lundi 13 octobre 2025

 


                                                         


                                 Pour faire un civet, il faut un lièvre.


    "Pour faire un civet, il faut un lièvre. Pour croire, il faut un Dieu."  a écrit Camus dans Les possédés.

Pour avoir confiance en son président, il faut un président.

 Nous n'avons plus à l'Élysée que l'ombre d'un pouvoir qui n'a plus d'autre pouvoir que celui d'assombrir son ombre.

La semaine passée je vous avais écrit: " je n'écris pas sur la nouvelle crise politique, c'est pour la prochaine fois".

La prochaine fois c'est aujourd'hui. Nous avons un gouvernement duquel sont écartés ceux qui postulent pour 2027, le garde des Sceaux ayant déclaré se mettre en congé de l'action partisane; comprenons "pour le moment". 

Un gouvernement de mission donc.

Le jeune Premier ministre qui le 8 octobre sur France 2 m'a plutôt impressionné, est peut-être enfermé dans un combat ingagnable. À tout le moins il aura servi son honneur. Car il en faut du courage pour s'engager dans une telle galère sous l'autorité d'un homme déconsidéré.

Lui, qui était hier encore ministre de la défense, connaît bien les périls qui nous guettent. Il sait qu'outre la santé, l'éducation, la justice, notamment, la France doit investir  dans son armement. Il essaie donc, ce jeune Premier ministre, espérant que peut-être, les responsables politiques pensant davantage au Pays qu'à eux-mêmes, nous aurons un budget.

Il est jeune; son courage est louable. On espère qu'il réussira. Espérer n'est pas pécher.

Car voyez-vous, j'ai beau regarder, je ne vois que des hommes et des femmes qui se querellent, ne cherchent pas d'autre solution que la démission du Président - qui y met du sien il est vrai- , ou la dissolution de l'Assemblée. C'est à dire l'inconnu.

Tous, aujourd'hui, me confirment dans le sentiment malheureux qu'ils ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Non, pas des enjeux mais de l'Enjeu. 

Les français effarés par le spectacle qu'on leur offre se disent:"Le soir il y a quelque chose dans l'assiette, mais pas d'espoir". (Primo Levi: Trois chevaux").

Alors, comme souvent dans l'histoire, après avoir longtemps résisté, ils vont finir par céder.

Dans Le noeud gordien écrit après 1968 et publié en 1974 après sa mort, Georges Pompidou écrivait " Le fascisme n'est pas improbable, il est même plus près de nous que le totalitarisme soviétique" . Par parenthèse on se dit: "quel esprit supérieur!".  Eh bien nous y sommes.

Autour de nous les vestes brunes progressent, héritières assumées ou non des fascistes passés; il faut être prudent, au début, le temps d'assoir son pouvoir :  l'Italie, la Hongrie, la Croatie, la République Tchèque de Vaclav Havel. La Pologne de Lech Valeza peut-être demain.

Avec, ou en même temps, ou à côté du parti "mélenchonesque", le RN va donc déposer une motion de censure. Il sent son heure venir.

Pendant ce temps, les petits chevaux courent dans tous les sens, les issues du cirque sont fermées et les extrêmes attendent que la porte s'ouvre. 

Si cela continue, les français vont finir par l'ouvrir.

Alors pour conclure aujourd'hui, le Président Pompidou une dernière fois:

" Nul ne peut imaginer de gouverner la France sans procéder à une sorte d'examen de conscience politique, ni à se définir clairement à soi-même...une conception et je dirais une morale d'action".

La recherche d'une incarnation en quelque sorte, dans laquelle le peuple se reconnaitrait.


Comme disait le Général, vaste programme.





lundi 6 octobre 2025

 


                            Il n'y a pas de quoi se réjouir (suite)



Je n'écris pas sur la nouvelle crise politique, ça sera pour la prochaine fois. A peine a-t-il constitué son gouvernement, que le Premier ministre démissionne.

La suite, eh bien nous verrons. Le seule chose que je peux écrire ce soir , c'est que tout cela est gravement affligeant.   

Quand les petits chevaux sont dans le cirque et que le maître de manège est absent, - y en a-t-il d'ailleurs toujours un ?- , c'est le foutoir. En attendant les taux montent et montent encore.  

En attendant  quoi ? Nous aimerions bien le savoir.

J'ai donc choisi de  répondre à celles et ceux d'entre-vous qui m'ont écrit à la suite de mon article de la semaine passée. 

Je résume ce qu'ils ont fort justement exprimé à propos de la corruption ou de la morale en publique:

"Et Chirac à la mairie de Paris ?" 

Vous n'avez pas tort.

 Tenez, je me rappelle un soir - les faits sont prescrits depuis belle lurette, c'était bien avant 1995- je sortais d'un dîner à la Maison du Danemark sur les Champs Élysées. Alors que j'allais poser le pied sur le trottoir , un des convives me dit goguenard,  " Attention Monsieur, marchez avec précaution ces pavés ont couté fort cher". C'était un homme informé.

Et François Mitterrand ?

Qui a, entre autres turpitudes, fait loger somptueusement, à nos frais, sa maîtresse et leur fille commune ? Et à propos duquel on disait qu'il avait deux avocats, Badinter pour le droit et Dumas pour le tordu. Le premier va entrer au Panthéon, le second est déjà dans l'oubli.

Et tant d'autres, à des niveaux moindres, qui ont tant fauté.

Tous, s'en sont tiré, sans passer par la prison. Alors pourquoi Nicolas Sarkozy ?

La corruption n'est pas nouvelle, et son avenir semble assuré, facilitée qu'elle est par l'utilisation massive des bitcoins, monnaie virtuelle et occulte que rien ne règlemente ni ne contrôle et dont les narcotrafiquants, notamment, sont friands. 

Comme disait Félix Houphouët-Boigny qui s'y connaissait: "pour qu'il y ait des corrompus, il faut des corrupteurs". 

L'homme public est courtisé bien davantage que l'homme privé. Il arrive que quelques-uns succombent. J'en ai fréquentés beaucoup, ils ne sont pas si nombreux. 

Si donc, Nicolas Sarkozy a cédé dans le but de financer sa campagne présidentielle de 2007 cela n'est pas nouveau. À ce titre je comprendrais que l'on puisse estimer qu'en comparaison de quelques uns de ses prédécesseurs, il n' a pas été traité équitablement.

Encore qu'il n'est pas interdit de souhaiter que la morale progresse. 


Question plus importante: 

N'est-on pas en train d'institutionnaliser un justice politique qui se mêle de juger les affaires de l'État. 

Appartient-il à un tribunal de juger un homme d'État qui négocie avec un autocrate, voire un tyran ? 

Pour moi la réponse est évidemment non. Car à ce compte là, on ne devrait parler ni à Poutine, ni à XI,  ni à Netanyahu et sait-on jamais demain... suivez mon regard qui se tourne vers le couchant. La liste est longue. 

De Gaulle avait écrit dans Le Fil de l'Épée : "La perfection évangélique ne conduit pas à l'empire" . Tout est dit.

Le juge n'a évidemment ni la qualité, ni la légitimité pour ce faire. 

Reste que:

En 2006 Nicolas Sarkozy n'était pas président de la République mais futur candidat à l'élection présidentielle. Il n'a pas envoyé son directeur de cabinet puis son sous-ministre aux collectivités locales pour représenter la France dans une négociation essentielle pour elle.  Mais bien pour rencontrer un criminel, Abdallah Senoussi, condamné à perpétuité par le pays au gouvernement duquel il siégeait afin de voir ce qu'on pouvait faire pour lui être "utile" et que, ceci fait, de l'argent a bien circulé.

Et cela, j'en suis désolé, ce n'est pas acceptable.

J'ajoute que si les 3 accusés n'avaient pas adopté un mode de défense  qui s'apparentait à un  "doigt d'honneur" adressé au Tribunal, les choses auraient peut-être tourné autrement.

Voyez-vous je pense à ce que Lanjuinais avait dit dans une harangue à l'Assemblée Nationale en 1793: "La première violation des principes fait toujours marcher de violation en violation".

Eh bien il arrive qu'on se fasse prendre puis condamner.