Le Béarnais et le mirliton.
L'homme était parti jeune et courait depuis Pau.
Il était cultivé, et très jeune visait haut.
Ainsi qu'un grand marcheur, au pied d'une montagne,
Rien ne lui faisait peur, il aimait la castagne.
Conseiller général, puis député et maire,
Sous Chirac il entra dans un grand ministère.
L'agrégé qu'il était, fut nommé à Grenelle.
"Matignon n'est pas loin, trois minutes suffisent,
Je suis un bon marcheur et j'ai de bonnes semelles.
Grenelle n'est qu'une étape , il faut qu'ils se le disent."
Regardant vers le haut, il vit moins les obstacles,
Bien que le voulant point, se donna en spectacle.
Ainsi trébucha-t-il sur un très gros caillou,
Célèbre au demeurant qui s'appelait Falloux.
La rue fut pleine de monde qui criait "au vandale !",
Le Béarnais défait, dut retirer sa loi.
Les gens rentrèrent chez eux, ils étaient tout en joie.
Lui était convaincu qu'il n'avait pas fait mal.
Construire un grand destin fait casser quelques oeufs,
Il faut donc poursuivre, pourvu qu'on soit heureux.
C'est donc ce qu'il fit, avec quelque bonheur.
Prit la tête d'un parti, fut élu à Strasbourg,
C'était un bel endroit pour attendre son heure,
Et faire son grand retour.
Voulant être Président, comme on l'a deviné,
Se présenta une fois et fit triste figure.
Moins de sept pour cent, n'est pas de bonne augure.
Pour tout autre que lui, c'eut pu être un linceul.
Il n'était pas fini, c'était un amuse-gueule.
L'homme a de la ressource, comme il est dit plus haut
Ne craint pas les campagnes et se voit en héros.
Il repart à l'assaut quelques cinq ans plus tard
Et ma foi s'en tire bien mais c'est insuffisant.
Sarkozy est élu, il n'est pas président.
Puis vient deux mille dix-sept, il n'est n'est pas encore vieux,
Ne pouvant être roi, il soutient un jeune homme
Prévoyant qu'après lui et avec l'aide de Dieu
Il gagnera enfin, et sera sur l'Album.
Le jeune fait des bêtises et dissout l'Assemblée,
"C'est maintenant mon heure", se dit le Béarnais.
La censure aidant,
Il trépigne, il exige et dit au Président:
"Tu me donnes Matignon sinon je prends le vent."
Et voilà qu'à la fin arrivant rue de Varenne.
Le Béarnais pense déjà à traverser la Seine.
Mais il n'est pas en forme, le temps a bien passé.
En fait, il a vieilli.
Comme tous ses compères il ne peut abdiquer
Il veut tôt la retraite pour tout autre que lui.
Il se perd dans ses fiches, oublie les notes en marge.
Bafouille à l'Assemblée; on en mène pas large.
Un jour, il y a peu, tenant une conférence,
La presse était là, le sujet d'importance,
Entouré de ministres, il ne sait pas quoi dire.
Retailleau, le lui souffle, en gardant son sourire.
Il cherche son verre d'eau, la parole donne soif.
Il ne le trouve pas, il n'y a point de carafe.
Madame Borne lui montre, le verre est devant lui,
Il y boit soulagé, oublie de dire "merci".
Mirliton passant là se prit à réfléchir:
N'y aurait-il pas ici une ou deux choses à dire.
Ne pas se prendre surtout pour le Roi de la fable,
Simplement raisonner en tâchant d'être aimable.
Et ainsi qu'il le dit, se saisit d'une plume,
Ecrivit appliqué quelques mot sur l'enclume:
" Quand, à vouloir le ciel on a tout sacrifié,
Qu'on arrive épuisé au bas de l'escalier,
Tout sage se retourne, avisant son passé
Se dit "Par ma foi, tout bien considéré,
Le parcours est fini.
Il est temps de rentrer, le pouvoir est parti.
Ce n'est point un malheur,
Que d'arrêter à temps et garder son honneur."
J'aime tes fables
RépondreSupprimerMerci Cher anonyme qui doit bien me conn
SupprimerIl est vrai que mardi est un jour pour pleurer
RépondreSupprimerEt sourire à la fois car il faut demeurer.
Maï H-H
Chère Maï, À mirliton.. Mirilitone
SupprimerExcellent Merci beaucoup pour ce beau texte
RépondreSupprimerMerci mille fois,
SupprimerGénial!
RépondreSupprimerCher Anonyme, Merci mais vous êtes trop bon.
SupprimerLe béarnais retira sa loi et ne fit plus rien pour l'E.N .
RépondreSupprimerQuand il a mit la main dans la tirelire du parlement européen il ne fût pas condamné bien qu'ayant été l'instigateur car son assistant n'a travaillé que pour lui.
Merci pour ces vers
PH
Merci PH .C'est ainsi. Sauf erreur le parquet a fait appel
SupprimerQue voilà des vers bien troussés :-) Félicitations !!! PY
RépondreSupprimerMerci Mon Président préféré
SupprimerNB Le procureur de la République a fait appel de la relaxe en 2024 nouveau jugement donc...
RépondreSupprimerSuperbe , ces croques notes méritent d'être diffusés à un plus large public
RépondreSupprimerVous me touchez énormément. Mais comment faire, je ne sais point. Je refuse de publier sur Facebook de peur d'être envahi et surtout d'entrer dans des polémiques de faible niveau.
RépondreSupprimerToujours brillant, en vers, et contre tout... Un dernier espoir cependant pour le béarnais, un voyage à Lourdes en évitant Bettaram ! Jp
RépondreSupprimerCher JP,
SupprimerToujours autant d''esprit. Je crains que la Sainte Vierge ait d'autres soucis.
Un vrai La Fontaine ce Bertrand. Jean du Lot
RépondreSupprimerMon Cher Jean du Lot, Tu es bien bon. Mais hélas, ll y a loin du Maître à l'élève
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