lundi 4 novembre 2024

 



                                                     Ça va mal finir


          C'est ainsi qu'en 2008, François Léotard, qui avait une bien belle plume, avait titré un petit livre plein de colère à peine rentrée. Le sujet: les excès du président de l'époque allaient au bout du compte renforcer l'extrême droite et l'amener au pouvoir.

Il s'est trompé sur l'imminence, pas sur la tendance.

Léotard avait écrit "J'ai voté Sarkozy et depuis je dors mal"

J'ai voté Macron et depuis quelques temps je dors très très mal. Nous sommes nombreux, sans aucun doute.

Avions-nous d'autre choix ? Cela ne console pas.

Le spectacle que nous donnent à voir les députés abêtis par la dissolution est affligeant: retournements constants, alliances contre nature et contre programmatiques, basses manoeuvres pour empêcher l'autre au prix du bureau de l'assemblée confié majoritairement au Nouveau Front Populaire, c'est à dire à Mélenchon, aussi.

Les écuries des nains ambitieux à la manoeuvre,  au prix des intérêts de la France, - voyez le cirque du projet de loi de finances. Au bout du compte la relégation possible de sa dette.

Pendant ce temps, accompagnant au Maroc une délégation de chefs d'entreprises partis signer d'importants contrats, le Président s'était entouré d'une suite nombreuse - couteuse en cette période de disette-  et baroque pour le moins. Cette suite comprenait notamment trois repris de justice, l'un pour violences volontaires, le deuxième -militant de l'islamisme politique-  pour avoir proféré des menaces de mort, le troisième pour avoir abusé - très grassement- de la vieillesse d'une vieille dame milliardaire.

Dans le Figaro, Albert Zennou titre son billet:

"Qui imagine le général de Gaulle inviter trois repris de justice lors d'une visite d'État".

Puis-je ajouter: 

" Qui imagine le Général élever Bernard Arnault à la dignité de Grand-croix dans l'ordre de la légion d'honneur  - la plus haute des dignités rien que cela !-   pour un homme qui a préféré le "plaider-coupable" à la condamnation par la justice dans l'affaire de sa tentative de s'emparer d'Hermès par des moyens frauduleux , et dont deux collaborateurs proches sont aux prises de cette même justice pour espionnage de concurrents et traffic d'influence."

Qui imagine le Général ne pas dissuader sa femme - c'est idiot elle n'aurait jamais eu cette idée Tante Yvonne- d'aller au défilé de présentation de la nouvelle collection Dior appartenant au dit Bernard Arnault".

S'agissant de madame Macron, si vous la croisez, pouvez-vous lui souffler dans l'oreille qu'en France des gens souffrent; elle ne doit pas le savoir. À moins qu'elle s'en moque.

Nous ne sommes pas les seuls à vivre des moments difficiles me direz-vous: en Allemagne le PIB recule - cela ne nous arrange pas-  et la coalition n'est d'accord sur rien -cf. mon article du 24 juin-. C'est le bazar. En Espagne cela risque de l'être bientôt. Avant d'autres.

L'Europe piétine, donc elle recule. 

La Géorgie vient d'élire un parlement  pro-russe au terme d'élections truquées, et le Président du Conseil Européen pour deux mois encore, le hongrois Viktor Orban, s'en félicite.

Que se passe-t-il ensuite ?

Rien.

La voix de la France ? Elle ne porte plus au-delà de la grille du Coq.

Pas de budget, pas de majorité de gouvernement. Même pas de majorités de projets pour paraphraser Edgar Faure.  La cavalcade des nains, un premier-ministre qui s'épuise et, à la tête de l'État, un président qui ne dirige plus rien après avoir dirigé trop. 

Ça va mal finir.



Demain, élections aux États-Unis. 

Des dizaines de millions de doigts qui se croisent, dont les miens.


Dans "Ton absence  n'est que ténèbres" l'écrivain islandais Jón Kalman Stefánsson a écrit "Dieu ignore les questions dont seul l'homme a les solutions."

Eh bien s'il existe, Dieu a tort.



   Samedi soir à Versailles, au Théâtre Montansier , bourré à craquer, soirée magnifique avec Gaël Faye pour la présentation de Jacaranda, primé cet après-midi par le Renaudot (Voir mon article du 16 septembre)

Tant d'intelligence, de talent et d'humanité. 

Du baume au coeur et de l'espoir tout de même. Un peu .










6 commentaires:

  1. Ne chercher le réconfort que dans les choses minuscules ? Ou pas tant. « Mais parlons d’autre chose… » écrivait Brel dans une très vieille chanson. Fanette je crois. Histoire de garder le sourire tant bien que mal.

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  2. C’est bien la Fanette. Chanson superbe

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  3. Le moindre mal ne doit pas faire oublier qu'on a choisi le mal (H Arendt) ce qui peut expliquer des troubles du sommeil.
    A ma gauche a été élu un homme mit en examens pour plusieurs "délits "ayant des tendances fascistes !
    A ma droite a été élu -brillamment un ancien communiste qui mène une opération spéciale .
    J'ai aussi du mal à dormir.
    PH

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    1. Merci PH. Arendt avait bien dit (et vous écrivez juste). Avant elle, plus cruel peut-être, Bossuet avait écrit "Dieu se rie des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes."

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  4. Entendant hier des conseillés de Trump nous nous sommes dit que la porte d'une dictature est ouverte .comme cela existe déjà en Russie!

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