lundi 24 février 2025

                                                 



                                            Montesquieu est sous Prozac.


À Washington, une brute qui a des dollars à la place du coeur, prend en otage la démocratie des États-Unis, commence à attaquer la presse "dissidente", menace les juges, sert ses amis qui se goinfrent et, n'en doutez pas, tentera d'asservir la constitution, c'est à dire de la modifier à son profit. Il aura pour ce faire l'appui de la Cour suprême qu'il a mise à sa botte.  

Seule compte, pour lui, la domination au prix du reniement de ce qui a fait la grandeur de son pays.   

Très près de chez nous, en Hongrie, pays pourtant tellement meurtri par la dictature , le premier-ministre Orban, chantre de la "démocratie illibérale" - qui n'est autre que la démocratie capturée- musèle la presse,  asservit les juges, enrichit sa famille et ses amis (Voir "A dinasztia" (The Dynasty ) sur YouTube.)


En Italie; Madame Meloni est maintenant suffisamment installée pour se dévoiler enfin.

 Jouant Trump contre l'Europe, elle fait pression sur les journalistes en multipliant les plaintes pour diffamation. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, on dénombre trois fois et demie plus d'incidents et de plaintes que sur la période allant de la fin de la deuxième guerre mondiale à son arrivée au Palais Chigi. 

Parallèlement elle commence à déployer ses efforts pour assoir son contrôle sur l'audiovisuel public. 

Son "ami Elon Musk"  (sic) à l'affût l'appuie. Il a les moyens. Il y a de l'argent à gagner. D'autres aussi en profiteront. 

Les régimes illibéraux, comme les dictatures dont ils sont les batards , sont toujours corrompus. Ils ont besoin d'argent.

Madame Meloni pense par ailleurs que les juges en s'opposant à certaines de ses décisions - en l'occurence, le transfert contre paiement d'immigrés dans des camps situés en Albanie-  remettent en cause sa politique migratoire. 

Chez les extrêmes, le rôle des juges est de faire respecter la loi quand, et seulement quand, leurs décisions leur conviennent.

Rappelez-vous en, si d'aventure...


 Montesquieu a écrit dans De l'esprit des lois:

"Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir". 

C'est précisément ce que ne veulent pas les trois que j'ai nommés, et d'autres, en forme électorale, qui trépignent , impatients de les rejoindre. 

Voyant ce que les démocraties deviennent et craignant pour la France, Montesquieu déprime. Il est désormais sous Prozac.


Quand la démocratie est faible, quand elle cesse d'être exemplaire, les extrêmes sentant l'odeur du sang se lèchent les babines et préparent l'assaut..

La proposition d'Emmanuel Macron de nommer Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel est évidemment  une faiblesse coupable  mais surtout une erreur et une faute.

Une erreur car les sujets qui sont soumis au Conseil sont devenus tellement nombreux et compliqués  en raison notamment de la Question Prioritaire de Constitutionnalité instaurée en 2009, qu'il eût mieux valu nommer à la présidence une personne à la fois éminente et juriste reconnue. 

Ce n'est pas faire injure à monsieur Ferrand que d'écrire qu'il n'est ni éminent, ni juriste. 

Une erreur, donc.

Mais pas seulement.

Ce qu'a fait à son profit monsieur Ferrand avec le patrimoine immobilier de la petite mutuelle dont il était directeur salarié, le disqualifie pour la magistrature  la plus haute dans l'ordre protocolaire, après le président de la République.

Que l'affaire fut prescrite quand elle a été soulevée n'y change rien.

Sa nomination fut une faute.

 Son élection une offense.

Ne me faites pas comparer ce qui n'est pas comparable, mais les démocraties faibles servent les aspirants dictateurs.

Il eût été bon, en cette circonstance que le président se remémore cette maxime du cardinal de Rohan:

" Quand on est prince, il faut se méfier et n'avoir point d'ami".











 




lundi 17 février 2025

 

                          C'est fou ce qu'on rigole tout de même"


Arte diffuse en 3 épisodes une série visible en replay,  dont le titre est:

                         "Oligarques: le gang de Poutine"

Elle raconte par le menu:

-  comment quelques hommes ont mis la main sur les richesses du pays (pétrole et gaz essentiellement) au moment de la Pérestroïka un peu et sous Eltsine, beaucoup. 

-  comment ils ont accaparé  le pouvoir avec la complicité de la fille d'un Eltsine alcoolisé et malade, puis démissionnaire.

-  comment, repérant un obscur chef du FSB paraissant timide et ne regardant jamais ses interlocuteurs en face,  ce timide  s'est retrouvé par un concours de circonstances poussé par les oligarques à la présidence de la Russie.

-  puis comment, finalement,  l'obscur fonctionnaire  devenu président les a mis,  de force plus que de gré,  à son service. Puis les a contrôlés et contraints de ne pas l'oublier dans la répartition des profits qu'ils lui doivent. 

C'était en l'an 2000, le nouveau siècle commençait. L'obscur fonctionnaire s'appelait Vladimir Poutine. 

Il est toujours là.

Vingt-cinq ans plus tard, nous avons donc face à nous

- Un dictateur "très possiblement mafieux" à la tête de la Russie.

- Un apprenti- dictateur "très possiblement corrompu" (cf. le film The apprentice) qui, notamment, menace les juges, gracie ceux qui ont attaqué le Capitole, et se retrouvant à la tête d'un pays surpuissant  qui était notre allié,   veut en faire notre adversaire.

Ces deux-là, se cachent derrière des idées prétendues. 

L'un la lutte contre l'occident et la restauration de la Grande Russie. 

L'autre derrière un salmigondis de théologie libertarienne et de néo-libéralisme.

"L'idéologie c'est elle qui apporte la justification recherchée à la scélératesse; la longue fermeté nécessaire aux scélérats"

Soljenitsyne: L'archipel du goulag.

Ce sont bien des scélérats que ces deux-là,  qui, comme deux parrains, qu'ils sont sans doute,  ont décidé de faire leur marché en se partageant le "business".

                                                        XXXXX


Les Rapaces

Pièce en un nombre d'actes indéterminés;

Acte 1 Scène 1

Nous sommes dans un palais luxueux, situé dans un pays que l'auteur anonyme - on parle dans les coulisses de Belzébuth- laisse à l'imagination du lecteur. Ce peut être en Arabie Saoudite par exemple.

Donald et Vladimir sont assis, détendus, dans de vastes fauteuils.

L'un "déguste" un Mac accompagné de Coca , l'autre un saumon arrosé d'un peu de Vodka

Donald à Vladimir:

- Premièrement,  tu gardes la Crimée. Je fais en sorte de me rembourser des aides qu'on a apportées à l'Ukraine, en me payant sur ses terres rares. Quand j'aurai mon compte, tu pourras aller jusqu'à Kiev. Le petit Volodymyr, on s'en tamponne. 

(Précision de l'auteur: "Nous sommes entre gens délicats")

- Deuxièmement, Tu me laisses prendre la Palestine.  Il y a des paquets de dollars à gagner. Évidemment, on laissera de la place à tes oligarques. Comme ça tu auras ta part.

Vladimir se redressant dans son fauteuil, jambes écartées:

-  Donald, c'est d'accord. Mais d'ici là pas d'appui à ce qui reste de l'Ukraine. Quant à Volodymyr ne t'en fais pas , je m'en occupe. Je sais faire. 

- Deuxièmement: tu lèves les sanctions contre la Russie parce que tu comprends, ça nous complique la vie ces histoires même si, comme tu le sais, vos sanctions, on les contourne.


Donald:

- OK  Vladimir. 

Un téléphone sonne; c'est celui de Donald.

 Donald:

- Attends, Vladimir, on m'appelle.

Il sort son portable: 

Donald:

- Allo ?

Puis ayant écouté quelque secondes:

- D'accord les gars. Là j'peux pas. J'vous rappellerai plus tard.

Il raccroche.

Vladimir:

- C'était qui ?

Donald:

- Macron et Scholz, ils veulent participer à nos discussions .


 Les deux éclatent  de rire et entre deux spasmes:

"C'est fou ce qu'on rigole tout de même."








 



lundi 10 février 2025

 


                                       Isaac et le Roi David


Donald fourmille d'idées toujours plus extraordinaires.

Il veut déplacer le peuple palestinien hors de son pays, sans droit de retour, pour transformer la Palestine en Riviera. Imaginant sans doute que la Trump Corporation participera à la promotion des résidences et des hôtels de luxe qu'il compte y voir implantés. Il n'y a pas de petits profits. Après tout, en dollars,  que valent 2 millions de palestiniens? Pas grand chose. Les bénéfices espérés en revanche, beaucoup, sans aucun doute.

Il ambitionne rien de moins que de racheter le Groenland, et de s'approprier le canal de Panama.

 Enfin -que dis-je, il n'est là que depuis trois semaines-  Trump veut annexer le Canada pour en faire le 51ème État de la fédération des Etats-Unis d'Amérique. Rien que cela.

Plus c'est gros, plus ça part dans tous les sens, plus ça perturbe les faibles et plus ça leur fait peur. On appelle cela l'effet de sidération.

"La perfection évangélique ne conduit pas à l'empire" avait écrit de Gaulle dans Le fil de l'épée.

Elon Musk en charge du département de l'efficacité gouvernementale - le DOGE- ,  a constitué une armée de jeunes hackers  qu'on appelle les "DOGE Kids".  Ces gamins de 19 à 23 ans, sont habilités à pénétrer les données de l'administration fédérale pour traquer les mouvements de personnels, les commandes, les paiements du trésor, et proposer "grâce à" l'Intelligence artificielle des mesure "appropriées" à la doxa trumpienne. 

Les hommes sont ce qu'ils admirent et les civilisations ce qu'elles donnent à admirer"  Romain Gary: Le Grand vestiaire. 

Orwell n'est pas loin; on l'aura cherché. 


En France:

On assiste ébahis au procès du financement présumé par Kadhafi de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Ça ment tellement mal ! C'est tellement gros! Un enfant de 5 ans en rirait.  Nous non.

 Mélenchon fait fabriquer des affiches associant dans une même photo Olivier Faure et Marine Le Pen. Détestable procédé. Mais que voulez-vous, quand on s'allie à la perverse obsession de soi-même il ne faut pas espérer récolter la vertu.


David Oïstrakh, né à Odessa en 1908, fut l'un des plus grands violonistes du siècle dernier. On le surnommait le Roi David. Sa sonorité était exceptionnelle. Célébré dans le monde entier, il jouait, enseignait, puis jouait sans discontinuer au point de fragiliser son coeur et de subir de nombreuses alertes cardiaques.

Isaac Stern, grand violoniste aussi,  né douze ans plus tard, lui avait demandé un jour: 

" David pour quoi ne te reposes-tu pas? Tu pourrais t'arrêter un peu, de temps en temps."

Le Roi David avait répondu:

" Isaac, si j'arrête de jouer je pense et si je pense je meurs".

Ecoutez-le et regardez-le jouer avec son fils Igor le concerto pour deux violons de Jean-Sébastien Bach. C'était en 1974. Peu de temps après, son coeur l'avait abandonné, définitivement.

Ce moment d'éternité vous évitera de penser et vous consolera un peu, j'espère. 

David Oistrakh & Igor Oistrakh - Bach Concerto for Two Violins -













lundi 3 février 2025

 


                                                  Le Roi et le Président



Lisant l'imposante et impressionnante biographie que le grand historien Jean-Christian Petitfils a consacrée à Louis XVI, il m'est venu ceci:

 Le 10 mai 1774, Louis XVI a vingt ans. Il monte sur le trône, jeune et impréparé.

Il hérite d'une situation périlleuse. Le déficit du budget est de 5%. La charge de la dette pèse près de 20% des produits du royaume.

Homme solitaire, il est entouré de coteries, dévouées ou opposées, et inversement, les choses changeant au gré des intérêts.

Pour faire court: celles de La Vauguyon, de Choiseul, de Maurepas, de Vergennes,  de Necker et d'autres encore.  Toutes davantage préoccupées d'elles-mêmes que du sort du Royaume.  

Influençable, il décide néanmoins seul. On croit le pénétrer , on ne le pénètre point. 

Il change ses ministres au gré des influences, de ses faiblesses ou de son humeur. "Il aimait l'autorité mais pas le pouvoir" écrit Petitfils.

Pendant de ce temps, alors que le peuple, souvent pauvre, ploie sous les charges, qu'on assiste à des jacqueries, que les fausses nouvelles circulent dans des libelles de plus en plus nombreux,  la haute noblesse se préoccupe de préserver ses privilèges dont l'évitement de l'impôt n'est pas le moindre.

Pendant ce temps, la cour batifole et la reine, s'occupe de ses toilettes, joue et danse.

On sait ce que plus tard il advint.


Le 15 mai 2007, arrive au pouvoir un homme jeune, sans grande expérience.

Il hérite d'une situation difficile qu'une pandémie rendra périlleuse 

Sept années plus tard, le déficit public dépasse très largement 5% du produit national, et la charge de la dette pèse près de 20% du budget.

Homme  solitaire, simulant l'écoute attentive car c'est un charmeur, mais n'écoutant point, il décide par-devers lui.

 À rebours de Louis XVI, il aime l'autorité et le pouvoir.

Il change les ministères sans vraie nécessité et dissout la Chambre, par caprice.

"Qui commande doit trouver son bonheur dans le commandement" a écrit Goethe dans Faust.

Lui est un homme heureux.

 Il est entouré pourtant de coteries de moins en moins dévouées,  souvent très opposées et de plus en plus impatientes. 

Pour faire court: celles d'Attal, de Wauquiez, de Bayrou, de Hollande, de Faure et d'autres encore. Toutes davantage préoccupées d'elles-mêmes que du sort de la France.

Pendant ce temps, les jacqueries se multiplient, on menace les inspections agricoles, on diffuse des fausses nouvelles car les moyens nouveaux le permettent considérablement. Depuis Louis XVI, l'homme n'a pas progressé hélas. 

Pendant ce temps la femme du président se montre aux défilés de mode et s'affiche sur les vitrines des kiosques au côté d'un grand couturier. 

Avisant tout cela il en est deux qui, enthousiastes, chacun à l'opposé de l'autre mais les deux n'aimant guère la démocratie, sentant venir le succès, tirent à chaque bout de la corde qui s'effiloche, espérant qu'elle cassera à leur profit. 

On souhaite que cela n'advienne pas. 

Comparaison n'est pas raison... dit-on.