mardi 24 septembre 2024

 


                                    Croyez-vous que cela m'amuse?


Eh bien nous y voilà, nous avons un gouvernement, et cela ne va pas être simple, tant la gouvernance du pays est dégradée. Monsieur Macron a inventé le concept d'Instabilité ministérielle sous la Vème république.

Jugez donc, depuis 2022:

Le ministère de la santé - "grande cause nationale"-connaît son 6ème titulaire; durée arithmétique moyenne en poste: 4 mois et demie.

Celui de l'éducation nationale "grande cause nationale" son 5ème; durée 5 mois et demie.

Celui du logement "grande cause nationale" 4ème; durée 6 mois 3/4

Celui des comptes publics"grande cause nationale" son 3ème; durée 9 mois

Que des ministères en charge de la vie des français.

Comment voulez-vous que la France aille bien!

Et vous voilà donc, Monsieur le Premier ministre avec une équipe de novices, pour l'essentiel, devant un mur de problèmes. 


 La situation économique de la France est préoccupante: croissance faible , environnement proche incertain,  avec:

 - une Allemagne, notre principal partenaire, en panne, gouvernée (gouvernée ?) par un chancelier buté et chafouin, 

- une Europe divisée sur l'essentiel peu disposée à s'unir pour mener une politique de financements communs des grands enjeux industriels et climatiques auxquels elle est confrontée.

-  une Europe peu disposée, aussi,  à faire des cadeaux à un président arrogant.

 La situation budgétaire est catastrophique avec un déficit public de 5,6% du PIB en 2024 et possiblement supérieur à 6% en 2025.

Enfin une dette publique représentant plus de  110% du PIB.


Face à cela , la France est confrontée à des enjeux considérables:

- 100 milliards à investir dans les 10 années à venir pour financer la transition écologique.

- Face aux menaces à nos portes, la nécessaire poursuite de l'investissement dans notre défense

- Un système de santé public en grande tension.

- Les 2/3 des EPHAD au bord de la cessation de paiement.

- Le secteur du logement en crise, avec une construction en berne et des français qui,  compte tenu du niveau des prix et malgré leur baisse, fort relative au demeurant, ont de plus en plus de mal à acquérir un logement.

- Des PME en difficulté, avec un nombre de défaillances d'entreprises en progression de plus de 30% en 2023 et restant à un niveau élevé en 2024..

- L'éducation en difficulté dans les banlieues, les zones périphériques, les villages et la bourgs..

Etc. etc.

Ajouterais-je aussi,  que la France avec  66 millions d'habitants et un PIB de 2.800 milliards compte 35.000 communes quand l'Allemagne 84 millions d'habitants  et un PIB de 4.120 milliards n'en compte "que" 11.000. 

Pour la France, cela fait des routes , des écoles, des bureaux de poste et des facteurs,  des réseaux pour le tout-à-l'égout, le gaz et l'électricité,  des besoins de maisons de santé, de maternité,  etc. etc..., tout cela en plus

L'Everest, vous écrivais-je la semaine passée. Oui, avec sur le dos un sac chargé de lourdes pierres

Alors que faire ?

 Surtout pas d'augmentation des impôts entends-je, c'est une ligne rouge.

A 48% du PIB, la  France a le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé des pays comparables de l'OCDE.

C'est vrai et ce n'est pas glorieux.

Mais, pour dire vrai, dans l'absolu, cela ne veut pas dire grand chose, quant à la ligne rouge c'est une posture idiote.

Cela ne veut pas dire grand chose car il faut comparer les données à structures comparables, à organisations territoriales comparables ,à systèmes de protection sociale comparable et regarder ce qu'il reste dans la poche des citoyens une fois qu'ils ont payé et cotisé que ce soit dans un système public ou privé. Or on n'a pas encore entendu que je sache,  les français demander qu'on raye 10.000 villages de la carte et qu'on remette en cause la sécurité sociale pour tous.

C'est une posture idiote car nous sommes à un moment où il faudra bien que la raison et l'équité remplace les slogans.

La quasi-totalité des économistes pense que diminuer le déficit budgétaire actuel, en n'agissant que sur les dépenses, entraînera une récession. J'ajoute qu'elle sera accompagnée des graves troubles sociaux dont rêvent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

 Le gouverneur de la Banque de France qui n'est pas,  loin s'en faut, un défenseur des prélèvements fiscaux, vient de déclarer que la France doit améliorer ses comptes publics de 20 milliards chaque année pendant 5 ans. Il préconise 1/3 par l'impôt - soit près de 7 milliards, et 2/3, soit 13 milliards par la diminution des dépenses.

Ceci,  "toutes choses égales par ailleurs", c'est à dire sans crise. Or il y aura des crises, je le crains.

Ne comptez pas sur moi pour jouer les économistes de bazar, il y en a assez, mais en revanche, comptez sur moi pour dire que je dois contribuer à l'effort.

Ne croyez pas que cela m'amuse, mais enfin: 

Instaurer  de nouveau, pendant un temps, une fiscalité de solidarité intelligente sur le capital financier, ce n'est tout de même pas confisquer. 

C'est demander à ceux qui ont un patrimoine significatif  - pas les riches de ce pauvre François Hollande qui affirmait en 2011 qu'on était riche quand on gagnait 4000 € par mois-.  Mettons la base d'imposition à l'IFI réévaluée pour inclure sous une forme et des pourcentages à déterminer tout ou partie des actifs financiers, exonérés depuis 2017.

 Cette contribution au redressement national sera  demandée aux fonctionnaires, aux agences de l'Etat, aux association subventionnées, aux salariés et aux entreprises. 

Elle sera demandée à celles et ceux qui bénéficient des aides aux logement, des aides au maintien à domicile, aux étudiants possiblement aussi. A tant d'autres encore. 

Et l'on voudrait, en vertu d'une posture purement politicienne, que dans cette effort de la nation, ceux qui ont, n'y participent pas ? 

Il faut évidemment, faire cela intelligemment.

La contribution n'est pas la spoliation et je ne suis pas favorable à la taxation des seuls ultra-riches. C'est quoi d'ailleurs un ultra-riche, ça se définit à partir de combien et relativement à qui ? Je n'y suis pas favorable même si je déteste et méprise l'étalage de  indécent de richesse dont certains font montre,  car le faire c'est désigner. Les désignations, on sait comment ça se termine.

La contribution ne doit pas aboutir non plus à l'affaiblissement des actionnaires familiaux qui provoquerait immanquablement la vente de leurs entreprises à des fonds qui n'ont pas d'âme et ne demandent que cela.

J'avais écrit le 22 juillet le mal que je pensais de la suppression de l'ISF; il est temps de revoir et corriger les choses.

Oh je le sais bien. Certains penserons, à juste titre,  qu'une telle politique nécessite la durée et que le gouvernement n'en a pas, qu'il lui faut aussi s'appuyer sur une légitimité indiscutable et que le gouvernement en a guère.

Ce que je souhaite, ne pénalisera ni la consommation, ni la croissance, ni l'investissement. En d'autres termes, si cela marche tant mieux et  si cela ne marche pas, eh bien les ayants auront un petit peu moins. 

Mais on aura tenté quelque chose et peut-être renforcé le nécessaire sentiment de solidarité nationale.

Alors oui, ça ne m'amuse pas, mais j'espère bien qu'on me fera mettre la main à la poche.

                                                
















2 commentaires:

  1. Lire Philibert Humm pour sourire et rire intelligemment et mieux prendre son élan et participer à la mesure de ses moyens.
    Maï H-H

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  2. 1980 dette équivalent 92 milliards d'E 20/100 pib
    1983 dette170 milliards 26/100 pib
    1995 dette 600 milliards 50/100 pib
    Et cela continue plus ou moins au même rythme sauf que le pib augmente plus vite que la dette .
    Nous allons encore remplir le tonneau des Danaîdes car nous en avons encore les moyens ..pour combien de temps
    PH

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