Pour faire un civet, il faut un lièvre.
"Pour faire un civet, il faut un lièvre. Pour croire, il faut un Dieu." a écrit Camus dans Les possédés.
Pour avoir confiance en son président, il faut un président.
Nous n'avons plus à l'Élysée que l'ombre d'un pouvoir qui n'a plus d'autre pouvoir que celui d'assombrir son ombre.
La semaine passée je vous avais écrit: " je n'écris pas sur la nouvelle crise politique, c'est pour la prochaine fois".
La prochaine fois c'est aujourd'hui. Nous avons un gouvernement duquel sont écartés ceux qui postulent pour 2027, le garde des Sceaux ayant déclaré se mettre en congé de l'action partisane; comprenons "pour le moment".
Un gouvernement de mission donc.
Le jeune Premier ministre qui le 8 octobre sur France 2 m'a plutôt impressionné, est peut-être enfermé dans un combat ingagnable. À tout le moins il aura servi son honneur. Car il en faut du courage pour s'engager dans une telle galère sous l'autorité d'un homme déconsidéré.
Lui, qui était hier encore ministre de la défense, connaît bien les périls qui nous guettent. Il sait qu'outre la santé, l'éducation, la justice, notamment, la France doit investir dans son armement. Il essaie donc, ce jeune Premier ministre, espérant que peut-être, les responsables politiques pensant davantage au Pays qu'à eux-mêmes, nous aurons un budget.
Il est jeune; son courage est louable. On espère qu'il réussira. Espérer n'est pas pécher.
Car voyez-vous, j'ai beau regarder, je ne vois que des hommes et des femmes qui se querellent, ne cherchent pas d'autre solution que la démission du Président - qui y met du sien il est vrai- , ou la dissolution de l'Assemblée. C'est à dire l'inconnu.
Tous, aujourd'hui, me confirment dans le sentiment malheureux qu'ils ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Non, pas des enjeux mais de l'Enjeu.
Les français effarés par le spectacle qu'on leur offre se disent:"Le soir il y a quelque chose dans l'assiette, mais pas d'espoir". (Primo Levi: Trois chevaux").
Alors, comme souvent dans l'histoire, après avoir longtemps résisté, ils vont finir par céder.
Dans Le noeud gordien écrit après 1968 et publié en 1974 après sa mort, Georges Pompidou écrivait " Le fascisme n'est pas improbable, il est même plus près de nous que le totalitarisme soviétique" . Par parenthèse on se dit: "quel esprit supérieur!". Eh bien nous y sommes.
Autour de nous les vestes brunes progressent, héritières assumées ou non des fascistes passés; il faut être prudent, au début, le temps d'assoir son pouvoir : l'Italie, la Hongrie, la Croatie, la République Tchèque de Vaclav Havel. La Pologne de Lech Valeza peut-être demain.
Avec, ou en même temps, ou à côté du parti "mélenchonesque", le RN va donc déposer une motion de censure. Il sent son heure venir.
Pendant ce temps, les petits chevaux courent dans tous les sens, les issues du cirque sont fermées et les extrêmes attendent que la porte s'ouvre.
Si cela continue, les français vont finir par l'ouvrir.
Alors pour conclure aujourd'hui, le Président Pompidou une dernière fois:
" Nul ne peut imaginer de gouverner la France sans procéder à une sorte d'examen de conscience politique, ni à se définir clairement à soi-même...une conception et je dirais une morale d'action".
La recherche d'une incarnation en quelque sorte, dans laquelle le peuple se reconnaitrait.