Les cocus paieront la chambre.
(Suite de: "Le Vicomte et le Ploutocrate")
Voilà maintenant ce que je crains.
Vincent Bolloré est très intelligent, travailleur, compétent et dispose de moyens d'influence considérables:
CNews,
C8
C Star
Europe 1
RFM
Prismedia Group (Capital, Geo, Voici, etc.)
Le Journal Du Dimanche: 120.000 exemplaires vendus chaque semaine en progression de 10%.
À travers Vivendi, il contrôle le groupe Hachette dont les Éditions Fayard, éditeur de Jordan Bardella, et du Vicomte, notamment.
Je laisse de côté Canal+ - filiale directe de Bolloré, et Havas (6ème groupe publicitaire mondial) autre filiale de Vivendi qu'il n'utilise pas pour le service de ses "convictions"; ce ne serait pas son intérêt
Partout, il place ses hommes et ses femmes, tout aussi travailleurs, tout aussi compétents, tout aussi déterminés.
Pascal Praud, Geoffroy Lejeune, Sonia Mabrouk, Laurence Ferrari, et les autres sont d'excellents professionnels qui savent ce qu'ils font et quelle idéologie ils servent.
Europe1 a gagné plus 300.000 auditeurs depuis le début de l'année; imaginez l'effet multiplicateur sur l'électorat.
CNews ne cesse de progresser; elle est devenue la 1ère chaîne d'information continue en France.
Les journalistes et chroniqueurs sont payés pour faire avancer le rouleau compresseur derrière lequel marchent Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Cela n'est pas nouveau; voilà des années que la droite radicale a mis en place sa machine de guerre.
Qu'a-t-on fait en face ? On s'est chamaillé.
Et on se chamaille toujours.
Il y a le feu pourtant.
Rappelez-vous de Gaulle: "je laisse les partis faire leur petite soupe sur leur petit feu, dans leur petit coin"
Le problème est qu'aujourd'hui ce n'est pas de Gaulle qui peut dire cela mais, Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Ils regardent ravis:
- Les Républicains se déchirer entre deux ambitions à moins qu'il ne s'agisse de deux ambitieux : Wauquiez et Retailleau.
- Le "Bloc central" tout pareil, mais ils sont beaucoup plus nombreux à contempler le ciel en espérant l'onction divine.
- Les socialistes, qui essaient d'attirer le chaland dans une course aux amendements qui creusent les déficits et plombent la croissance pourtant molle, tirant ainsi benoîtement les marrons du feu pour les extrêmes.
Les Verts qui... on ne sait plus bien; d'ailleurs a-t-on jamais su si, pour eux, l'important était leurs alliances, fut-ce avec Mélenchon, ou la cause essentielle qu'ils prétendent défendre. Soyons bon prince, ils viennent de décider de participer à une primaire de la gauche unie, qui d'ailleurs ne le sera pas.
Laissons de côté LFI et son ineffable leader. Hors course me semble-t-il grâce à Dieu; un extrême de moins. Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes.
Voyez-vous, ce spectacle terrifiant me fait penser au film "Prova d'Orchestra" (Répétition d'orchestre) de Fellini (1979).
Dans un oratoire, un orchestre s'installe pour répéter une oeuvre contemporaine, sous la direction d'un chef jupitérien et colérique.
La télévision est là.
Les musiciens se rebellent, contre l'autorité du chef, un délégué syndical prend la main.
Le chef sort.
Chaque musicien, grisé par la présence de la caméra se goberge, adapte son attitude et augmente l'importance de son instrument en lui donnant une place aussi particulière qu'imméritée dans la relation entre les pupitres .
Le chef revient. Il est interviewé à son tour et dit de son orchestre qu'il est devenu un regroupement d'individus dont les seuls mobiles sont l'ambition et la haine.
L'oeuvre qu'ils sont là pour défendre n'est plus qu'un prétexte.
Soudain, une boule noire abat un des murs de la salle de répétition.
Foutoir indescriptible, chaos.
Puis les répétitions reprennent sous l'autorité rétablie d'un chef qui, oubliant l'italien, s'exprime en allemand.
Triste métaphore, pour moi, d'une démocratie dévoyée, qui me fait penser à celle que nous vivons.
Les aiguilles de l'horloge tournent pourtant, qui nous rapprochent de l'arrivée du Rassemblement National au pouvoir malgré un programme économique délirant.
Le plafond de verre est brisé: le RN, augmenté du parti d'Éric Ciotti, de celui d' Éric Zemmour, et de la part des Républicains qui risque de basculer représente 40% des voix.
Le "front républicain" est mort; les français savent bien qu'il ne correspond à rien d'autre qu'à une alliance défensive d'adversaires qui se détestent et sont incapables de construire ensemble.
Oh je sais bien!
Il en est qui se disent "Laissons les arriver au pouvoir; leur programme économique est tellement délirant qu'ils ne tiendront pas deux ans"
C'est exactement ce que Jacques Chirac avait pensé en 1981.
Il ne faut pas jouer à la roulette belge -pardonnez-moi, amis d'outre -Quiévrain- surtout quand il s'agit de ne pas confier son destin aux partis extrêmes.
Tous ceux qui ayant un petit vélo dans la tête mesurent leur avenir sur l'étalon de leurs rêves ambitieux me font penser à ce qu'avait écrit Jean-Baptiste de Froment dans "La bonne nouvelle". Ils appartiennent "à la catégorie des cocus qui paient la chambre".
En réalité non; c'est nous qui la paieront. Bien davantage.
Encore une fois me voilà sans voix à la lecture de ce tableau si sombre. Où est l’espoir ? Car oui, j’ai beau chercher…
RépondreSupprimerMaï H-H