coup, le déteste; il grandira et saura tuer. N'en doutez pas.


Edouard Philippe (*) a accordé une importante interview au Point.

Rancoeur, colère à l'endroit du même. 

Annonce aussi qu'il sera candidat  en 2027 - ou avant si, d'aventure,  Emmanuel Macron venait à démissionner. 

Il tente l'undercut. 

En formule 1, l'undercut consiste à anticiper un arrêt au stand pour changer ses pneus avant l'adversaire qui vous précède,  l'obligeant ainsi à adapter sa stratégie en fonction de la vôtre... espérant que, si cela se passe bien, quand l'adversaire se décidera vous serez passé  devant, définitivement  .

Il dit dans cet interview "ce que je proposerai sera massif. Les français décideront."

Nous verrons le moment venu.

Dans tous les cas, quelle que soit la situation, l'Assemblée ne peut pas être dissoute avant le 7 juillet 2025. 

Pendant ce temps le Président laisse pousser ses pattes; elles arrivent au bas des oreilles. Bientôt des favoris? Les autres sont partis, il est vrai.

Peu importe.

"Son incurable incapacité de mordre à la réalité, lui donnait l'illusion d'être un esprit rare"

Dieu La Rochelle: Gilles


                                                     XXXXX

Je viens de lire Cabane d'Abel Quentin aux Éditions de l'Observatoire. Roman noir et foisonnant. Il prend pour appui le rapport Meadows de 1972 sur les limites de la croissance et la finitude de la terre. Il le nourrit de 4 personnages inventés, aux destins opposés.

 J'avais adoré Le voyant d'Étampes, du même, publié en 2021. 

Cabane est, à mon goût,  un peu trop documenté et abondant comme si l'auteur voulait nous montrer combien il avait travaillé, et comment, maintenant,  il savait beaucoup de choses. C'est un bon roman, il faut le lire. C'eût pu être un grand roman. Il a manqué la sélection sur la première liste du Goncourt. Il ne me surprendrait pas que les lycéens le rattrapent.

                                                    XXXXX

(*) Edouard Philippe a écrit  "Des hommes qui lisent", publié en 2017, chez Lattès. C'est  un bien beau livre, fort bien écrit; le récit d'un homme qui raconte comment il s'est construit humainement, familialement et politiquement par ses lectures. 

Beaucoup d'érudition, aucune démonstration.  De la profondeur.

Et si jamais...

 

lundi 2 septembre 2024

 


                                                                Des trucs en plus

                                         Des trucs en moins  


A vrai dire, je désespérais. Vous aussi sans aucun doute. Il nous a fallu attendre le 30 août, jour de la Saint-Fiacre pour que Ségolène arrive dans sa charrette, tirée par une vieille jument fourbue nommée  "Pittoyablitude".  

Offrant son corps à la France, la dame veut bien être première-ministre ou ministre ou ce qu'on voudra, peu importe, pourvu qu'on la tire de son ennui et qu'elle retrouve le chemin des plateaux .

 Cette dame a de gros trucs en moins: le sens du ridicule, de la dignité et du respect des autres notamment. 

Pitoyable. 

Allons, passons,  elle ne mérite pas davantage.

                                                XXXXX

 Agnès Buzyn a publié en septembre 2023 chez Flammarion un livre, utile et éclairant intitulé "Journal (janvier-juin2020)".

C'est plus qu'un journal. L'ancienne ministre de la santé et des solidarités retrace quelquefois heure par heure, la montée de l'épidémie du COVID, ses échanges,  écrits le plus souvent, avec les autorités, les plus hautes comme les plus anonymement dévouées. Elle reproduit ses échanges  essentiels avec le président de la République (PR), avec le premier ministre d'alors Edouard Philippe (PM) qui l'ont sans doute autorisé. 


Chronique de 500 pages , captivantes et bien écrites d'où il résulte notamment qu'Agnès Buzyn:

- a compris tout de suite - je dis bien tout de suite-  qu'on allait vers une grave crise mondiale.

- qu'elle a alerté immédiatement.

- qu'elle a précisé que l'on était devant un virus inconnu et qu'il allait falloir faire preuve de détermination, de prudence et mettre immédiatement en oeuvre une politique de prévention des risques.

- que contrairement à ce qui a été dit et écrit, la question des masques n'a pas été ignorée. Mais en 2013, elle n'était pas en poste,  la doctrine avait changé (dégonflement du stock centralisé et transfert de la compétence de commande aux établissements de santé). Qu'au surplus, les masques étaient importés de la province chinoise de Wuhan d'où était partie la pandémie. Commandes impossibles.

-   qu'à part quelques exceptions - dont le "PR" et le "PM"- elle s'est heurtée à un mur de scepticisme, d'ânerie et de prétention et aussi d'injures.

- qu'il y a eu dans cette affaire des personnages exceptionnels  dont Jérôme Salomon, le directeur général de la santé de l'époque ou son directeur de cabinet Raymond Le Moign aujourd'hui directeur général de L'Hospice civil de Lyon notamment  et qu'il en est d'autres qui furent détestables: ils sont nommés citations à l'appui.

- qu'elle a supplié en vain - par écrit-  l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de décréter l'urgence sanitaire. Jusqu'à ce que ses dirigeants comprennent enfin; c'était bien tard.

- qu'elle a supplié en vain - par écrit- l'Europe de se coordonner. Jusqu'à ce qu'elle comprenne enfin; c'était bien tard.

- que les "complotistes" proches de milieux d'extrême droite ont dénoncé "la juive"... dont le père, pourtant,  était un rescapé des camps. Ils le regrettaient sans doute. Pas de père, pas de fille.

- que la presse et parmi elle, certains journalistes fort réputés pour leur sérieux, appartenant aux organes écrits, audio, ou télévisuels de tous bords l'ont crucifiée vivante (citations à l'appui) ou soutenu Eric Raoult, le charlatan de Marseille ,  qui vantait les effets de l'hydroxychloroquine alors même que les autorités sanitaires et les chercheurs internationaux les plus qualifiés avaient démontré son inefficacité. Ségolène Royal brillante comme d'habitude avait à la radio et sur twitter devenu X, condamné Agnès Buzyn et soutenu ce "pauvre professeur Raoult". (Elle a depuis courageusement effacé ses messages).

- que beaucoup des parlementaires, ne prenaient pas la menace au sérieux ou n'y comprenaient rien et notamment ce principe pourtant simple: on ne peut pas prendre de mesures préventives pour se prémunir d'un virus qu'on ne connaît pas.  Charitable, elle ne dit pas le nom du député auquel elle a dû expliquer cette lapalissade. En vain probablement.

Etc. etc.

Agnès Buzyn cite abondamment Camus, "La peste" , ouvrage fondamental que j'avais relu pendant la pandémie

"Personne n'avait encore accepté réellement la maladie. La plupart étaient surtout sensibles à ce qui dérangeait leurs habitudes ou atteignait leurs intérêts... Leur première réaction,  par exemple,  fut d'incriminer l'administration."


"Mais il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort"

 

Ce qu'on lit dans ce "journal"  est grandement expliqué, daté, précis, argumenté. Agnès Buzyn  reste modeste pourtant. Si elle est excédée par ceux qui ignorent et affirment, elle, scientifique de renom, dit aussi ses doutes et ses craintes. 

Au fond c'est une femme blessée qui le sera davantage à partir de son entrée en campagne pour les municipales à Paris.

Car voilà, elle se laisse convaincre par le Président,  remplaçant au pied-levé Benjamin Grivaux pris dans une histoire de cornecul.

Je me suis demandé, à l'époque, ce qui avait pu la conduire à ce choix et j'étais sévère. Je n'acceptais pas qu'elle quitte son ministère dans un moment pareil. Elle souhaitait d'ailleurs le garder.

J'ai lu l'explication: le Président  l'avait convaincue que c'était son devoir, il avait tort, et que Paris n'étant pas Carpiquet le Coucou, on ne pouvait être en même temps maire de Paris et ministre, il avait raison.

Elle écrit qu'il est difficile de résister au Président.

Dommage. L'intérêt était qu'elle restât.

Peu d'équipe, peu de temps, pas faite pour cela, les rumeurs, les saloperies sur cette "ministre responsable qui avait des morts sur la conscience".   En un mois et demi, elle avait démissionné le 16 février! 

 Dati et Hidalgo Villani, sordides, chacun à leur manière.

On sait la suite: 13%.

Les mémoires d'hommes ou de femmes politiques ne m'enthousiasment guère. Ce sont souvent des plaidoyers pro domo sans grand intérêt. J'ai lu, là,  un "journal" passionnant, justement écrit par une femme injustement blessée. 

Madame Buzyn a quelque chose en plus: l'intelligence, le courage et la dignité.

 Elle a quitté la politique.  Qui pourrait le lui reprocher?


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Pendant que Ségolène s'amuse...

Fumée noire, toujours. 

Le mur budgétaire approche : mi-septembre, dans 12 jours, le projet de budget doit être remis au Conseil d'État et au Haut conseil des finances publiques, après avoir été présenté en conseil des ministres pour enfin être transmis au parlement le 1er octobre.


Funeste dissolution!

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Vu deux films:

Le roman de Jim , des frères Larrieu : mélo réussi servi par un excellent  Karim Leklou (découvert dans Hypocrate) et une pétulante Sara Giraudeau. Le petit Eol Personne  - 7 ans- ira loin si les petits cochons ne le mangent pas


Un p'tit truc en plus d'Artus: très belle réussite sur le handicap, la joie et le dévouement. Plus de dix millions de spectateurs en France.

Ces "handicapés" splendides insufflent en nous le goût simple du bonheur, de l'essentiel et de la générosité.

Ils ont un Un p'tit truc en plus...et nous sortons du cinéma avec un gros coup au coeur.