Le Cow-boy et la Vieille Dame
Le Cow-boy entra du fond de la scène. À grand bruit.
La Vieille Dame était là, assise sur une pauvre chaise en bois jaune, un fichu sur la tête, comme pour cacher sa peur.
Lui, rouge, la mèche laquée, la cravate rouge aussi, pendante sur un ventre que l'âge et l'abus des Mac Do ne lui permettaient plus de cacher, santiags aux pieds, brandit son doigt, bras tendu à la face à la Vieille Dame et hurla:
"Tu vas voir la Vieille: droits de douanes, extraction du pétrole, Ukraine, fake news - au cas où tu ne saurais pas avec Musk j'ai X dans ma main- ça va tanguer vielle idiote !"
Puis, emporté par sa gloire, il explosa d'un méchant rire vulgaire, lui qui pourtant ne riait jamais.
Comme si elle l'ignorait, la Vielle Dame se tourna vers la public et chanta à la manière d'une complainte :
" J'ai la France qu'est en transe,
En Allemagne ça se castagne,
L'Italie se raidit
En Belgique y a rien de chic
En Hollande c'est pas tendre,
J'ai l'Espagne qui se soigne.
En Hongrie c'est pourri.
Bon Dieu qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque
Bon Dieu, qu'c'est embêtant
De n'avoir plus d'amant"
Elle se tût, une minute, davantage peut-être.
Puis se leva, saisit un micro caché dans les coulisses et après avoir parodié Ouvrard, se tourna vers le ciel d'où Brel la regardait sans doute et de sa voix qui était encore belle, la Vielle Dame chanta doucement :
"Les vieux ne rêvent plus,
Leurs livres s'ensommeillent,
Leurs pianos sont fermés.
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter.
Les vieux ne bougent plus,
Leurs gestes ont trop de rides,
Leur monde est trop petit,
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil,
Et puis du lit au lit"
Dans le silence le rideau se baissa.
Le public était triste; il sortit sans un mot.
C'était presque la nuit.
Un jour les Etats Unis vont quitter le Vieux Continent...disait le Général c'est peut être l'occasion de se reprendre en main.
RépondreSupprimerPH
Le Général une fois encore... Il est grand temps en effet
SupprimerJe lis à l’instant l’éclairage de Bertrand et celui de PH. Trouver sa propre lumière est si ardu, nos pas si incertains. Mais avancer, à petits pas de vieux, encore, toujours.
RépondreSupprimerMaï H-H
Merci Maï
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