Montesquieu est sous Prozac.
À Washington, une brute qui a des dollars à la place du coeur, prend en otage la démocratie des États-Unis, commence à attaquer la presse "dissidente", menace les juges, sert ses amis qui se goinfrent et, n'en doutez pas, tentera d'asservir la constitution, c'est à dire de la modifier à son profit. Il aura pour ce faire l'appui de la Cour suprême qu'il a mise à sa botte.
Seule compte, pour lui, la domination au prix du reniement de ce qui a fait la grandeur de son pays.
Très près de chez nous, en Hongrie, pays pourtant tellement meurtri par la dictature , le premier-ministre Orban, chantre de la "démocratie illibérale" - qui n'est autre que la démocratie capturée- musèle la presse, asservit les juges, enrichit sa famille et ses amis (Voir "A dinasztia" (The Dynasty ) sur YouTube.)
En Italie; Madame Meloni est maintenant suffisamment installée pour se dévoiler enfin.
Jouant Trump contre l'Europe, elle fait pression sur les journalistes en multipliant les plaintes pour diffamation. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, on dénombre trois fois et demie plus d'incidents et de plaintes que sur la période allant de la fin de la deuxième guerre mondiale à son arrivée au Palais Chigi.
Parallèlement elle commence à déployer ses efforts pour assoir son contrôle sur l'audiovisuel public.
Son "ami Elon Musk" (sic) à l'affût l'appuie. Il a les moyens. Il y a de l'argent à gagner. D'autres aussi en profiteront.
Les régimes illibéraux, comme les dictatures dont ils sont les batards , sont toujours corrompus. Ils ont besoin d'argent.
Madame Meloni pense par ailleurs que les juges en s'opposant à certaines de ses décisions - en l'occurence, le transfert contre paiement d'immigrés dans des camps situés en Albanie- remettent en cause sa politique migratoire.
Chez les extrêmes, le rôle des juges est de faire respecter la loi quand, et seulement quand, leurs décisions leur conviennent.
Rappelez-vous en, si d'aventure...
Montesquieu a écrit dans De l'esprit des lois:
"Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir".
C'est précisément ce que ne veulent pas les trois que j'ai nommés, et d'autres, en forme électorale, qui trépignent , impatients de les rejoindre.
Voyant ce que les démocraties deviennent et craignant pour la France, Montesquieu déprime. Il est désormais sous Prozac.
Quand la démocratie est faible, quand elle cesse d'être exemplaire, les extrêmes sentant l'odeur du sang se lèchent les babines et préparent l'assaut..
La proposition d'Emmanuel Macron de nommer Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel est évidemment une faiblesse coupable mais surtout une erreur et une faute.
Une erreur car les sujets qui sont soumis au Conseil sont devenus tellement nombreux et compliqués en raison notamment de la Question Prioritaire de Constitutionnalité instaurée en 2009, qu'il eût mieux valu nommer à la présidence une personne à la fois éminente et juriste reconnue.
Ce n'est pas faire injure à monsieur Ferrand que d'écrire qu'il n'est ni éminent, ni juriste.
Une erreur, donc.
Mais pas seulement.
Ce qu'a fait à son profit monsieur Ferrand avec le patrimoine immobilier de la petite mutuelle dont il était directeur salarié, le disqualifie pour la magistrature la plus haute dans l'ordre protocolaire, après le président de la République.
Que l'affaire fut prescrite quand elle a été soulevée n'y change rien.
Sa nomination fut une faute.
Son élection une offense.
Ne me faites pas comparer ce qui n'est pas comparable, mais les démocraties faibles servent les aspirants dictateurs.
Il eût été bon, en cette circonstance que le président se remémore cette maxime du cardinal de Rohan:
" Quand on est prince, il faut se méfier et n'avoir point d'ami".
Pas l’esquisse d’un sourire dans cette chronique. C’est le reflet des heures sombres. Nous reste de savoir regarder en face ce noir avenir.
RépondreSupprimerHeureusement il y a les dernières pages (149 à 153) de Quand la terre était plate de Jean-Claude Grumberg.
Maï H-H
Merci Maï HH, pour Grumberg j'y cours
SupprimerQue penser de l'objectivité de Ferrand ( Qui me fait penser au Conte de Flandre après Bouvine ! ) pour statuer sur certaines lois :un grand nombre d'articles furent censurés dans la loi immigration à juste titre ?
RépondreSupprimerMerci pour Montesquieu .
PH
Cher PH,
SupprimerJ'ai lu en son temps l'intégralité de la loi sur l'immigration. Il y a de quoi écrire une thèse ce que je ne tenterai pas de faire car à la différence du futur président du CC, je ne me considère pas comme un sachant.
S'agissant baron, j'aurais tant aimé que vous n'ayez point à me remercier.
Je suis surtout sidéré par le silence sidérant des Obama et autres Clinton. Le seul à causer c’est Bernie Sanders. Mais où sont les autres?…
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