« Il manquerait des moyens »
Olivia Dufour a publié sur actu-juridique.fr un article intitulé Le procès de la honte . Il s'agit du déroulement du procès dit "Bastia - Poretta" . Cet article brillant, fait écho à la chronique de Pascale Robert-Diard, sur ce même procès qui se tient sans les principaux accusés et sans leurs avocats. Il s'agit d'un procès aux assises, pour meurtres, il se déroule à la cour d'assises d'Aix-en Provence. Cette affaire a été très bien traitée dans un bon film: Borgo.
Il ne m'appartient pas d'ajouter ici aux articles remarquables que je viens de citer - je n'en ai évidemment pas la qualité- mais de relever, la conclusion d'Olivia Dufour qui évoque au détriment des justiciables " une justice doublement dégradée par le manque de moyens d'une part qui engendre des délais et mauvais traitements et par les tensions entre ceux qui les jugent et ceux qui les défendent."
Le budget de la justice pour 2024 s'élève à 10 milliards en progression de 5%. Depuis 2017 il a augmenté de 45% .
Et cela ne fonctionne pas. Il est vrai qu'on part de loin; le budget de la justice ne représente que 2,4% des dépenses de l'Etat, c'est peu dans un état de droit. Olivia Dufour a raison, la justice manque de moyens.
Mais:
Celui de l'Education nationale pèse 64 milliards, en augmentation de 6,5% sur celui de 2023 et de 29% depuis 2017. Il emploie 1.203.000 personnes. Est-ce "gérable" ?
Et cela ne fonctionne pas; elle manquerait de moyens.
Le secteur de la santé est sous tension. La loi de financement de la sécurité sociale fixe les dépenses pour 2024 à 640 milliards dont 255 pour l'assurance maladie.
Il manquerait de moyens.
Dans la vie réelle, un chef d'entreprise qui voit ses charges augmenter, sa croissance marquer le pas, et le déficit passer le bout de son nez à la porte se pose la question suivante: "qu'est-ce qui dans mon organisation ne fonctionne pas". Il mobilise ses troupes et revisite l'entreprise, toute l'entreprise. Il n'a pas le choix.
Une fois le diagnostic posé, il travaille avec ses équipes et corrige.
Il faut quelque fois remettre en cause des privilèges, modifier les horaires, changer les modes de rémunération en favorisant ce que les japonais appelaient les "cercles de coeur", c'est à dire la participation de tous à l'amélioration de la performance de l'entreprise avec comme contrepartie une participation aux fruits des améliorations obtenues.
A titre d'exemple les policiers, les personnels de santé, accumulent les heures supplémentaires pas toujours payées à temps ou récupérées faute de pouvoir être payées. Chacun sait que les 35 heures ont contribué à l'état actuel des hôpitaux et personne n'a le courage pour les uns ou n'accepte pour les autres de mettre le sujet sur la table.
Je ne veux pas participer à la mode du "french-bashing" , mais il serait peut-être temps de s'attaquer aux cause de notre mal français qui est d'accroître toujours les dépenses sans trop revisiter la façon dont elles sont faites.
Peut-être serait-il temps, aussi, d'attacher une importance autre que politique à la nomination des ministres et à leur donner le temps nécessaire de travailler.
Depuis 2022:
Ministère de la santé: 5 ministres
Ministère de l'éducation: 4 ministres
Ministères du Logement: 4 ministres
Ministère de l'écologie: 3 ministres
Ministère de la culture 2 ministres.
On va s'arrêter là.
Un chef d'entreprise qui changerait ainsi ses directeurs ferait le bonheur de ses concurrents et finalement prendrait le chemin du tribunal de commerce.
Mais il y a une différence malheureuse entre l'entreprise et l'État.
L'entreprise a des clients.
L'État a des assujettis.
Lors de sa conférence de presse du 16 janvier, à la question d'un journaliste sur le changement rapide d'un ministre, Emmanuel Macron avait renvoyé le questionneur d'un revers de main en disant " Ça c'est la politique"
Étonnons-nous, après.
XXXX
J'ai écouté le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella.
A titre liminaire ce débat qui exclut le reste de l'opposition n'était pas équitable.
Le premier ministre a tenu le choc, mieux même; ce n'était pas écrit.
Ceci posé, ce débat servira-t-il à autre chose qu'à nommer une fois encore, le Rassemblement National comme le seul interlocuteur que le pouvoir considère?
J'en doute.
C'est bien triste.
XXXX
Histoire du Mec (suite de mon article du 2 avril)
Il n'a pas de chance le mec.
Ses créanciers n'ont pas aimé du tout, mais alors pas du tout, qu'il leur dise "j'paierai si j'voudrai".
Ils se sont donc rassemblés et ont fait bloc.
De sorte que si le mec, monsieur Drahi, ne remplit pas ses obligations vis à vis d'eux qui sont benoitement de leur rembourser ce qu'il leur a emprunté, ils se réservent d'appliquer le dispositif nouvellement introduit en France dit "d'application forcée interclasse", utilisé pour la première fois dans le dossier ORPEA.
Ce dispositif permet d'évincer le ou les actionnaires en cas de non- paiement de la dette.
A bras d'honneur, bras d'honneur et demie.
Il faut une morale tout de même.
Le désarroi: ce que les Français ont en commun. Ce mot choisi parce qu'il s'y mêle une infinie tristesse.
RépondreSupprimerMaï H-H
À toi d’être l’éminence grise. Cela serait si souhaitable.
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