La Dame et le Jeune Prince
Libre adaptation de La Lice et sa compagne
Fable de Monsieur Jean de La Fontaine
Dame Rachida un froid matin d'hiver
Fit visite au Jeune Prince et offrit un marché.
"Donnez-moi une place et je vous servirai.
Nombre de mes gens qui m'aiment et qui m'admirent
Viendront dans votre camp et pour les asservir
Je leur ferai goûter la joie de l'adultère.
Tromper cher Président est la naissance de l'art.
Flattez les ambitions de ces tristes canards
Ils iront à genoux en prenant un air fier.
Mais il me faut, Monsieur, une contrepartie,
Dit la Dame au Jeune Prince; elle savait marchander.
Donnez-moi la culture et la mairie de Paris."
"La culture, que diantre ! D'où vous vient cette idée ?
Pensez-vous que Malraux en serait satisfait ?"
"Mais bien sûr mon Prince,
Il serait fort heureux.
Et puis... de vous j'en pince.
Il faut que la culture vers le peuple se répande
Et du peuple je viens. Cela n'est pas douteux.
Dispenser mes bienfaits voila qui me transcende."
"Ah Madame qu'entends-je ? Tout ceci me convient.
Passons donc le marché mais qu'il soit bien compris
Qu'à propos de Paris, nous ne nous sommes rien dit.
Vous voudrez bien en outre oublier vos outrances,
Vous tenir à carreau et ne plus faire d'argent
En vendant cher, dit-on, vos dons pour l'influence"
" C'est promis mon grand Prince, je vous fais allégeance".
Rentrée en sa demeure elle s'étouffa de rire:
"Le jeune sot que voilà qui pense me raccourcir,
Je serai comme avant et gare à qui me contre".
Or un jour on apprit, qu'étant élue d'Europe,
Elle se serait vendue et reçut une enveloppe.
Un échotier un soir lui posa une question,
Sur ce sujet brûlant, de façon incisive.
La Dame le menaça de ses foudres les plus vives.
"Croyez moi, lui dit-elle, je retiens votre nom."
Cela fit du tintoin, les masses s'offusquèrent,
La presse s'éleva contre la va-t-en guerre,
Monsieur Bayrou prit peur,
Il y eu maint railleurs.
Le Jeune Prince furieux, la rappela à l'ordre.
"Allez donc vous fair voir" dit l'élégante dame,
"Les accords que je donne valent pour ce qu'ils mordent,
Que voulez-vous mon Prince, je suis pire qu'une lame
Il fallait réfléchir; je suis guère fréquentable.
Vous le saviez fort bien.
Mais une fois encore avez fait le malin."
Le jeune Prince avait lu. Il se souvint d'une fable,
Un vers précisément, pointu comme une arrête:
"Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette".