La respiration caverneuse.
Pour dire vrai, ni les Outrenoirs de Soulages, ni les peintures et tapisseries de Lurçat, ni l'abbatiale de Conques, ni l'Aveyron ni le Lot d'une telle majestueuse beauté, ni ces jours passés avec des amis très chers ne m'ont redonné le moral.
J'ai relu mon précédent article et suis bien triste de ne pas m'être trompé.
Ciotti veut préserver son siège et gagner la mairie de Nice au prix de l'éclatement du parti qu'il préside. Et de la France peut-être.
La gauche républicaine fait cause commune avec la gauche extrémiste de Mélenchon. Au prix de la France peut-être.
La "majorité" présidentielle a la gueule de bois.
Le Président est content d'avoir "lancé une grenade dégoupillée dans les jambes des partis". Au prix de la France peut-être.
A titre subsidiaire, quoique..., le Premier ministre a été informé de la décision de dissoudre après que Pascal Praud chroniqueur dans les médias Bolloré (cf. mon article du 23 février dernier)- personnage considérable il est vrai- l’ait été, (oui vous avez bien lu) par un zozo qui fait office de "conseiller mémoire" de monsieur Macron et qui manifestement n'en a pas beaucoup.
L'article 12 de la constitution dispose pourtant:
"Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des Présidents des Assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale."
Tout cela pour quelles perpectives?
Il n'y en a qu'une qui, pour moi, serait consolante, c'est qu'au terme du second tour:
- ce qui reste du parti présidentiel et de ses alliés du Modem et d'Horizon,
- ce qui reste des Républicains
- ce qui reste de la gauche républicaine qui reviendra probablement avec davantage de députés.
...aient au moins 289 élus et décident de faire cause commune.
Mais, m'objecterais-je, à supposer que tu ne rêves pas, une alliance entre des partis dont les programmes sont opposés ne conduit à rien hors la pagaille. Regarde l'Allemagne, idiot!
Le PSD gravement estropié, les verts affaiblis, et le parti libéral en état de mort cérébrale, voilà où en est l'Allemagne.
Vous connaissez le dicton: "quand c'est flou, y a un loup".
Mais le flou, est aujourd'hui préférable; nous en sommes là, tristement.
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Au fait, monsieur le Président, on parle pouvoir d'achat, déficits, dettes etc. et on a bien raison.
Mais dites-moi il y a d'autres sujets tout aussi importants, à tout le moins. Comment allez-vous faire avec un ministre des affaires étrangères RN ? Avec un ministre de la défense RN? Avec un ministre de l'intérieur RN ?
Vous me direz " c'est moi qui nomme". C'est vrai mais sur proposition du Premier ministre.
Il y aura donc blocage, possiblement.
Alors qu'envisagerez-vous ? Un nouvelle dissolution? Votre démission , vous qui ne pouvez plus vous représenter?
Comment allez-vous faire quand vous n'aurez plus la main, de facto, sur les services de renseignements intérieurs et extérieurs ? Comment allez-vous faire quand vous n'aurez plus la main sur l'aide à l'Ukraine et que le gouvernement aura, lui, la main sur tout cela et sur les moyens financiers que vous aviez prévus, à juste titre, d'allouer là-bas, alors que votre Premier ministre préfèrera Poutine à Zelenski ?
Ce qu'en a dit François Heisbourg, autorité internationalement reconnue, dans Le Monde le 19 juin est tristement éclairant.
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Je viens de lire Kafka: le Procès; (il y a des oeuvres que j'ai tardé et tarde encore à aborder, comme les derniers quatuors de Beethoven).
Nous sommes en "Absurdie". Absurdie judiciaire, éthique, humaine, économique entre autres - et chez Kafka, cela se termine mal.
Samanta Schweblin, écrivaine argentine a écrit un recueil de nouvelles Sept maisons vides. Une de ces nouvelles porte le titre suivant: La respiration caverneuse.
C'est l'histoire d'une vieille dame malade, au souffle rauque, repliée sur elle même, qui n'aime plus rien, ni personne, qui a peur, se replie et s'enferme. Elle a la respiration caverneuse.
La France ?
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Vous m'insupportez, monsieur le Président, mais dans ma Bretagne, je vais de nouveau voter Hervé Berville, votre secrétaire d'État à la mer. C'est un type bien je crois, au parcours exemplaire qui me semble au surplus le mieux à même de faire barrage aux extrêmes.
Surtout, si par bonheur, vos soldats (sont-ils toujours les vôtres ? Évidemment non.) gagnaient (j'en doute fortement, hélas) , n'en tirez pas gloire.
Ce serait malgré vous.