Il y a peu, je déjeunais
avec deux jeunes chefs d'entreprise.
Ils avaient travaillé brillamment auprès de moi. L'âge faisant, j'étais parti me reposer.
Peu après, ils ont créé leur entreprise, chacun de leur coté. Ils y réussissent tout aussi brillamment. J'étais heureux de les revoir.
Tous deux étaient préoccupés par l'état du pays et la morosité des français.
Davantage, me dit le plus jeune "on les sent au bord de la révolte et pourtant..."
Je terminais sa phrase ".... individuellement ils disent qu'ils sont plutôt heureux. C'est cela ?"
"Oui, monsieur, c'est cela."
"C'est ce que disent les enquêtes." dit son compère et ami, qui ajouta " c'est bien préoccupant"
Alors je leur ai posé cette question:
" Si dans vos entreprises, les salariés ont le sentiment que vous les ignorez, qu'au fond, pour vous, ils ne comptent que comme un élément de votre prospérité, que pensez-vous qu'ils diront si on leur pose collectivement la question du bonheur ?
Eh bien ils diront qu'ils ne se sentent pas bien.
Et si par malheur, votre entreprise venait à connaitre des moments difficiles, Dieu vous en préserve, et que vous leur demandiez des efforts alors ils risqueraient de vous envoyer balader.
Ils auraient tort, mais c'est possiblement ce qu'ils feraient.
Voyez-vous, c'est ce que je crains pour la France."
Depuis quelques temps, une polémique enfle sur les aides accordées par l'État aux entreprises. Cela a commencé avec les auditions d'une commission d'enquête au Sénat et s'accentue aujourd'hui avec le parution d'un livre Le Grand détournement que deux journalistes de L'Obs, Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre consacrent au sujet.
Je venais d'acheter le livre. Sortant du déjeuner, je m'y suis plongé.
Même si l'on ne partage pas toutes les analyses de ces deux auteurs qui ont beaucoup travaillé, c'est mon cas, je veux tout simplement vous exposer quelques données; les chiffres sont tellement hallucinants que les bras m'en sont tombé.
Nos gouvernements successifs et nos administrations successives, celle de Bercy très particulièrement, ne connaissent vraiment ni le nombre de dispositifs, ni le montant des aides accordées aux entreprises. On se dit, effrayés, que ce doit être la même chose pour d'autres dispositifs d'aides au profit d'autres bénéficiaires.
Bonne pâte, vous imaginez que les chiffres ne doivent pas être si considérables. Eh bien asseyez vous.
Après avoir épluché et recoupé les travaux ou rapports de la Cour des comptes, de France Stratégie - l'ancien Commissariat au plan-, de l'Institut des politiques publique, de l'OCDE, notamment, nos deux enquêteurs nous révèlent les chiffres.
Le total des aides sous toutes leurs formes (aides budgétaires, aides fiscales et financières, exonérations de cotisations sociales, régimes fiscaux particuliers, auxquels s'ajoutent les aides des collectivités locales) s'est élevé en 2023 à 271,5 milliards d'euros.
Il existe 2100 dispositifs.
271,5 milliards c'est près de 9,5% du Produit Intérieur Brut.
Et on ne sait pas le mesurer.
En ne sait pas tracer les aides
Et on ne sait pas en contrôler l'emploi.
On est en France, je vous l'assure, et cela fait des lustres que c'est ainsi.
Il ne m'appartient pas de juger de l'opportunité de ces aides, quoi qu'il y a de quoi "causer". Le format de Croque-notes ne le permet pas.
Mais enfin !
Pendant des décennies les gouvernements et la représentation nationale de droite, de gauche et du centre ont empilé les dispositifs, sans sérieusement les réviser, les réévaluer et quand c'était nécessaires les supprimer.
Au moment où l'on débat des retraites, des indemnités de chômage, de l'équité fiscale , du pouvoir d'achat, l'occasion est trop belle pour les populistes. Ils s'en donnent d'ailleurs à coeur joie.
Forcément, les français se disent "ces gens qui nous gouvernent depuis tant de temps ne sont pas sérieux".
Je crains qu'ils n'aient pas complètement tort , hélas.
Comment voulez-vous que dans ces conditions le peuple soit heureux ?
Perdu, désappointé, il se tourne vers ceux qui n'ont pas de solution mais disposent de porte-voix puissants.
C'est ainsi que "Les ultra-politiques sont passé dans les moeurs"
Barbey d'Aurevilly "Une vieille maitresse".
À propos de Charles X quittant la France pour l'Angleterre après avoir abdiqué, Chateaubriand avait écrit dans Mémoires d'outre tombe:
"La monarchie s'en allait, et l'on se mettait à la fenêtre pour la voir passer".
Formons le voeu que dans ces temps cruciaux il y ait assez d'hommes et de femmes qui, ayant enfin le sens de l'État et du bonheur du peuple, sauront se rassembler, faire les compromis nécessaires afin que, bientôt, nous n'ayons pas à voir passer sous nos fenêtres, la démocratie française qui s'en va.
Formons le voeu...
Ne rêves-tu pas d’écrire une chronique où les sourires affleurent? Moi je te lis toujours avec grand intérêt ; toi tu écris la vérité, qui est si sombre.
RépondreSupprimerMaï H-H
C'est facile de dépenser l'argent que l'on a pas gagné à la sueur de son front ! les cadeaux n'augmentent la sueur .
RépondreSupprimerPH