lundi 8 décembre 2025

 


                             La fin d'un honnête homme.



Olivier Marleix a été pendant 13 ans député Les Républicains de la deuxième circonscription d'Eure et Loir, celle de Dreux, la ville où je suis né, où j'ai grandi, où j'ai accompli une part décisive de ma vie d'homme: familiale, professionnelle et publique.

Le 7 juillet dernier, Olivier Marleix a mis fin à sa vie. 

Quelques jours auparavant, il avait adressé à son éditeur, Robert Laffont,  le manuscrit d'un livre à l'écriture vive et au titre fort: "Dissolution française".

Quand il a été élu député en 2012, cela faisait près de 20 ans que ma vie professionnelle m'avait conduit ailleurs; je ne le connaissais pas. Beaucoup de mes proches en revanche oui, qui tous l'estimaient voir l'aimaient, eussent-ils parfois des opinions différentes.

Olivier Marleix avait la triple qualité d'être un passionné de la France, d'ériger la fidélité et l'éthique politique en vertus et d'aimer les gens.

Passionné de la France - ses références au Noeud gordien  de Georges Pompidou sont frappantes- , il avait été révolté par la cession à des multinationales étrangères sous François Hollande de deux fleurons stratégiques de notre outil industriel: la branche énergie d'Alstom à General Electric, et Alcatel à Nokia.

Les dossiers avaient été pilotés par Emmanuel Macron secrétaire-général adjoint de la présidence de la République puis validé par le même Macron, ministre de l'économie puis président. Plus tard, la France serait contrainte de racheter moins agréablement, l'essentiel de ce qu'elle avait vendu.

Dans les deux cas il s'agissait de la souveraineté nationale. Il avait raison.

De même, bien qu'européen convaincu , il était consterné par la passivité de la France face à la place grandissante qu'avait prise Bruxelles et sa "Direction de la concurrence" qui, mettant à répétition son veto à des opérations  de rapprochement intra-européennes, laissait ainsi le champ libre à la concurrence, chinoise notamment.

De même avait-il été révolté par la décision de la France sous François Hollande, une fois encore, de réduire le parc nucléaire  pour des motifs d'alliance électorale, décision sur laquelle 10 ans plus tard, "à la faveur" de la crise énergétique et géopolitique,  nous étions contraints de revenir avec des coûts de remise en ordre et d'entretien délirants.

Pour lui rien n'importait davantage que la souveraineté nationale qui, à rebours des extrêmes qu'il détestait, n'était pas le repli. 

Il raconte de façon passionnante son expérience de président de son groupe parlementaire, ses négociations avec Elisabeth Borne qu'il estimait , et avec d'autres qu'il estimait moins.

Il faut savoir comment cela se passe, à la cuisine. Il l'a fort bien écrit.


Fidèle,

Marleix ne trahissait pas ceux qu'il avait servis. Sa fidélité allait jusqu'à l'aveugle pardon. L'aurais-je connu, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres , je ne suis pas militant LR, aurions nous débattu sans aucun doute. J'en aurais été heureux.

Mais voyez-vous, au hasard:  entre un Balladur qui, au motif de son ambition, tourne le dos à Chirac qui pourtant l'avait placé là, entre un Macron qui, ministre de Hollande -pour lequel je n'ai pas grande admiration pourtant- , élevé par lui, crée dans son dos une machine destinée à le tuer, lui mentant comme un enfant de 10 ans n'oserait pas le faire, eh bien voyez-vous, entre ces deux-là et Olivier Marleix, j'ai choisi. Cela ne m'a pas pris de temps.


Marleix aimait les gens:

Son analyse, je la partage, est que la grave crise politique, sociale et sociétale que nous vivons trouve pour une bonne part sa source dans l'ignorance totale, je dirais crasse, qu'Emmanuel Macron et son cercle ont de la vie des gens. 

Cette ignorance a présidé à sa politique, sa politique à son rejet et son rejet à l'arrivée hélas prochainement fort possible de l'extrême droite.

Lui allait dans les quartiers, dans les campagnes, il recevait les gens et allait les voir, chez eux.

Il raconte notamment ceci:

Pendant la campagne réussie pour sa réélection, il visite un village du Perche et fait du porte-à-porte.

Il sonne à une maison. Un monsieur lui ouvre, ils discutent et le monsieur lui dit:

"Je me lève à 6 heures chaque matin pour aller travailler, et avec mon salaire je n'y arrive pas. Mon voisin est au chômage, il a une plus belle voiture que la mienne. Ça ne peut pas continuer, je voterai RN."

Après avoir tenté d'expliquer à ce monsieur respectable que le RN qu'il détestait  n'est certainement pas la solution à son malheur, Olivier Marleix est allé sonner chez le voisin qui lui dit:

" Je suis au chômage, on ne m'aide pas, je voterai RN" 

Et Olivier Marleix de conclure en substance, "voilà où nous en sommes arrivés !"


Dans Le mythe de Sisyphe" Camus a écrit:

"Un geste comme le suicide se prépare dans le silence du coeur, au même titre qu'une grande oeuvre".

Et il poursuivait:

" Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux: c'est le suicide"


Je ne sais pas, évidemment,  ce qu'il y avait dans le silence du coeur d'Olivier Marleix.  

À le lire j'ai ressenti  toutefois le désespoir. Celui d'un homme engagé, effondré par ce qu'on avait fait du pays auquel il avait voué sa vie.

Ce que je sais, en revanche c'est que la France a perdu un honnête homme.

Ils ne sont pas si nombreux; j'en suis bien triste.

Chers amis Lecteurs, lisez Dissolution française.  







2 commentaires:

  1. Il y a longtemps, paraissait « Eugénie les larmes aux yeux, très beau roman.
    Olivier les larmes aux yeux, car nous avons tant perdu.
    Maï H-H

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  2. Hélas la braderie des fleurons de notre savoir faire ne s'arrête pas là Exaion risque de passer sous contrôle US .
    Est ce pour rembourser nos dettes abyssales ?
    Vous recommandez" Dissolution Française "
    Permettez. de signaler le livre très intéressant de
    T .Breton "Dix renoncements qui ont fait la France"
    PH



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