lundi 16 juin 2025

 



                                     Ah, on a beau dire!


                   Monsieur le Président,

La semaine passée, j'avais la tête ailleurs. Le 9 juin je n'ai pas célébré l'anniversaire de votre extraordinaire décision de dissoudre l'Assemblée nationale. 

A dire vrai mieux ce fut, car j'ai encore la gueule de bois.

Quand j'y pense me revient ce qu'écrivait Adrien Bellanger dans Les derniers jours du parti socialiste à propos de quelqu'un qui aurait pu être vous:

"Son drame et son génie c'est d'aimer tellement les coups de billard à trois bandes qu'il finit par préférer les bandes au coup" 

Depuis lors donc:

- Un premier ministre monsieur Attal gérant les affaires courantes jusqu'en septembre 2024. Trois mois. Pendant ce temps, que s'est-il passé ? Rien. S'agissant des affaires courantes c'est dans l'ordre des choses me direz-vous.

- Lui succéda un autre premier ministre, monsieur Barnier. Homme de convictions, expérimenté et compétent. Un peu trop raide peut-être. Il a tenu trois mois. Pendant ce temps, que s'est-il passé ? Rien.

- Puis vous avez nommé autre premier ministre, peu compétent celui-là malgré la longueur de sa pratique politique et la constance de son ambition. Voilà un homme qui donne à penser que sa préoccupation essentielle est de durer. Il est là depuis six mois. Depuis lors que s'est-il passé ? Rien.

Un an déjà ?

Non, un an seulement

Il en reste encore deux avant la prochaine élection présidentielle. Que va-t-il se passer  d'ici là ? Rien je le crains.

Les cavaliers s'apprêtent à rentrer dans les stalles. Ils échauffent leur monture, évaluent l'intérêt qu'ils auraient à faire sauter le gouvernement. Le reste, de toutes les façons leur importe peu puisque le temps qui vient est un temps court alors que le pays a besoin d'un temps long. En foi de quoi ils "politiçianisent".

Il est possible donc que monsieur Bayrou tienne jusque là, à moins que... 

À moins que quoi ? On ne sait pas. À défaut d'être souhaitable, tout est possible, même le pire, c'est à dire les extrêmes.. 

Il y a urgence pourtant.

Les États-Unis sont gouvernés par une administration folle sous l'autorité d'un mégalomane paranoïaque: 

Après les droits de douane,  Donald Trump a soumis au vote du Congrès un projet de budget délirant le "One Big Beautiful Bill Act" qui va impacter sérieusement l'économie mondiale et celle des pays endettés plus sérieusement encore. 

Si ce projet est voté, on y est presque, le déficit américain atteindra en 2026 près de 8% du PIB et  la dette augmentera de 2.400 milliards de dollars pour atteindre 130% du PIB.

Ce projet comprend au surplus un article 899 appelé "Revenge Tax" qui vise à instaurer une retenue à la source sur les revenus de capitaux des entreprises appartenant à des pays ayant une politique fiscale déloyale. Est déloyale par exemple la décision de la France de taxer les GAFA qui réalisent ici des profits colossaux et organisent la remontée des bénéfices pour ne pas payer d'impôts. 

Pour faire court, la plupart des économistes prévoient que les décisions de Trump plomberont  la conjoncture mondiale. La croissance sera molle pour à peu près tous les pays à commencer par les USA et pour beaucoup le service de la dette augmentera. 

S'agissant de  la France lourdement déficitaire et endettée, le poids de la dette, c'est à dire la charge d'intérêts, dépassera plus largement encore que maintenant les budgets de la défense et de l'éducation. 

Il y a tant à faire cependant, et tant à investir pour l'avenir. Au moins 100 millards d'euros par an, pour couvrir la transition écologique et le réarmement. Ajoutons la santé etc etc.

Et nous perdons notre temps.

Il y a quelques jours j'envoyais à mon vieil ami Luc une photo de la mer prise de la navette qui conduit de Dinard à Saint-Malo. 

Cultivé, facétieux et doté d'une incroyable mémoire il me renvoya cet aphorisme de la grande philosophe Léocadie Fenouillard  qui, regardant la mer s'exclama: 

" Ah, on a beau dire ! L'immensité c'est le commencement de l'infini" .

Voyez-vous Monsieur le Président, j'ai envie d'écrire  ce soir , Léocadie me le pardonnera:

"L'immensité des problème non résolus, c'est le commencement de l'infini des malheurs".


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3 commentaires:

  1. La liste de nos malheurs passés, présents et à venir. Notre vie, désormais ? Car tous n’en mourraient pas mais tous étaient frappés.
    Maï H-H

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  2. En même temps n'est pas donné à tous ;vous en donnez la preuve .
    A moins que ce ne soit pas réaliste?
    A nous d'en payer le prix !
    PH

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  3. De sommet en sommet, notre. président virevolte et semble apprécier. Mis aux commandes du bateau, notre 1er ministre gère les affaires ou, plutôt essaie, et n'arrive a presque rien. Alors, des milliards de déficit et des milliards qu'il faudrait investir, comment fait on ! ? Il ne sait pas trop le bonhomme.
    Alors, il vaudrait mieux s'intéresser, comme je l'avais dit dans un autre commentaire, à l'infini de l'univers qui nous éblouit tant et tant, avec ses milliards de galaxies plutôt que d'espérer un homme nouveau conscient de la nécessité d'un changement immédiat du monde. Jp

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