Et si nous parlions d'autre chose.
Il faut vivre, tout de même. On ne va pas laisser nos journées et nos soirées, nos nuits quelques fois, accaparées , ravagées peut-être, par les errements du temps présent, fussent-ils ce qu'ils sont.
Arrive un moment où, la funeste dissolution, Bardella et Mélenchon, et quelques autres aussi, eh bien je vais vous dire: il y en a soupé!
Alors parlons d'autre chose.
Tenez, samedi matin, allant faire quelques courses en voiture dans le bourg voisin du mien, en Bretagne, je mets France Musique.
Schumann, les Scènes d'enfants. Au moment où j'écoute, passent les deux dernières des treize pièces: "L'enfant s'endort", puis "Le poète parle".
Je suis certain que c'est Martha Argerich qui joue.
Oh ne croyez pas que j'aie une telle oreille qui me permette de reconnaître tout ce que j'ai entendu dans le passé. Non, certes non. Mais il est des émotions cependant qui, une fois provoquées, vous marquent à vie. Chez les midinettes aussi, à la vérité j'en suis une, et c'est heureux. Les Scènes d'enfants par l'immense argentine sont de celles-là.
Aurélie Moreau, fait l'annonce, je ne m'étais pas trompé.
Cette émotion, c'est quand même autre chose ! C'est mieux que...
Ah non ! J'avais dit qu'on parlait d'autre chose.
Il y a quelques jours, un ami plus que cher, un jeune frère à vrai dire, que la providence a mis sur mon vieux chemin, m'appelle et me dit:
" Je lis Dumas, Le comte de Monte-Cristo". C'est tellement beau, tellement bien écrit. Tiens, dans sa cellule du Chateau d'If, tu es avec Faria, je te jure! Tu es avec lui, c'est extraordinaire! Lis-le."
Suivant comme souvent ses conseils, je relis Le comte de Monte-Cristo. Non, à la vérité, je le lis. A quel âge ai-je lu ce chef d'oeuvre? À 15 ans je crois; il y a près de soixante ans donc.
Il est des livres que l'on a lus un peu tôt. S'agissant de moi, c'est certain. Trop tôt ? Non, car il faut s'éveiller. Reste qu'il faut avoir aussi la sagesse et pour dire vrai , l'humilité de les reprendre - cela m'arrive-. Quand on pense que, peut-être, on est à l'âge de mieux comprendre, tout simplement parce qu'on a vécu et que l'on est couturé.
Monte-Cristo, donc, Dieu qu'il a raison mon ami.
J'avais aimé l'épopée. J'en découvre le style, la tournure assassine ou amicale ou aimante. L'amour, l'amitié, la vengeance recrue qui guide Edmond Dantès. Et tant et tant, de ce qu'est un homme qui a follement aimé, et a vécu, et a souffert de l'ambitieuse méchanceté, de la jalousie dont les hommes sont capables quand il s'agit de leur propre profit.
Et quelle extraordinaire profondeur !
En si peu de mots.
Au fond on peut aimer Dumas comme on aime Proust. De même qu'on peut aimer Mozart comme on aime Chopin.
En revanche on ne peut pas... Ah non ! J'avais dit qu'on parlait d'autre chose.
On citerait tout ou peu s'en faut; alors voilà, juste pour vous distraire des temps présents:
"Danglars était un des ces hommes de calcul qui naissent avec une plume derrière l'oreille et un encrier à la place du coeur".
Peut-être Danglars aurait-il aujourd'hui dirigé un fonds activiste ?
"La mémoire des rois est courte"
Sans doute aujourd'hui aurait-il écrit la mémoire des présid... Ah non ! J'avais dit...
"Si bon que l'on soit, on cesse de voir les gens qui vous attristent".
Il faut être gai avec ses amis, point n'est besoin de leur dire nos malheurs. Ils voient ce qu'il y a derrière nos rires.
L'amitié vraie est rare, elle se moque des classes sociales et des conditions; c'est tant mieux. Mont-Cristo est aussi un livre magnifique sur l'amitié.
"Il était à la fois monté au grade de caissier et descendu au rang de domestique".
Certains hommes politiques devenus ministres devraient bien méditer cela.
" En politique, il n'y a pas d'hommes mais des idées; pas de sentiments mais des intérêts, en politique on ne tue pas un homme: on supprime un obstacle, voilà tout".
La valse des premiers ministres...
Et voilà que je recommence !
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Il est pourtant facile de parler d'autre chose. Il faut sans doute me concentrer davantage.
Il est bien est malaisé, en revanche, de ne pas y penser.
Alors tenez !
Pendant que ça discutaille et pour terminer avec un peu d'azur.
Morrel à Edmond Dantès et à nous peut-être:
" L'incertitude, c'est encore l'espérance".
Excellent 👌
RépondreSupprimerEt voilà que tu as réussi à me faire sourire. Existe-t-il un merci assez grand?
RépondreSupprimerMaï H-H
C’est drôle j’ai relu le Comte de Monté Cristo il y a quelques mois et comme toi je l’ai redécouvert ! Quelle peinture de notre humanité, d’une beauté et d’une actualité incroyable…
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